Action urgente de COFADEH en faveur de Pedro Canales

Nous, Comité des Familles de Détenus et Disparus du Honduras (COFADEH), nous adressons urgemment aux communautés nationale et internationale afin de transmettre cette information sur la situation critique que vit actuellement le défenseur des droits humains Pedro Canales Torres, président de l’Association pour le Développement de la Péninsule de Zacate Grande (ADEPZA) :
PEDRO CANALES TORRES a été victime de menaces et de harcèlement de façon répétée, sous différentes formes :

Au mois d’avril 2012, un appel anonyme lui demandait d’un ton autoritaire de s’asseoir pour dialoguer et négocier avec les représentants de Miguel Facussé1, en relation avec des terrains situés sur les sites de el Curil, Playa Julián, Playas los Hornos, et el Mudo , appartenant à plusieurs communautés dont celle de la Flor2. L’interlocuteur lui a explicité que c’était la marche à suivre afin d’éviter des dommages qui pourraient l’affecter ainsi que les habitants des communautés.

Le 5 mai 2012, il a reçu un autre appel sur son téléphone portable, exprimant les propos suivants : « tout le monde est d’accord sauf toi, et tu vas te faire baiser ».
De la même façon, il a été victime de plusieurs attentats et sabotages sur sa voiture, au cours des mois d’août, de septembre et d’octobre 2012. Ces actes se sont traduits par des clous plantés dans ses pneus, le bouchon du réservoir d’huile retiré, du fil de barbelé enroulé autour de son levier de vitesse, et allant jusqu’à du sucre versé dans son réservoir d’essence. Le mécanicien chargé de démonter le réservoir y a trouvé une quantité équivalente à 450g de sucre, ce qui a causé des dommages au radiateur de la voiture.

Le 29 janvier 2013, un garde de sécurité de Miguel Facussé a dit à Pedro que sa famille allait bientôt pleurer des larmes de sang, et qu’il paierait également le fait que les policiers lui aient confisqué son pistolet [le pistolet du garde]. Ceci fait référence à un incident survenu lors de l’audience initiale à charge contre deux habitants de la même communauté que Pedro Canales, et auxquels ce dernier avait apporté son soutien. Au cours de l’audience, ce garde a envoyé deux jeunes individus munis d’armes au Tribunal, qui leur ont été retirées par des policiers, suite à la plainte déposée auprès d’eux, dans laquelle Pedro est identifié comme l’auteur de cette plainte.

En date du 22 février 2013, Pedro a participé à une assemblée afin d’apporter son soutien dans un conflit terrien qui oppose la communauté de los Huatales au propriétaire terrien Carlos Aviles.
Carlos Aviles, qui revendique la propriété de ces terrains et était présent ce jour-là lors de l’assemblée, a engagé des représailles suite à cela contre Pedro et contre ADEPZA.

Contexte  :

Les menaces de mort et l’intimidation à l’encontre de Pedro Canales sont directement reliées à son travail de défense des droits humains des communautés qui forment la péninsule de Zacate Grande. Ses habitants et les communiquants de la Voz de Zacate Grande3 ont été continuellement mis en péril et doivent faire face à une criminalisation dans le cadre de l’exercice de leurs droits.
Le 5 décembre 2012, nous avons déposé une plainte auprès du Procureur Spécial chargé des Droits de l’Homme, faisant état des menaces et du harcèlement contre les communiquants de la radio et les membres du campamento4 de droits humains.
Nous en appelons aux communautés nationale et internationale afin qu’elles exigent que l’État hondurien :

  • initie une investigation indépendante, exhaustive et impartiale sur les menaces proférées à l’encontre de Pedro Canales, sa famille et les membres de ADEPZA ; que ses résultats soient publiés et que les responsables comparaissent devant la justice.
  • demande instamment aux autorités de prendre des mesures afin d’apporter une protection efficace à Pedro Canales, sa famille et aux membres de ADEPZA, conformément à leur souhait ; afin de mettre en oeuvre efficacement les mesures préventives octroyées par la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme aux membres de la Voz de Zacate Grande.
  • qu’elles rappellent aux autorités honduriennes qu’il est de son devoir de garantir aux défenseur-e-s des droits humains un cadre permettant la réalisation de leurs activités, sans restrictions injustes et sans peur des représailles, conformément à la Déclaration de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’Homme, et des résolutions de l’OEA5.

Notes :
1 Homme d’affaires honduriens et l’un des plus grands propriétaires terriens du pays.
2 Communauté dans laquelle réside Pedro Canales.
3 La Voix de Zacate Grande est la radio communautaire locale.
4 Le campamento est le lieu où résident des observateurs internationaux des droits de l’homme, situé au sein de la
communauté.
5 Organisation des États Américains.

Faites parvenir vos demandes auprès des personnes suivantes :

Jorge Alberto Rivera Avilés
Président de la Cour Suprême de Justice
Tel (504) 2269-3000 2269-3069
Mail : [email protected]

Luis Alberto Rubí
Procureur Général de la République
Fax (504) 2221-5667
Tel (504) 2221-5670 2221-3099
Mail : [email protected]
[email protected]

Abog. Ana Pineda
Secrétaire d’État en charge de la Justice et des Droits Humains
Col. Lomas del Mayab, Ave. República de Costa Rica, N. 1008 ; diagonal BAHCAFE, antiguo local de CARE Internacional.
Tels : (504) 2235-5123, 2235-5124
Tegucigalpa, Honduras. C.A.
Site web www.sjdh.gob.hn
E-mail : [email protected] o [email protected]

Et faites parvenir une copie à :
Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras (COFADEH)
Barrio La Plazuela, Avenida Cervantes, Casa No. 1301
Apartado Postal 1243