Amazonie Équatorienne : entre extractivisme, innovations et résistances.

Telle était la thématique de la soirée au cours de laquelle Lucia, notre Service civique envoyé par FAL Marseille auprès de la fondation équatorienne Pachamama, a expliqué en quoi consiste le modèle de développement basé sur le « Bien Vivre », prôné par les populations indigènes d’Équateur. Elle est également revenue sur les avancées permises par la nouvelle Constitution équatorienne : respect des droits humains, reconnaissance des droits de la Terre- Mère et de la Nature, auto-détermination des peuples originaires de l’Amazonie, défense de leurs territoires et leurs cultures. Mais elle a montré aussi que, en Équateur comme dans les autres pays dirigés en Amérique du Sud par des gouvernements progressistes, malgré des progrès indéniables, les contradictions restent importantes. Certes, en Équateur, Venezuela et Bolivie, les nouveaux modèles politiques et économiques remettent en cause la toute puissance du marché. Les ressources pétrolières et minières ont été re-nationalisées et les bénéfices sont utilisés dans des programmes de développement, d’éducation et de santé pour les populations.

Mais la nécessité de trouver des ressources financières fait qu’on assiste actuellement dans ces pays à un regain d’extractivisme et qu’un modèle de développement alternatif à l’exploitation des énergies fossiles n’est pas encore à l’ordre du jour. Le cas de l’Amazonie équatorienne est particulièrement représentatif des enjeux économiques et politiques qui se jouent dans une région convoitée pour ses ressources naturelles et de la vigueur des résistances menées par les organisations indigènes et rurales pour protéger non seulement la nature mais aussi leur territoire, leur culture et leur mode de vie.

Lucía a illustré les luttes contre l’exploitation du pétrole en Amazonie équatorienne en évoquant plusieurs cas :

  • la victoire historique des populations du nord de l’Amazonie équatorienne contre la compagnie étasunienne Chevron Texaco, reconnue coupable de la pollution causée pendant les 26 ans au cours desquels elle a opéré dans la région et condamnée en 2011 à verser 9.5 milliards de dollars en compensation aux communautés affectées.
  • l’initiative Yasuní-ITT par laquelle le gouvernement de la Révolution Citoyenne de Rafael Correa propose de laisser le pétrole sous terre, dans cette exceptionnelle réserve naturelle du Nord-est.
  • le projet actuel d’appel d’offres qui risque de livrer aux multinationales pétrolières 22 blocs pétroliers situés sur les territoires ancestraux de sept nationalités indigènes, dans une région du sud-est du pays, encore libre d’activité extractive.
  • l’exemplaire résistance du peuple Sarayaku contre la concession d’un gisement de pétrole accordée en 1996 par l’état équatorien à la compagnie pétrolière argentine CGC (Companía general de combustibles) et contre l’activité pétrolière sur son territoire.
    Les luttes des peuples amazoniens d’Équateur contre la dégradation environnementale et sociale dont ils sont les victimes directes à cause de l’exploitation effrénée des richesses de leurs territoires, sont particulièrement bien exposées dans le documentaire projeté au cours de la soirée. En effet, le court métrage, Les descendants du jaguar, produit par Amnesty International et réalisé en 2012 par Eriberto Gualinga Montalvo, montre le processus de la plainte déposée par le peuple indigène de Sarayaku à la Cour interaméricaine des droits de l’homme après l’octroi inconstitutionnel du bloc 23 pour exploitation pétrolière sous le gouvernement du président Lucio Gutierrez. Il s’agit là du 4ème film de ce jeune vidéaste kichwa d’Equateur, dirigeant de communication sarayaku et membre d’une famille de liders communautaires, qui a choisi de mettre sa caméra au service de l’opposition pacifique de son peuple contre la destruction de la forêt par les compagnies pétrolières internationales.

Pour vous informer sur le peuple Sarayaku et soutenir ses luttes : http://www.frontieredevie.net/

Pour voir le documentaire “Los descendientes del jaguar”: http://www.youtube.com/watch?v=w574CMy86wc

Cathy Ferré (FAL Marseille/ Bureau National de FAL)