Au Brésil, le virus Zika relance le débat sur l’avortement

Le Brésil est le pays d’Amérique latine le plus touché par l’épidémie de Zika. Le virus peut causer une microcéphalie du fœtus, une diminution du périmètre crânien. Face à ce risque, un groupe de chercheurs, avocats et activistes brésiliens a déposé un recours devant la Cour suprême pour que l’avortement soit autorisé en cas de microcéphalie.

Une femme enceinte atteinte par le virus Zika, le 25 janvier 2016 dans un hôpital colombien. AFP PHOTO/Schneyder Mendoza
Une femme enceinte atteinte par le virus Zika, le 25 janvier 2016 dans un hôpital colombien. AFP PHOTO/Schneyder Mendoza

C’est un débat de société qui vient s’immiscer dans une affaire de santé publique. Le virus Zika, qui se propage selon l’OMS de manière « explosive » en Amérique du Sud, peut causer une microcéphalie du fœtus, une diminution du périmètre crânien.

Ce risque pour les femmes enceintes pousse un groupe de chercheurs, avocats et activistes brésiliens à déposer un recours devant la Cour suprême du Brésil, afin que l’avortement soit autorisé dans ce cas particulier. Comme dans d’autres Etats d’Amérique latine, l’avortement est interdit et l’idée provoque un vif débat.

3 400 cas de malformations néonatales sont en cours d’examen au Brésil, l’un des pays les plus touchés par le virus Zika. Faut-il pour autant avorter si une malformation est détectée ? Pas si sûr, estime Saul Cypel, président du département de neurologie de la société de pédiatrie de Sao Paulo.

« Je trouve très délicat de parler d’avortement. Il faut prendre en compte plusieurs questions éthiques. L’enfant va peut-être naître avec des lésions importantes au cerveau qui vont compromettre sérieusement ses fonctions biologiques, mais à l’inverse, un enfant qui naît avec une microcéphalie pourra se développer, marcher, parler, mais avoir un handicap mental. On ne peut pas assurer que cette microcéphalie condamne l’enfant à une vie végétative », argue-t-il.

Une loi dépassée

La loi sur l’avortement est inadaptée, estime pour sa part Debora Diniz, professeure de l’université de Brasilia et représentante du groupe qui va déposer un recours devant la Cour suprême.

« Le code pénal de 1940 a deux points qui permettent l’avortement : il considère l’avortement comme un crime, mais la femme peut éviter la prison si elle risque la mort ou si elle a été violée. Pourquoi une loi de 1940 doit-elle être valable pour des cas qui se présentent un siècle plus tard après une épidémie inattendue ? Ce pays n’arrive pas à affronter une discussion sérieuse sur les droits de procréation », considère-t-elle.

En moins de dix mois, plus d’un million et demi de Brésiliens ont contracté le virus Zika. L’OMS doit se réunir lundi 1er février et décider si elle décrète l’état d’urgence sanitaire.

 

Source :

RFI,

31 janvier 2016