Brésil : vers un duel entre gauche et extrême-droite à la présidentielle ? (Erika Campelo, Glauber Sezerino/BastaMag)

Le candidat de gauche Fernando Haddad et sa colistière Manuela D’avila pourraient affronter celui de l’extrême-droite, Jair Bolsonaro, au second tour de l’élection présidentielle brésilienne, selon le scénario le plus probable. Un duel inédit au Brésil, alors que le candidat néolibéral, soutenu par une partie du secteur financier, tente de rattraper son retard avant le premier tour qui se déroule le 7 octobre. Décryptage.

Le 7 octobre, les 150 millions d’électeurs brésiliens choisiront leur nouveau président de la République, les gouverneurs des 27 États (le pays est une république fédérale), les 510 députés et 81 sénateurs du Parlement. Le Brésil, traversé par une crise profonde, connaît les élections présidentielles les plus tourmentées depuis la fin de la dictature militaire en 1985. Début septembre, personne ne pouvait prévoir qui serait qualifié pour le second tour. L’ancien président Lula était favori avec 39 % des intentions de votes, malgré sa condamnation controversée à douze ans de prison. Bien que soutenu par des mouvements sociaux et par tous les partis de gauche et de centre gauche, Lula n’a pu déposer sa candidature après la confirmation par le Tribunal supérieur électoral de son interdiction à se présenter. Sa formation, le Parti des travailleurs (PT, gauche) a dévoilé au dernier moment, le 11 septembre, à peine un mois avant le scrutin, le candidat destiné à le remplacer : Fernando Haddad, professeur de sciences politiques, ancien maire de São Paulo et ancien ministre de l’Éducation de Lula. Mi-septembre, Haddad, encore peu connu, n’était crédité que de 5% des intentions de vote. Dix jours avant le scrutin, il est remonté à 22% dans les sondages. Preuve que la popularité de Lula continue de mobiliser, principalement dans les régions du Nord et Nord-est où vivent les populations parmi les plus déshéritées du pays.

Une vice-présidente féministe et communiste

En tant que ministre, Fernando Haddad a été le maître d’œuvre de la démocratisation de l’accès aux universités, grâce à l’attribution massive de bourses aux étudiants. Ce début d’ouverture a permis aux enfants des classes moyennes inférieures et, dans une moindre mesure, à ceux des classes très pauvres, d’entamer des études supérieures auparavant largement réservées aux classes aisées. Son programme n’est pas très différent de celui présenté par Lula, avant sa condamnation. Il propose notamment une réforme fiscale et bancaire ainsi qu’un plan de renégociation de la dette individuelle.

Au Brésil, où les inégalités demeurent exacerbées, les riches ne payent que très peu d’impôts. Les taux d’intérêts bancaires y sont également très élevés, aggravant l’endettement des ménages : le taux d’intérêt moyen des crédits aux particuliers y avoisine les… 57,7 % l’an ! Le candidat du PT a choisi comme vice-Présidente Manuela D’avila. Militante féministe, l’ancienne députée communiste de 37 ans défend en particulier le droit à l’interruption volontaire de grossesse, sujet éminemment polémique dans un pays où les mouvements ultra-conservateurs et religieux sont très présents…

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