Communiqué du Collectif Guatemala : Crise politique au Guatemala

Le 26 septembre 2018

Le Collectif Guatemala souhaite exprimer sa préoccupation face à la crise politique et institutionnelle que traverse le Guatemala depuis le 31 août 2018, notamment concernant le respect des droits humains et de l’Etat de droit dans le pays.

Nous dénonçons la remise en question de la séparation des pouvoirs de la part du gouvernement et manifestons notre plus grande inquiétude après l’assassinat de la défenseure des droits humains Juana Ramírez Santiago le 22 septembre dernier. En 2018, 21 défenseur.e.s ont déjà été assassiné.e.s pour leur engagement en faveur des droits humains au Guatemala. Nous demandons donc à la justice guatémaltèque d’ouvrir une enquête afin de lutter contre l’impunité qui caractérise les assassinats de défenseur.e.s.

Concernant la crise politique, nous condamnons la décision unilatérale du Président Jimmy Morales de ne pas renouveler le mandat de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) en 2019 et de refuser le retour du commissaire que la dirige, Iván Velásquez, sur le territoire national alors même que la Cour constitutionnelle le lui a explicitement demandé. Nous considérons que cette décision, prise au moment où la CICIG demande la levée de l’immunité du Président pour enquêter sur le financement de sa campagne électorale, est une entrave à la lutte contre la corruption et l’impunité au Guatemala. En contestant l’indépendance du système judiciaire, Jimmy Morales et son gouvernement outrepassent leurs pouvoirs et remettent en question l’Etat de Droit.

Nous considérons que ces attaques visent à entraver le travail du Ministère public guatémaltèque, soutenu par la CICIG, pour démanteler les structures criminelles infiltrées au cœur des hautes sphères du pouvoir guatémaltèque.

Nous soulignons de plus notre inquiétude concernant la présence renforcée de forces armées sur l’ensemble du territoire depuis le 31 août et considérons qu’elle vise à instaurer un climat de terreur et à décourager les Guatémaltèques de manifester leur mécontentement face aux décisions du gouvernement.

Nous restons vigilant.e.s à ce que le respect des droits humains et le respect de l’Etat de droit soient les piliers du processus de résolution de la crise que traverse le pays. Nous rappelons que l’Etat guatémaltèque, par ses obligations internationales, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les défenseur.e.s des droits humains. Nous demandons au gouvernement guatémaltèque de respecter l’indépendance de la CICIG, la séparation des pouvoirs ainsi que l’accomplissement des Accords de Paix.

Nous demandons de plus à la communauté internationale et au gouvernement français de veiller au respect des droits humains dans le pays ainsi que de réexaminer les investissements économiques existants au Guatemala et de considérer la possibilité de les suspendre tant que l’Etat de droit ne sera pas respecté.

Le Collectif Guatemala reste mobilisé et attentif concernant l’évolution de la situation et continue ses activités d’observation et d’accompagnement international pour soutenir la défense des droits humains au Guatemala.