Argentine: décès d’Elsa Massa, l’une des Mères de la Place de Mai (Jean-Jérôme Destouches/TV5 Monde)

Elsa Massa est décédée ce 21 juin 2018. Elle était l’une des figures des Mères de la Place Mai, coiffées du célèbre foulard blanc, qui continuent de tourner devant le siège du gouvernement, afin que les responsables soient condamnés. Nous l’avions rencontrée à Rosario (ville de la Province de Santa Fe) alors que l’Argentine célébrait le 30ème anniversaire de la fin de la dictature militaire, marquée par ces 30000 disparus que le régime de Videla laissa derrière lui. C’était en 2013…

Elsa Massa et son foulard blanc mai 2017

Ce foulard blanc, elle n’aurait jamais voulu devoir le porter. Mais pourtant cela fait des années, qu’Elsa Massa le noue autour de sa tête pour protester contre la disparition de son fils en 1977. Un enlèvement qui est survenu dans la ville de Rosario, en pleine dictature militaire (1976-1983). Encore aujourd’hui, elle se prend de temps à autre à penser qu’il est toujours en vie.  Elle rêve qu’un jour, elle décrochera le téléphone dans sa vieille maison et que son fils Ricardo lui dira: « Maman je suis en Europe. Je suis vivant. Ne t’inquiète pas. » Mais en vain.

Elsa Massa, âgée de 89 ans, sait parfaitement que cet exil à l’étranger qu´elle a tant souhaité n’a pas eu lieu. La Ford Falcon conduite par des militaires en civil est passée juste avant. C’est le 26 août 1977, que son fils Ricardo Massa, jeune médecin de 30 ans  a disparu en plein cœur de Rosario. À ce jour, personne n’a pu donner le moindre témoignage sur son enlèvement. Selon sa mère, Ricardo était un fervent militant péroniste (…) qui avait de l’influence dans son entourage et de l’ambition. Une sensibilité politique, qui à cette époque de phobie du communisme poussée à son paroxysme par les États-Unis, en pleine période de guerre froide, était considérée comme un acte terroriste contre la société établie. Ricardo est un desaparecido (disparu) car comme beaucoup d’autres jeunes de son époque il voyait le mouvement péroniste comme une source de changement pour une société plus juste et humaine. Mais malheureusement, il y avait des personnes qui pensaient différemment et il a été enlevé sans laisser de trace “, rappelle sa mère Elsa Massa, assise dans la grande salle du Musée de la Mémoire de Rosario (…)

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