Féminismes : ces mouvements qui déstabilisent l’ordre établi en Amérique Latine… et ailleurs (Caroline Weill/Ritimo)

Ce mois-ci, la revue de notre association a mis à l’honneur les luttes féministes latino-américaines.

Pour continuer à vous informer sur ce sujet, nous vous proposons cette analyse très récente concernant la vague féministe qui traverse la région… 

Depuis plusieurs années, les mouvements féministes font beaucoup parler d’eux en Amérique Latine et dans le monde hispanophone. Dans un contexte de virage à droite dans tout le sous-continent, c’est l’un des mouvements sociaux qui continue à marquer le tempo de la vie sociale et politique, avec notamment ceux des mouvements autochtones-environnementaux. Capables de mobiliser des centaines de milliers de personnes sur des sujets divers, les féministes font aujourd’hui la une dans différents pays de par leurs méthodes de luttes et des avancées spectaculaires.

Un contexte de plusieurs années de débordements populaires en faveur des droits des femmes

Il faut d’abord rappeler que depuis quelques années, les femmes organisées font bouger les lignes, et ce, de façon transversale et transnationale. Le mouvement Ni Una Menos (« Ni Une de Moins ») est le plus représentatif : né en 2015 en Argentine avec le meurtre de Chiara Pérez (14 ans, enceinte, assassinée par son conjoint), les femmes envahissent les rues le 3 juin 2015 contre la violence faite aux femmes et les féminicides : « Le féminicide est la forme la plus extrême de cette violence, elle est transversale à toutes les classes sociales, toutes les croyances et toutes les idéologies : mais le mot « féminicide », de plus, est une catégorie politique, ce mot dénonce la façon par laquelle la société rend normal ce qui ne l’est pas : la violence sexiste. Et la violence sexiste est une question de Droit Humain » Ce slogan, Ni Una Menos, – originaire du Mexique avec la poétesse Susana Chávez – est repris ensuite au Pérou, après la tentative de féminicide contre Arlette Contreras, qui a créé l’indignation sur les réseaux sociaux : des centaines de milliers de péruviennes descendent dans les rues (un demi-million à Lima) le 13 août 2016. On retrouve également le mouvement Ni Una Menos au Chili (avec plus de 80 000 femmes) et au Mexique en octobre 2016, après l’assassinat de la jeune argentine Lucía Pérez, violée et torturée par six hommes.

Point commun de toutes ces mobilisations massives : un cas particulièrement impactant de violence ou de meurtre de femmes qui, rapidement médiatisé ou rendu viral sur Internet, provoque une indignation généralisée. Mais c’est bien l’accumulation des scènes d’horreur qui fait passer à l’action collective, et les organisations féministes ne font que canaliser ce qui est en réalité un débordement populaire à proprement parler. De façon tout aussi massive, les rencontres internationales de femmes et féministes s’accumulent et prennent de l’ampleur, comme à Rosario (Argentine) en 2016 où 70 000 femmes manifestent ; ou encore la Rencontre des Femmes en Lutte dans les communautés Zapatistes où des milliers de femmes de tout le continent se sont retrouvées pour partager leurs expériences de lutte.

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