Ce n’est pas une nouvelle annoncée tambour battant par le gouvernement de Michel Temer, mais plutôt un discours prudent distillé par Paulo Pedrosa, le numéro deux du ministère brésilien des Mines et de l’Énergie, dans les colonnes d’O Globo.

En somme, ce discours ministériel indique que “l’ère des grands ouvrages hydroélectriques touche à sa fin”, titre le quotidien de Rio de Janeiro. À la fois pour des raisons d’impopularité grandissante de ces barrages et pour des impératifs économiques.

Les ressources hydriques, qui fournissent au pays 70 % de son électricité, se situent principalement dans la région amazonienne du nord du Brésil, où les grands projets de barrages hydroélectriques menés par le gouvernement ont rencontré de fortes résistances locales et internationales. L’exemple le plus médiatisé est celui du barrage de Belo Monte, dans l’État du Pará, inauguré en 2016 par la présidente de l’époque, Dilma Rousseff.

La mobilisation des organisations environnementales et des communautés indiennes contre le projet a néanmoins freiné l’extension du barrage, actuellement bloquée par une décision de justice. Les dégâts écologiques provoqués par ces projets géants ainsi que le déplacement des populations indigènes et le préjudice porté à leur mode de vie qu’ils occasionnent semblent désormais assez intolérables aux yeux de l’opinion publique pour faire réfléchir le gouvernement brésilien.

C’est ainsi que M. Pedrosa déclare à O Globo :

Nous n’avons pas de préjugés contre les grands projets [hydroélectriques]mais nous devons respecter l’avis de la société, qui est très réservé à leur égard.”

En 2017, le gouvernement avait déjà annoncé qu’il cesserait de se battre pour mener à bien un nouveau barrage sur le fleuve Tapajós, dans le même État du Pará, un projet suspendu en 2016 par une décision de l’agence brésilienne pour l’environnement, Ibama.

Des mégaprojets trop coûteux

Le surcoût considérable des mégabarrages, assumé jusqu’à présent par les deniers publics, et la privatisation – imminente – de l’opérateur de ces grands travaux, Eletrobras, pèsent néanmoins autant que la mobilisation citoyenne dans la décision du gouvernement de freiner cette politique et de se tourner davantage vers les énergies éolienne et solaire, explique O Globo.

“Je ne pense pas que l’on revoie de sitôt de grands investissements publics dans des barrages hydroélectriques, confie un universitaire expert du dossier énergétique à O GloboIl y aurait trop de problèmes financiers, sans compter les aspects environnementaux et de respect des populations indigènes. Autant de barrières qui n’existaient pas autrefois.”

Source : Traduit par Courrier international

O GLOBO

Rio de Janeiro