Lettre d’alerte de FAL aux autorités françaises face aux crises politiques et des droits humains dans les pays partenaires du Brésil et du Mexique

    1. Paris, le 30 mai 2017
  1. le Président de la République, Emmanuel Macron,
    M. le Premier ministre, Edouard Philippe,
  2. le Ministre des Affaires Étrangères, Jea­n-Yves Le Drian,

Mesdames et Messieurs les représentants diplomatiques des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes en France,

À l’occasion de la 4ème semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes qui se déroule du 27 mai au 9 juin, France Amérique Latine (FAL), organisation fondée il y a 47 ans dans le but de renforcer la solidarité entre les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes et le peuple français, s’adresse à vous pour vous interpeller sur la crise que traversent le Mexique et le Brésil, deux pays avec lesquels la France a tissé des relations privilégiées de partenariat.

MEXIQUE

Le Mexique connait la pire crise de violation des droits humains depuis des décennies. Les meurtres de journalistes, comme celui qui a récemment coûté la vie à Javier Valdez, journaliste reconnu internationalement, se produisent en toute impunité, en lien avec la corruption et la complicité des autorités locales, étatiques et fédérales au plus haut niveau. Depuis le début de l’année, sept journalistes ont été assassinés, onze l’ont été en 2016. Le Mexique est aujourd’hui le pays le plus dangereux d’Amérique latine et des Caraïbes, et l’un des plus dangereux au monde pour réaliser le travail de communication, de recherche et d’information. 90 % des assassinats de journalistes restent impunis.

La violence au Mexique touche aussi les femmes. Les féminicides sont en constante augmentation, particulièrement dans l’État de México, où 263 femmes ont été tuées en 2016, sans que justice soit faite. La vague de violence terrifiante subie par les Mexicains, et les milliers des migrants qui tentent de traverser le territoire, ne cesse de croitre. On dénombre plus de 100 000 morts en seulement une dizaine d’années, dont un tiers pendant le gouvernement d’Enrique Peña Nieto.

BRÉSIL

Un an après la prise de pouvoir illégitime par le Président Michel Temer, lui, son gouvernement et les dirigeants du Congrès et du Sénat, sont accusés de corruption, d’entrave à la justice, de complicité et/ou de fraude. Les masques tombent les uns après les autres alors que la crise politique s’aggrave de jour en jour. Michel Temer et son gouvernement tentent d’échapper à la justice, à la destitution et à l’emprisonnement probable. Pendant ce temps, le Congrès, où plus d’un tiers des représentants sont accusés de corruption, impose des lois qui attaquent les conquêtes et les droits sociaux du peuple brésilien. Paysans assassinés, indigènes dépossédés de leurs terres et emprisonnés, attaques contre les droits des travailleurs : voilà le résultat du mandat de Michel Temer. Mercredi 24 mai, par exemple, face à une manifestation pacifique pour exiger de nouvelles élections, Michel Temer a mis la ville de Brasilia en état de siège, envoyé l’armée et la cavalerie, faisant 50 blessés, pendant que le même jour la police civile et militaire assassinait 11 paysans et en blessait des dizaines d’autres dans l’État du Pará.

Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, la France et l’Union européenne ont signé un accord de partenariat stratégique avec le Mexique et le Brésil, ce qui signifie que le gouvernement français ne peut pas et ne doit pas garder le silence face à cette situation. La tenue de la semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes devrait être l’occasion pour votre gouvernement de prendre une position claire et d’exiger le respect des droits humains, la fin de l’impunité et l’application de la justice dans ces deux pays.

Fabien Cohen
Secrétaire-général de France Amérique Latine