LETTRE DES BRÉSILIENNES POUR LA DÉMOCRATIE, L’ÉGALITÉ ET LE RESPECT DE LA DIVERSITÉ

Le Brésil vit un moment particulièrement dramatique de son histoire. Au cours de la campagne électorale la plus agitée depuis la fin de la dictature militaire, nous assistons à l’affirmation dangereuse, venant d’un candidat à la Présidence, de principes antidémocratiques, exprimés dans un discours basé sur la haine, l’intolérance et la violence.

Si la position de ce candidat était publique, car il l’a manifestée à maintes reprises au long des 27 années où il a siégé à la Chambre des Députés, ce qui cause notre perplexité est l’adhésion à ces principes de la part d’une partie significative de la société brésilienne. Le traitement méprisant à l’égard des femmes, des Noirs, des indigènes, des homosexuels, le culte de la violence, l’agression contre ses adversaires, l’éloge de la torture et des tortionnaires constituent des manifestations qui doivent être combattues par ceux qui croient aux principes civilisateurs qui rendent possible l’existence d’une société démocratique et plurielle. Dans ce contexte, nous, femmes, victimes d’agressions et traînées dans la boue par ce candidat, nous exprimons publiquement notre rejet le plus véhément des principes qu’il défend, et nous appelons la population brésilienne à s’unir pour défendre la démocratie, contre le fascisme et la barbarie.

Nous sommes nombreuses, bien au-delà du MILLION qui fait partie de ce groupe. Nous défendons des candidates et des candidats différents, aux couleurs politico-idéologiques les plus variées. Nous avons des expériences et des visions du monde diverses, de même que sont différents nos âges, nos orientations sexuelles, nos identités ethnico-raciales et de genre ou de classe sociale, les régions du pays où nous vivons, les options religieuses, le niveau d’études ou l’activité professionnelle.

En fait nous nous sommes constituées comme collectif à partir d’une cause commune, exprimée dans cette lettre : le rejet de la pratique politique de ce candidat et des principes qui la régissent. Nous nous sommes constituées dans les réseaux sociaux, unies en un courant toujours plus fort et actif par la nécessité de rendre publique notre position en exerçant notre participation citoyenne, à partir de l’identité féminine qui nous rassemble.

Nous, femmes, historiquement infériorisées et marginalisées, sujettes à toutes sortes de violences et de mépris, nous refusons aujourd’hui le silence et la soumission, héritières d’une lutte menée depuis longtemps par les femmes qui nous ont précédées. 

Nous sommes celles qui constituent la majorité de l’électorat brésilien, mais qui sommes sous-représentées dans la politique partidaire.

Nous sommes celles qui, et donnant le jour et en nourrissant de nouvelles vies, défendent le droit de toutes et tous à une vie digne.

Nous sommes celles qui, craignant pour nos vies, pour celles de nos fils, de nos filles, de nos compagnons et compagnes, face à la violence qui fait rage et ronge la société brésilienne, sont contre l’autorisation généralisée du port d’armes, qui ne fera qu’aggraver le sinistre tableau actuel.

Nous sommes celles qui, touchant des salaires inférieurs, ayant moins de chance d’être embauchées et de progresser dans les lieux de travail, comprennent qu’il revient aux gouvernants, à l’image de ce qui a déjà lieu dans beaucoup de pays, de construire des politiques d’égalité salariale entre femmes et hommes.

Nous sommes celles qui, victimes de harcèlement, de viol, d’agression et de féminicide, défendent le droit à la liberté dans l’exercice de la vie affective et sexuelle, exigeant de l’État qu’il nous protège et punisse les crimes commis contre nous.

Nous sommes celles qui protestent contre la persécution et la violence contre la population LGBTQ, parce que nous comprenons que chaque être humain à le droit de vivre son identité de genre et d’orientation sexuelle.

Nous sommes celles qui s ’insurgent contre toutes les formes de racisme et de xénophobie, qui défendent un pays socialement et racialement plus juste et égalitaire, respectant les différences et valorise les cultures ancestrales.

Nous sommes celles qui combattent le faux moralisme et la censure des expressions artistiques, qui défendent la libre manifestation esthétique, l’accès à la culture dans toutes ses manifestations multiples.

Nous sommes celles qui défendent l’accès à l’information et à une éducation sexuelle responsable, par le biais de livres, films et de matériels qui éduquent les enfants et les jeunes au monde contemporain. Nous sommes celles qui défendent le dialogue et le partenariat avec les écoles, les enseignantes et les enseignants dans l’éducation de nos filles et fils, sur les bases de la laïcité, de l’apprentissage de l’éthique, de la citoyenneté et des droits humains.

Nous sommes celles qui veulent un pays aux politiques soutenables, respectant l’environnement et les animaux, garantissant le droit à la terre pour les populations traditionnelles qui y vivent et y travaillent.

Nous sommes nombreuses, nous sommes des millions, nous sommes

FEMMES UNIES CONTRE LE FASCISME,
CONTRE LA HAINE, LA VIOLENCE ET L’INTOLÉRANCE

Manifestations en France samedi 29 septembre :

Paris : Place de la République à 15h

Lyon : Place de Terreaux à 15h

Toulouse : Place Jean Jaurès à 16h