Ni victimes, ni entrepreneuses: mobilisations féministes contre le W20 à Buenos Aires (Marta Music/Blog Médiapart)

Alors que le groupe d’affinité de femmes du G20, le Women’s 20 (W20), s’est réuni du 1er au 3 Octobre à Buenos Aires avec l’objectif de promouvoir l’autonomisation économique des femmes, le Forum Féministe contre le G20 a organisé en parallèle une série d’actions pour dénoncer la perspective néolibérale du W20 tout en proposant des alternatives issues des féminismes populaires.

« Pas en notre nom ». C’est le mot d’ordre du Forum Féministe contre le G20, qui a rempli la Place du Congrès de Buenos Aires avec des interventions artistiques, des performances, une foire de l’économie sociale populaire et des tables rondes pour dénoncer la venue du W20 (le groupe d’affinité de femmes du G20), critiquer ses politiques néolibérales et débattre des réalités des femmes, féministes, migrantes, indigènes, afro-descendantes et de la population queer latin

o-américaine. En d’autres mots, des réalités se trouvant aux antipodes de celles des femmes entrepreneuses, millionnaires, blanches et issues de milieux élitistes organisant le W20.

Créé en 2015, le W20 a pour but de proposer des recommandations aux leaders du G20 pour promouvoir la pleine participation économique et sociale des femmes dans le marché, leur inclusion financière et une réduction de l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes. Cette année, son objectif principal est de promouvoir l’autonomisation économique des femmes à travers quatre axes : l’insertion professionnelle, l’inclusion numérique, l’inclusion financière et le développement rural. Autrement dit, le programme du W20 viserait à émanciper les femmes en augmentant leur employabilité et leur participation dans le marché du travail, et en facilitant leur accès à des microcrédits pour financer des projets d’entreprenariat.

Cependant, derrière ces discours de soi-disant «empowerment » (d’autonomisation), les politiques d’inclusion commerciale et financière préconisées par le W20 ne s’attaquent en rien aux racines structurelles de la domination capitaliste hétéro-patriarcale ainsi qu’aux inégalités et à la violence de genre. Il n’y a aucune remise en question de la division sexuelle du travail et de l’invisibilisation du travail domestique et de reproduction (pourtant indispensable pour faire tourner l’économie actuelle). On promeut l’intégration des femmes dans le marché du travail sans parler de leur double (ou triple) exploitation, de la précarité des emplois qui leurs sont offerts pour les « émanciper » ou du fait que l’augmentation du taux d’activité des femmes ne s’accompagne pas d’une plus grande participation des hommes dans le travail domestique. Les microcrédits, tant promus par le W20 et autres institutions telles que la Banque Mondiale et le FMI, serait censés permettre aux femmes d’investir dans des opportunités de marchés pour développer des micro-entreprises et sortir de la pauvreté. Or le fonctionnement des microcrédits ne fait que reproduire les dynamiques du système capitaliste financier mondial à une échelle micro-économique et provoque des cycles croissants d’endettement, de dépendance et d’appauvrissement impactant surtout les femmes, qui empruntent majoritairement pour assurer le fonctionnement de leur foyer et la subsistance de leurs familles.

C’est donc face au W20 et à sa perspective élitiste, néolibérale, binaire et hétérosexuelle que ces journées d’actions ont été organisées par le Forum Féministe contre le G20 – une convergence diverse, internationale et transversale de travailleuses féministes, militantes, syndicalistes, étudiantes, migrantes, femmes indigènes, afro-descendantes, paysannes, queer, lesbiennes, personnes non binaires, trans et travestis, entre autres. Basé sur des principes de féminismes populaires – c’est-à-dire produits depuis les bases – ce forum s’inscrit dans un processus de construction collective datant du Forum Féministe contre l’OMC, qui s’est tenu l’an dernier à Buenos Aires…

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