Pollutions, sécheresses, assassinats : l’inquiétant cocktail de l’industrie pétrolière en Colombie

par Nadège Mazars    Basta !

Perenco est une discrète compagnie pétrolière française, propriété de l’une des familles les plus riches de France. Basta ! et son Observatoire des multinationales ont enquêté sur ses pratiques en Colombie, où Perenco dispose de plusieurs concessions aux côtés d’autres compagnies. L’industrie pétrolière y est accusée de contribuer à la sécheresse qui s’installe dans la savane amazonienne, et de nombreuses négligences face aux pollutions qui contaminent étangs et rivières. Face aux actions de blocages organisées par les habitants et aux centaines de plaintes déposées, les autorités locales s’illustrent par leur totale indifférence. Ceux qui osent dénoncer ces pratiques sont menacés de mort, ou même assassinés, comme l’un des leaders locaux abattus le 13 novembre dernier.

SECHERMilton Cardenas a le regard las des personnes qui ont tout tenté. Assis à une table dans le patio de la maison de ses parents, il montre sur l’écran de son ordinateur les images qui, selon lui, lui ont coûté son travail et valu des menaces de mort : « Regardez ! Les produits chimiques qu’ils jettent dans n’importe quels endroits ! Ils sont très dangereux ! De la soude caustique ! Regardez ! » Une partie de ces photos a été prise quand il travaillait pour la multinationale française Perenco. « Regardez ! Tous ces poissons morts ! Quand ils font une perforation, ils entreposent à cet endroit ce qu’ils sortent, la terre mélangée au pétrole. Quand il pleut, tout s’en va dans l’étang [1]. […] Regardez ! Cette vache morte qu’on retire de l’eau !  »

Les photos défilent, illustrations de la contamination, images d’animaux tels le capybara, ce grand rongeur typique de la savane des Llanos, recouverts de pétrole. Les piscines où le pétrole se déverse ne sont pas bien isolées, les animaux peuvent entrer. L’eau de pluie qui y tombe est évacuée sans traitement dans la savane. Milton raconte aussi les camions-citernes, jusqu’à sept tous les jours envoyés pour déverser leur contenu d’eaux usagées dans les rivières alentours. Il est le président du conseil de direction communale de Tesoro del Bubuy et, depuis 2009, il participe, avec la plus grande majorité de la communauté, à une bataille devenue juridique contre la multinationale qui exploite le champ pétrolifère de La Gloria.

Ce diaporama présente une sélection d’images transmises par les riverains des sites pétroliers de Perenco dans la région du Casanare :