🇨🇱 Le Chili franchit une nouvelle étape dans son processus vers une nouvelle Constitution (Naïla Derroisné / RFI)


Une étape importante a été franchie : les conseillers chargés d’écrire le nouveau texte ont terminé leur travail, et grâce aux votes des secteurs de la droite, majoritaires au sein du Conseil, la proposition a été adoptée à trente-trois voix contre dix-sept. Le nouveau projet de Constitution est remis au président Boric ce mardi 7 novembre 2023. Les Chilien.ne.s sont convoqué.e.s aux urnes pour un référendum constitutionnel le 17 décembre.

Une vue du Conseil constitutionnel chargé de la rédaction de la Constitution à Santiago du Chili le 5 juin 2023. AP – Esteban Felix

Le texte final comporte dix-sept chapitres et un peu plus de deux cents articles. Et pour la droite et l’extrême droite, qui étaient majoritaires au sein du conseil rédactionnel, il s’agit d’une très bonne proposition de Constitution puisqu’elle offre de meilleurs outils pour contrôler notamment les frontières du pays et lutter contre l’immigration clandestine ainsi que le crime organisé. Des sujets qui préoccupent en ce moment les Chiliens.

Pour la gauche, en revanche, ce texte est pire que la Constitution actuelle et signifie un retour en arrière. Il précariserait davantage les droits sociaux, menacerait les avancées acquises en termes d’égalité de genre et pourrait remettre en cause l’accès à l’avortement.

Encore une fois, il n’y a pas de consensus au sein de la classe politique et chacun campe sur ses positions. Pourtant, c’est la deuxième fois en quatre ans que le Chili essaye de changer sa Constitution. Le texte actuel est né sous la dictature et même s’il a été réformé plusieurs fois, il est très souvent remis en question, surtout en ce qui concerne les droits sociaux, comme l’éducation, la santé ou encore les retraites. (…)

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Chili: la nouvelle mouture du projet de Constitution remise au président Boric (RFI)

Au Chili, les membres du Conseil Constitutionnel qui ont rédigé une proposition de Constitution pendant cinq mois, ont terminé leur travail et remettent ce mardi 7 novembre leur nouvelle copie au président chilien. 

C’est la deuxième fois en quatre ans que le pays essaye de changer sa carte fondamentale, héritée de la dictature. La crise sociale de 2019 et les demandes de la population avaient ouvert la voie à un changement de Constitution. Un premier processus l’année dernière avait été dominé par les secteurs de la gauche. Le texte alors proposé était très progressiste, mais il avait été rejeté par la population à plus de 60 % en septembre 2022.

Pour cette deuxième tentative, qui comprend 17 chapitres et un plus de 200 articles, c’est l’extrême droite et la droite qui avaient la main sur le processus car majoritaires au sein du Conseil rédactionnel, élu en mai dernier.

Pilar Cuevas, de droite, a participé à l’écriture du texte. Elle estime que cette nouvelle mouture est meilleure que la Constitution en vigueur. « Il donne plus de stabilité au système politique. Il garantit aussi la sécurité de la population en ce qui concerne le maintien de l’ordre. Et puis il régule mieux l’immigration », explique t-elle au micro de notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné. 

Le Chili, un État social ?

Un article en particulier retient l’attention, c’est celui qui stipule que le Chili est « un État social et démocratique de droits ». Les mots « État social » ont leur importance puisqu’ils supposent que c’est l’État qui doit garantir les droits sociaux des citoyens, comme par exemple la santé, l’éducation ou encore les retraites. Dans la Constitution actuelle, écrite sous la dictature, l’État n’intervient qu’en second lieu, les droits sociaux étant gérés d’abord par le secteur privé, ce qui crée au Chili de grandes inégalités sociales.

D’ailleurs au moment de la crise de 2019, les Chiliens demandaient à mettre fin à ce système ultra-néolibéral et c’est ce qui avait ouvert la voie au changement de Constitution.

« “L’État social” est bien inscrit sur le papier », explique Yerko Ljubetic, politiquement à gauche, qui a aussi participé à l’écriture du texte. Mais il dénonce une série de mécanismes votés par la droite pour empêcher la mise en pratique de cet État providence. « Le risque, c’est que la Constitution devienne une partie du problème et non pas la solution aux demandes citoyennes. » La gauche dénonce un texte « pire » que l’actuelle Constitution et s’inquiète aussi d’une possible régression, notamment en ce qui concerne les droits des femmes, l’égalité des genres ou encore les droits des personnes migrantes. (…)

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Le Chili entre dans la dernière ligne droite d’un nouveau projet de Constitution / Flora Genoux / Le Monde
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Pour rappel, voir entre autres :
Chili. Un troisième essai constituant pour «dépasser» la Constitution de 1980. Une échéance, décembre 2023 (Claudia Heiss / À l’Encontre)
Chili : chronique d’une Constituante ratée (entretien avec Christophe Ventura par Pablo Pillaud-Vivien / La Midinale / Regards)
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Constituante au Chili: avec la victoire de l’extrême-droite, «un cycle politique semble se refermer» (Entretien avec Franck Gaudichaud / Marion Cazanove / RFI) /  Grand écart politique au Chili (RTS)
Chili. Élection du Conseil constitutionnel : l’extrême-droite en force (Christophe Ventura / Chroniques de l’Amérique latine / IRIS)
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