Colombie: plus de 6400 civils exécutés par l’armée entre 2002 et 2008 (Diego Legrand / AFP / La Presse)

Plus de 6400 civils ont été sommairement exécutés et présentés comme tués au combat en Colombie, trois fois plus qu’estimé jusque là dans ce scandale des « faux positifs », le plus grave impliquant l’armée en près de six décennies de guerre interne.

PHOTO JOAQUIN SARMIENTO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Des experts d’une équipe médicolégale à la recherche des corps inhumés de victimes d’exécutions sommaires par l’armée colombienne.

La Juridiction spéciale de paix (JEP) a annoncé jeudi avoir établi qu’« au moins 6402 Colombiennes et Colombiens sont morts et ont été illégitimement présentés comme tombés au combat entre 2002 et 2008 », selon un communiqué.

Ce chiffre donne une nouvelle dimension à ce « phénomène macro-criminel », selon la JEP, créée par l’accord de paix de 2016 avec l’ex-guérilla des FARC pour enquêter sur les crimes graves du conflit.

La révélation des « faux positifs », en jargon militaire, a été l’un des plus grands scandales impliquant l’armée colombienne durant sa confrontation avec les rébellions de gauche.

Bien que l’état-major nie toute pratique systématique, des officiers et des soldats ont admis devant la JEP leur implication dans ces crimes.

Les militaires tenaient le compte des guérilleros et narcotrafiquants tués et ces résultats « positifs » leur valaient médailles, permissions et promotions.

Mais des milliers de morts étaient des civils abattus de sang froid.

La réalité du conflit

Jusqu’à l’an dernier, le parquet a été saisi de 2249 cas d’exécutions extrajudiciaires commises entre 1988 et 2014, dont 59 % de 2006 à 2008, sous la présidence d’Alvaro Uribe qui a mené une féroce offensive contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

L’ex-président de droite, au pouvoir de 2002 à 2010 et opposé à l’accord de paix qu’il juge laxiste envers les anciens rebelles, a accusé jeudi la JEP de « discréditer » son gouvernement. Il a nié avoir incité les militaires à « violer la loi » quand il exigeait leur « efficacité ».

Selon Jorge Cuervo, professeur en politiques de justice et des droits de la personne de l’université Externado, l’instruction de la JEP « va beaucoup plus nous rapprocher […] de la réalité de ce qui s’est passé durant le conflit armé colombien ». (…)

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