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Émergence de l’extrême droite et menaces à la démocratie au Brésil (dossier/Ritimo)

Manifestation en mars 2019 contre Bolsonaro et pour la libération de Lula. Photo : Midia NINJA

Introduction (Douglas Estevam )

L’arrivée de Jair Bolsonaro à la présidence de la République du Brésil lors des élections d’octobre 2018 a représenté une percée et un événement en partie inattendu dans le pays. La relative surprise de la victoire s’est accompagnée d’une série d’interprétations de la nature et de la signification de son gouvernement et des forces sociales qu’il représente. Alors que sa première année de mandat touche à sa fin, les difficultés et les divergences d’interprétation subsistent encore, découlant des incertitudes et des instabilités concernant sa politique et son évolution future.

Le résultat de la victoire a été extrêmement significatif. Elu avec plus de 57 millions de voix (55,13% du total), le discours anti-corruption a été l’un de ses thèmes centraux pendant la campagne. La première année de gouvernement a été marquée par l’implication de son fils Flavio Bolsonaro, actuellement sénateur, et des parents de son épouse dans des affaires de corruption pendant le mandat de Flavio comme député de RJ. Le Parti social libéral – PSL, le parti pour lequel Bolsonaro a été élu, est devenu l’un des plus grands partis du pays. Les derniers mois ont été marqués par des accusations et des enquêtes sur des détournements de fonds pendant les élections, les mêmes opérations dont le PT a été accusé. La crise a généré une rupture de Bolsonaro avec le parti, provoquant encore plus d’instabilité dans les représentations politiques. Les enquêtes de police ont soulevé un certain nombre de soupçons quant à la proximité de Bolsonaro avec les milices impliquées dans l’assassinat de Marielle Franco (…)

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Les cinq piliers de la victoire de Jair Bolsonaro (Jean Tible)

Dans quels secteurs organisés s’ancre le mouvement que Jair Bolsonaro exprime politiquement ? Quelles sont les bases sociales, politiques et économiques qui constituent sa candidature et sa victoire ?

Bolsonaro pose avec le Général Edson Leal Pujol pendant la cérémonie comémorative du Jour de l’Armée. Photo : Palacio do Planalto

Les militaires constituent son groupe de soutien principal — le plus puissant et influent. Indépendamment de la victoire électorale du Capitaine à la retraite, nous avons pu observer, ces dernières années, et surtout ces derniers mois, une présence croissante des militaires dans la vie politique. Selon certains récits qui circulent, les forces armées ne toléraient plus la présence de Dilma à la Présidence et auraient sollicité Temer dès 2016. Il semble évident que la mise en place de la Commission nationale de la Vérité (CNV), l’une des meilleures initiatives de la Présidente, n’y soit pas étrangère. En effet, les interventions du Général Luiz Eduardo Rocha Paiva lors d’émissions télévisées montraient bien le mécontentement militaire vis-à-vis de la CNV. Celle-ci avait également joué un rôle dans le rapprochement entre le Capitaine-député Bolsonaro — jusque-là perçu généralement avec méfiance — et les officiers supérieurs, en raison de ses positions au Congrès au sujet des graves violations des droits humains durant la période de la dictature militaire de 1964 à 1985. (…)

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Trois facteurs du vote Bolsonaro (Jean Tible)

15 mars 2014: des milliers de personnes défilent à Copacabana pour demander la destitution de la présidente Dilma Rousselff.
Photo : Midia Ninja

Jair Bolsonaro a réussi à canaliser les manifestations en faveur la destitution de Dilma Rousseff. Les tucanos [NdT : membres du PSDB appelés « toucans » en raison de l’emblème du parti], rejetant la défaite d’octobre 2014, ont exigé le recompte des voix et entamé des actions auprès du tribunal supérieur électoral (TSE). Parallèlement, des milliers de personnes ont manifesté à Sao Paulo à la fin de l’année, un chiffre déjà significatif. À partir de mars 2015, ces manifestations seront suivies, dans l’ensemble du pays, par des dizaines, voire des centaines de milliers ou parfois même des millions de personnes, galvanisées par les erreurs commises lors du second mandat de Dilma Rousseff. En effet, les mesures d’austérité ont érodé le soutien social et entrainé une dynamique récessive, puis la perte du soutien parlementaire. Trois membres du PSDB (Aécio, Aloysio Nunes et Alckmin) se sont vus expulsés de l’une de ses manifestations, dans laquelle ils s’étaient aventurés. (…)

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Le Brésil de Jair Bolsonaro et les pièges du progressisme identitaire (Camila Rocha)

Pancarte de rue en faveur de la candidature de Bolsonaro aux présidentielles. L’inscription ajoute : “Olavo a raison”. Photo modifiée depuis celle de  Eugenio Hansen, OFS

L’élection du militaire et député fédéral d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, à la présidence de la République, en octobre 2018, n’est pas un fait tombé du ciel, mais le résultat de la rencontre de deux phénomènes distincts et pourtant liés : la consolidation progressive, entre les années 2006 et 2018, d’une nouvelle droite brésilienne, et l’éclosion dans le pays d’un nouveau phénomène populiste à partir de 2014, le bolsonarisme. Ces phénomènes, même s’ils s’appuient fortement sur des mobilisations numériques, ne se sont pas étendus à des secteurs plus larges de la société à cause de la naïveté des victimes de la désinformation de masse, mais sont liés, comme je tenterai de le montrer, à des processus sociaux et politiques spécifiques qui ont imprégné le pays au cours des dernières années mais qu’une grande partie de l’analyse politique menée dans le monde universitaire et dans les médias, semble avoir ignoré. (…)

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Le raz-de-marée pentecôtiste brésilien (Marcos Fernandes)

Un homme prie dans une église évangélique. Photo : Gouvernement de l’État de Sao Paulo

Il ne serait pas exagéré de dire que l’un des phénomènes sociaux les plus importants de la société brésilienne au cours de ces dernières décennies est l’augmentation exponentielle du nombre de fidèles des églises évangéliques, phénomène dont les implications qui dépassent largement le domaine religieux et dont les conséquences culturelles sont très profondes. À l’instar de la parabole biblique des pains et des poissons que Jésus-Christ a miraculeusement multipliés, les églises évangéliques ne cessent de croître. En 1990, d’après le recensement officiel du gouvernement (IBGE), les églises étaient fréquentées par 9 % de la population. En 2000, c’était 15,4 % de la population, un chiffre qui passait à 22,2 % en 2010. Certains instituts de recherche assez renommés au Brésil estiment que le recensement de 2020 montrera que plus de 30 % du peuple brésilien s’est converti à l’une des centaines de dénominations répandues dans le territoire national, surtout dans les périphéries des grandes métropoles brésiliennes, où vivent les classes populaires. (…)

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Militarisation de la sécurité publique et intervention fédérale de l’État de Rio de Janeiro (Jurema Werneck)

Intervention militaire dans la Favela Rocinha, 22 septembre 2017. Photo : Fernando Frasão-Agência Bras

L’État est doublement responsable de la recrudescence des morts violentes au Brésil. D’une part, il est délibérément absent et ne remplit pas son rôle de protecteur de la vie de dizaines de milliers de personnes (jeunes noirs, femmes, autochtones et membres de communauté “quilombola”) assassinées tous les ans. D’autre part, il est lui-même un acteur de cette violence : la police tue des milliers de personnes dans le pays, chaque année. Cette situation ne fait qu’empirer avec l’aggravation de la crise politique et institutionnelle que traverse actuellement le pays, véritable écran de fumée face aux graves atteintes aux droits humains. Au Congrès national, des groupes conservateurs ont tenté, à plusieurs reprises, de faire passer des propositions de loi qui constituent, dans les faits, de véritables retours en arrière en termes de droits conquis par la société brésilienne. À ce tableau s’ajoute l’intensification d’un modèle de sécurité publique militarisé, violent et axé sur la « guerre à la drogue ». (…)

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Avec Jair Bolsonaro, la liberté d’expression au Brésil est menacée (Ana Claudia Melke)

Le Brésil traverse un moment particulier de son histoire. Le coup d’État juridique, médiatique et parlementaire contre de l’ancienne présidente Dilma Rousseff marque l’ouverture d’un nouveau cycle, avec le renversement d’un gouvernement démocratiquement élu pour le remplacer par un projet non légitimé par les urnes. Depuis, on observe la mise en place d’une politique économique d’austérité et le recul des droits sociaux de la population. Avec l’élection de Jair Bolsonaro, notre démocratie, encore fragile, se retrouve face à de nouveaux défis, notamment en matière du plein exercice de la liberté d’expression.

Socle de toute société démocratique, la liberté d’expression constitue un droit fondamental. Son importance pour les sociétés modernes a été affirmée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’en 1948, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) promulguait la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. L’article 19 proclame ainsi que : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » (…)

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L’offensive putschiste sur notre continent (Ricardo Gebrim)

Un soldat brésilien salue le drapeau.
Photo : Garon Piceli – domaine public

Il semblerait qu’au cours d’un entretien privé, le président états-unien Richard Nixon, pour justifier le soutien apporté au coup d’État et à la consolidation de la dictature militaire, aurait dit à son homologue brésilien, Emílio Médici : « Là où le Brésil va, l’Amérique latine ira ». De fait, le coup d’État de 1964, avec toute la planification et l’implication des appareils stratégiques des États-Unis, tel qu’il est désormais avéré, a été la préfiguration d’un enchaînement putschiste qui eut lieu, l’année suivante, en Indonésie et dans plusieurs pays de notre continent. Il s’agit de la matérialisation de la grande stratégie des États-Unis, qui a laissé des traces profondes, particulièrement dans notre région. Ceux qui pensaient alors que le coup d’État militaire n’était qu’un simple événement passager et que le pays reprendrait la voie de la démocratie en 1966 ont payé cher cette erreur. C’est le cas de nombreux partisans civils du putsch, tels que Carlos Lacerda, Adhemar de Barros et Magalhães Pinto. (…)

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Querelle autour des gisements de pétrole pré-sal : fragilisation des intérêts nationaux en faveur des opérateurs étrangers (Cloviomar Cararine Pereira,  Leão Eduardo Costa Pinto,  Rodrigo Pimentel Ferreira, William Vella Nozaki)

Plateforme d’exploitation pétrolière en mer dans la baie de Guanaba, au sud du Brésil. Photo : Marinelson Almeida

Dix ans après la découverte des gisements pré-salifères (ou pré-sal) et après plus d’un an de gouvernement Temer, il est patent que l’instabilité politique provoquée par la destitution de la présidente Dilma Rousseff, en août 2016, et les modifications des cadres règlementant l’exploitation et la production du pétrole, constituent une machination orchestrée par différents groupes de pression. Ceux-ci, à leur tour, sont reliés entre eux et le plus souvent sous la coupe d’acteurs internationaux, répondant à la fois à des intérêts stratégiques et commerciaux à long court ainsi qu’à des opportunismes politiques et financiers à court terme. (…)

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La politique étrangère brésilienne – I (Samuel Pinheiro Guimaraes)

Le gouvernement du président Jair Bolsonaro, de son mentor spirituel et politique, le professeur Olavo de Carvalho, de son ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, du super ministre Paulo Guedes, économiste ultra-néolibéral, de son éminence grise, le député Eduardo Bolsonaro, est déterminé à réorienter radicalement l’ensemble de la politique extérieure (et intérieure) brésilienne. Cette réorientation passera par un alignement de toute la politique étrangère brésilienne sur la politique du gouvernement de Donald Trump, à commencer par le soutien à Israël. (…)

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