En Amérique latine et aux Caraïbes, la récession due à la pandémie met à nu les inégalités sociales (Diego Pérez de Arce / Espaces Latinos)

Le FMI et l’ONU pronostiquent une croissance du PIB en panne pour l’Amérique latine et dans les Caraïbes. À lui seul, pourtant, cet indicateur ne saurait résumer une situation économique et sociale contrastée dans la région. En le privilégiant, certains sous-estiment les conséquences de la crise provoquée par le Covid–19 et peuvent difficilement orienter les mesures économiques pour s’en sortir. 

Photo : INTAL

Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pour 2021, le produit intérieur brut (PIB) de l’Amérique Latine et des Caraïbes croîtrait de 4,1 % ; toutefois la croissance prévue ne serait pas suffisante pour compenser la baisse estimée à 7,4 % qu’a connu l’économie mondiale en 2020. 

Le Brésil connaîtrait une croissance de 3,6 % pour 2021, contre une baisse de 4,5 % pour 2020 ; le PIB du Mexique augmenterait de 4,3 % cette année, contre une chute de 8,5 % l’an dernier. 

Le FMI affiche un certain optimisme par rapport à ses propres estimations d’octobre dernier et signale que, si la vaccination donne bien des espoirs dans la lutte contre le Covid-19, les nouvelles vagues de contagion ainsi que les nouvelles variantes du virus sont préoccupantes pour les perspectives économiques. Selon lui, la magnitude de l’impact dans chaque pays dépendra des interventions sanitaires, de l’effet des mesures politiques, des caractéristiques structurelles et de l’appui que rencontreront ces mesures auprès de l’opinion publique. Enfin, afin de maintenir la pandémie sous contrôle, n’importe où dans le monde, une solide coopération multilatérale serait indispensable. L’interruption du commerce mondial et l’arrêt d’activités  économiques mondiales requiert des efforts extraordinaires. 

Les prévisions pour l’Amérique latine de l’Organisation des nations unies (ONU) sont légèrement moins optimistes que celles du FMI : + 3,8 % pour 2021, + 2,6 % pour 2022. Au niveau mondial, l’ONU signale que la récupération sera lente et douloureuse. Les effets de la pandémie seront tangibles pendant de longues années, à moins qu’on ne réalise des investissements stratégiques dans les domaines économiques, sociaux et favorisant la résilience climatique. Le coronavirus a causé plus de deux millions de morts et a poussé de nombreuses familles dans la pauvreté, augmentant ainsi les inégalités.

La chute du PIB en Amérique latine et dans les Caraïbes pour 2020 serait due en particulier aux mesures de quarantaine qui ont été adoptées nationalement, pendant des périodes prolongées, ce qui a affaibli les exportations, a provoqué l’effondrement du tourisme, et finalement a sapé toute l’activité économique. Certains pays, comme Haïti, le Paraguay et l’Uruguay ont pu contenir le virus et limiter les dégâts économiques, contrairement aux cas de l’Argentine, du Pérou, du Panamá ainsi que des pays des Caraïbes dépendant du tourisme, qui ont connu des fortes récessions. Par ailleurs, certains pays d’Amérique centrale et du Sud ont bénéficié de l’augmentation des cours mondiaux des matières premières, suite à l’activité industrielle de la Chine. Enfin, l’ONU signale les efforts des gouvernements du Brésil, du Chili et du Pérou, qui ont injecté entre 10 et 15 % de leur PIB dans la réactivation économique.

L’ONU conclut que l’Amérique latine et les Caraïbes font face à une nouvelle menace de décennie perdue, aussi bien en termes de croissance économique que de progrès et de développement. 

La Banque mondiale constate l’aggravation de l’extrême pauvreté 

Pour sa part, la Banque mondiale prévoit que la crise globale due à la pandémie provoquera, pour la première fois en vingt ans, une augmentation nette du nombre de personnes qui vivent avec moins de 1,9 dollar par jour (seuil considéré comme l’extrême pauvreté). Elle estime, pour 2020, qu’il y a eu environ 120 millions de personnes supplémentaires sous le seuil d’extrême pauvreté dans le monde. Même sous l’effet de la crise financière de 2008, l’extrême pauvreté avait continué à se réduire globalement. (…)

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