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EXTRADITION DE MARIO SANDOVAL : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DOIT CONFIRMER LE CARACTÈRE CONTINU DU CRIME DE DISPARITION FORCÉE (ACAT France)

(Paris, Buenos Aires) Le Conseil Constitutionnel siégera le 14 mai prochain afin de juger la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) introduite par Mario Sandoval, dans le cadre de sa demande d’extradition par la République d’Argentine il y a plus de 7 ans. Cette extradition a été autorisée par plusieurs décisions de justice et par le décret signé cet été par le Premier Ministre français. Plusieurs organisations, dont l’ACAT, demandent au Conseil Constitutionnel de confirmer le caractère continu du crime de disparition forcée, afin que l’ancien policier puisse être enfin jugé en Argentine.

Mario Sandoval est poursuivi en Argentine pour des crimes contre l’humanité commis durant la dictature (1976-1983), dans le cadre de l’enquête menée par le juge argentin Sergio Torres sur les crimes perpétrés au sein de l’École supérieure de mécanique de la marine (ESMA) de Buenos Aires. Cette école était le plus grand centre de détention et de torture clandestin. Plus de 5 000 détenus y ont disparu, dont les deux religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet.

Alors agent de la Division des affaires politiques de la police fédérale, Mario Sandoval est poursuivi pour l’enlèvement et la disparition en octobre 1976 d’Hernán Abriata, militant de la Jeunesse universitaire péroniste. Sa participation directe à l’enlèvement a été dénoncée quelques jours après les faits.

Par décret du 31 Août 2018, le Premier Ministre français Édouard Philippe a ordonné l’extradition de M. Sandoval, décision contre laquelle ce dernier a formé un recours devant le Conseil Constitutionnel.

Deux avis favorables à l’extradition de cet ancien officier de police, avaient déjà été rendus, et par la Cour d’Appel de Paris, le 28 mai 2014 et par la Cour d’Appel de Versailles, le 19 octobre 2017, et confirmés par un arrêt exemplaire de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation le 14 mai 2018.

Devant le Conseil Constitutionnel, c’est le concept même de crime continu qui est en jeu. Car dans le cas de la disparition /séquestration, la prescription ne peut commencer à courir qu’à l’apparition du corps de la victime. 

En décider autrement reviendrait à accorder l’impunité au criminel le plus habile à dissimuler son crime, ce qui, éthiquement serait doublement intolérable.

Nous rappelons que la junte militaire argentine avait instauré un plan systématique de répression, volontairement fondée sur la disparition forcée de personnes.

Or, considérer que ce crime ne serait pas continu, et ce en violation des dispositions de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées équivaudrait à instaurer une amnistie générale des crimes d’état perpétrés par l’une des plus sanglantes dictatures du Cône Sud.

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