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Interview de Karina Ocampo Martines, Secrétaire de justice et conflit de la Confédération Nationale des Femmes Paysannes Indigènes et Originaires de Bolivie « Bartolina Sisa » (CNMCIOB-« BS »),

…en charge de la communication au sein de l’organisation.
La Confédération nationale des femmes paysannes indigènes et originaires de Bolivie « Bartolina Sisa » devrait prochainement commencer un nouveau projet de mise en place d’un réseau digital. Il s’agit d’un projet d’un an qui prévoit des ateliers de formation en informatique et réseaux sociaux et l’installation d’internet dans toutes les fédérations Bartolina Sisa départementales et régionales du pays. L’objectif étant de créer un réseau national de communication entre les différents niveaux de la Confédération.

Interview de Karina Ocampo Martines, Secrétaire de justice et conflit de la Confédération Nationale des Femmes Paysannes Indigènes et Originaires de Bolivie « Bartolina Sisa » (CNMCIOB-« BS »), en charge de la communication au sein de l’organisation.

Quel a été la motivation principale pour rédiger le premier projet ?

J’ai suivi un cours du PNUD de deux semaines sur les réseaux sociaux et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTICs), auquel ont participé les 5 grandes organisations nationales de peuples indigènes. À la fin du cours, on devait présenter un petit projet et si on le faisait bien, il était financé, la seule consigne était que le projet devait permettre de transmettre ce que l’on avait appris pendant le cours. Nous avons donc présenté un projet et il a été approuvé. Il s’agissait de réaliser des ateliers de 5 jours, à chaque atelier participait 2 représentantes de chaque département (une seule pour Pando et Beni, les départements les plus éloignés), le tout étant étalé sur un mois.

Quel était l’objectif du projet ?

La Confédération n’utilise pas les nouvelles technologies, ce qui l’affaiblit et lui fait perdre du temps et de l’argent. Utiliser les réseaux sociaux lui permettrait de faciliter la communication et d’être mieux organisé au niveau national. Aujourd’hui, non seulement les femmes qui ont suivi les cours continuent à utiliser internet, mais elles transmettent également ce qu’elles ont appris dans leur communauté.

Que va apporter le second projet de NTICs ?

Il s’agit de la continuité du premier projet. Celui-ci devrait apporter une meilleure communication et donc plus d’organisation et de coordination entre les fédérations (la Confédération est formée de 9 fédérations départementales qui comprennent elles-mêmes des fédérations régionales). Les femmes qui ont participé au premier projet sont formées mais elles ont encore à apprendre sur les technologies actuelles. Pour l’instant, elles ont seulement appris à utiliser Word, Facebook, une adresse email, le clavier et à allumer un ordinateur. Grâce à Skype et aux emails, il n’y aura plus de problème de mauvaise transmission des informations. Nous avons donc besoin d’aller plus loin dans l’apprentissage et de former aussi les dirigeantes régionales, mais cela va prendre du temps. Le problème que nous rencontrons à présent est que les femmes qui ont été formées font un mauvais usage de leur savoir et ne le mette pas au service de l’organisation.

Comment faire pour améliorer la situation ?

J’ai essayé de montrer comment utiliser une boite mail à certaines dirigeantes de la Confédération, avec certaines ça a marché mais il y en a toujours qui pensent qu’elles n’en sont pas capables. Elles pensent que c’est réservé aux jeunes et qu’elles ont mieux à faire. Il y en a d’autres qui pensent qu’on a besoin d’avoir un ordinateur pour tout faire alors qu’ici on trouve facilement des cybercafés pour consulter internet. Pour lutter contre cela il faut leur expliquer que les nouvelles technologies sont le futur et qu’elles apportent plus de productivité. Il faut que les membres de la Confédération comprennent aussi que les NTICs ne sont pas utiles que pour la Confédération mais aussi pour elles mêmes en tant que personne. Pour cela nous avons besoin de projets bien structurés.

Interview réalisée par Daphné Femenia, Volontaire en service civique de FAL