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La mort d’Ingrid Escamilla, tuée et mutilée par son compagnon, provoque la colère des Mexicaines (Frédéric Saliba/Le Monde)

Marche contre les violences de genre à Tijuana, Mexique, le 15 février, une semaine après la mort d’Ingrid Escamilla. EMILIO ESPEJEL / AP

Des manifestations ont eu lieu samedi à travers tout le pays pour dénoncer la persistance des féminicides et l’incurie des autorités.

« Pas une de plus ! » C’est le cri lancé par des centaines de Mexicaines qui ont défilé à travers le pays, samedi 15 février, en réaction au meurtre barbare d’Ingrid Escamilla, 25 ans, tuée et dépecée une semaine plus tôt dans la capitale. Par leur mobilisation, elles dénoncent aussi l’incurie des autorités dans un pays où presque trois femmes sont assassinées chaque jour.

Au son des tambours, les manifestantes ont marché le visage souvent masqué par des cagoules noires ou des foulards verts. « On cache notre identité par peur des représailles », confie l’une des membres du collectif féministe No las olvidamos (« on ne les oublie pas »). Cette productrice culturelle de 36 ans se dit « encore sous le choc du meurtre sauvage d’Ingrid ».

Le corps de la jeune femme a été découvert le 9 février dans un appartement du nord de la capitale. La victime a été poignardée puis éventrée par son compagnon, un ingénieur de vingt et un ans son aîné. Ce dernier lui a ensuite arraché les organes, avant d’en jeter certains dans les toilettes. « Aucune femme n’est à l’abri ! », soupire Bereniza Gonzalez, 20 ans, qui brandit le portrait de sa cousine Brenda. « Elle a été tuée par son fiancé, mercredi 12 février, à Ecatepec dans la banlieue de Mexico », raconte-t-elle la gorge serrée. C’est l’un des derniers féminicides d’une liste morbide à rallonge : 1 006 femmes ont été tuées en 2019, un chiffre en hausse de 145 % depuis 2015, selon les autorités.La plupart ont été assassinées par un proche. « On dort avec l’ennemi », soupire Bereniza Gonzalez.

« Apologie de la violence machiste »

A côté, Veronica, étudiante de 24 ans, arbore un maquillage qui couvre son visage et ses bras de faux hématomes. «Le cas d’Ingrid est emblématique de la crise que nous vivons toutes, raconte la jeune femme, venue déposer un bouquet de fleurs au pied de l’autel dressé en l’honneur de la victime devant le lieu du crime. Son corps a non seulement été mutilé par son bourreau mais les détails de cette barbarie ont été rendus publics, le lendemain, par des journaux. C’est de l’apologie de la violence machiste. » Les clichés du cadavre d’Ingrid Escamilla, pris probablement par des policiers ou des médecins légistes, ont été publiés en « une » de plusieurs tabloïds. La vidéo des confessions de son assassin, le torse taché de sang, a largement circulé sur les réseaux sociaux.

Des femmes en colère devant le siège du quotiden La Prensa, le 14 février à Mexico.
PEDRO PARDO / AFP

Si les manifestantes ont rendu hommage à la jeune femme dans le calme samedi à Mexico et dans sept autres États, elles avaient exprimé leur colère la veille devant le siège de La Prensa, dans le centre de la capitale. Trois véhicules appartenant au quotidien à sensation ont été saccagés puis incendiés face au refus du directeur du journal de présenter des excuses publiques. «L’intégrité de la victime a été violée, condamne Siomara, 23 ans, courtière en assurances. L’extrême violence machiste ne peut pas être un produit de consommationQue représentent quelques vitres cassées face aux blessures provoquées par les violences de genre commises en toute impunité ? » (…)

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