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Mexico: L’aéroport, Carlos Slim et Lopez Obrador (Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte)

Construire un gigantesque aéroport international en lieu et place de l’ultime résidu lacustre de l’ancien lac de Texcoco. C’est sur ce pari farfelu que s’édifie, depuis 4 ans déjà, le plus grand projet d’aéroport d’Amérique latine, pour un coût exorbitant de près de 13 milliards d’euros. L’impact environnemental et les dangers d’une catastrophe écologique majeure pour la ville de Mexico sont immenses. Mais pour mieux comprendre ce qui est actuellement en jeu, un retour en arrière s’impose…

Il y a longtemps, bien longtemps, avant qu’Hernan Cortés et ses conquistadores espagnols ne viennent coloniser les terres mexicaines, l’actuelle « vallée de Mexico » était constituée d’un ensemble de lacs, alimentés par les rivières s’écoulant des volcans et des chaînes de montagnes environnantes, abritant une véritable civilisation lacustre de plusieurs centaines de milliers d’habitants, au cœur de l’empire aztèque. Tenochtitlán, capitale de l’empire, était alors construite sur une île protégée par d’énormes digues, tandis que d’autres villes s’éparpillaient sur les pourtours des zones lacustres depuis Azcapotzalco à l’ouest, jusqu’à Texcoco, à l’extrême est, sans compter Coyohuacan, Tlalpan, Iztapalapa, Xochimilco ou bien Chalco, plus au sud. Mais le pouvoir espagnol colonial, avec la volonté explicite d’en finir avec cette civilisation lacustre, s’est obstiné depuis le 16e siècle à évacuer l’eau des lacs de la vallée de Mexico en creusant des canaux vers le fleuve Tula, au nord de la région, dans l’illusoire espoir de mettre la nouvelle ville coloniale de Mexico à l’abri des inondations. Sous la dictature « scientifique » de Porfirio Diaz, à la fin du 19e siècle, le drainage des lacs fut intensifié et poursuivi avant d’en arriver finalement, après la seconde guerre mondiale, à l’assèchement quasi-complet de la vallée suite à la construction d’énormes tunnels sous la ville afin de drainer toutes les eaux de la ville et de les rejeter plus au nord, dans les rivières de l’état d’Hidalgo.

Depuis le début de la période coloniale, la ville de Mexico est donc profondément marquée par l’incroyable stupidité de la gestion des eaux de la métropole : tandis que de nombreuses parties asséchées de la vallée, désormais urbanisées, se trouvent confrontées à des problèmes d’inondations chroniques en période de pluie, un nombre considérable de quartiers se retrouvent confrontés au manque d’eau courante, toutes les eaux de surface étant drainées et évacuées depuis des siècles vers l’extérieur de la ville. Incapables de se recharger, les nappes phréatiques situées sous la mégalopole et ses près de 30 millions d’habitants se retrouvent surexploitées, aboutissant à un affaissement continu de la ville de plusieurs dizaines de centimètres chaque année. Conséquence : la fragilisation et l’effondrement régulier des bâtiments et des infrastructures, le tout démultiplié par la forte activité sismique de cette région entourée de volcans…

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