Ouragans, pandémie, dettes et violence : ce contre quoi les femmes du Honduras se battent (Yamileth González / Capire)

Yamileth Gonzáles est membre du Mouvement Socialiste des Femmes du Honduras et participe à la Plateforme du 25 novembre, qui rassemble plusieurs collectifs féministes du pays. Les deux organisations font partie de la Marche Mondiale des Femmes. Elle parle de la situation des femmes honduriennes face à la pandémie et aux récents ouragans.

Photo: Gilberto Ríos Munguía

“Face à la pandémie et aux phénomènes naturels Eta et Iota, nous, les femmes honduriennes, nous vivons une situation précaire, mais nous entamons une nouvelle lutte contre l’histoire de l’invisibilité de nos droits.”

Le Honduras traverse une situation très difficile, qui s’aggrave depuis mars 2020. En raison de la pandémie, nous étions et nous sommes toujours en confinement, ce qui signifie souvent être sous le même toit que nos agresseurs. À l’intérieur de la maison, nous assumons de nombreuses responsabilités avec nos fils et nos filles et prenons soin de tout le monde, qu’il s’agisse de parents ou de voisins. Les femmes assument la responsabilité du suivi éducatif de leurs enfants à la maison, ce qui entraîne des difficultés dans l’utilisation de la technologie et l’accès à internet. Maintenant il y a aussi des victimes des ouragans Eta et Iota, qui sont dans une situation précaire en raison de l’impact de ces cyclones tropicaux.

De plus, au cours de la dernière année au Honduras, nous avons de nouveau vu comment l’inégalité, la pauvreté, la corruption et la violence poussent nos compatriotes à migrer à la recherche d’une vie meilleure, au détriment de leur propre sécurité. Le régime du président Juan Orlando Hernandez (JOH) estime qu’il peut empêcher les gens d’essayer de migrer en bloquant la frontière et en augmentant l’appareil militaire, afin que notre peuple ne passe pas par les points de contrôle à la frontière avec le Guatemala. Néanmoins, les gens continuent de chercher des moyens de quitter le pays en raison de la situation précaire. Beaucoup d’entre eux ont perdu leurs maisons et quittent le pays avec leurs enfants dans les bras ; ce sont des familles entières qui quittent le pays.

Violence constante

Tout au long de 2020, la hotline pour signaler les cas de violence domestique (911) a reçu plus de 70 000 appels. L’État qui enregistre le plus grand nombre d’appels est celui de Cortés, qui correspond précisément au plus touché par les tempêtes tropicales Eta et Iota. Selon les données du Centre pour les Droits des Femmes, qui visite également les abris du pays, il y a un registre de plus de 37 mille appels de plaintes pour violence domestique, soit une moyenne de 3 711 cas par mois, et 517 appels de plaintes pour violence sexuelle.

Ajoutez à cela les effets des ouragans : il y a dix mille personnes dans des abris surpeuplés, tandis que beaucoup de gens sont dans la rue parce qu’ils n’ont pas pu sauver leurs maisons. Les abris n’ont pas les conditions minimales pour que les femmes et les enfants restent dans les espaces pendant l’urgence. Nous avons fait une incursion aux abris de la région nord du pays, un mois après la catastrophe. Là-bas, les femmes doivent partager les toilettes avec les hommes sans aucune division. Des organisations telles que l’Association Qualité de Vie [Calidad de Vida], qui s’occupe des victimes de violence dans le pays, le Mouvement des Femmes pour la Paix Visitación Padilla [un hommage au nom de la militante féministe Hondurienne de même nom] et le Centre pour les Droits des Femmes de la Région Nord se sont rendus dans les abris pour examiner les plaintes de harcèlement sexuel, commis principalement contre des jeunes filles. Pour les femmes qui ont perdu leurs foyers, cette dure réalité est aggravée par la violence de l’état qui s’intensifie dans le pays depuis des années et se reflète dans les migrations.(…)

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