Au Pérou, la police tue trois indigènes lors de manifestations (François-Xavier Gomez / Libération)

Dans la région amazonienne, très touchée par le Covid, la communauté kukama se mobilise pour obtenir un accès aux soins. Dans le même temps, elle accuse une compagnie pétrolière canadienne de polluer son territoire.

Évacuation de victimes sur les berges de la rivière Ucayali. 
Photo Iquitos Al Rojo. AFP

Dimanche était célébrée à travers le monde la journée internationale des peuples autochtones. En Amazonie péruvienne, la festivité s’est teintée de sang : trois membres de la communauté indigène kukama ont été tués par la police anti-émeutes alors qu’ils protestaient contre la gestion gouvernementale de la pandémie et les abus de la compagnie pétrolière canadienne PetroTal. Dans l’affrontement avec les forces de l’ordre, six policiers et onze autres indigènes ont également été blessés.

Les heurts se sont produits dans la nuit de samedi à dimanche, quand quelque 70 indigènes, armés de lances traditionnelles, ont tenté de pénétrer dans un campement de PetroTal à Bretaña, dans la région de Loreto. La communauté kukama reproche à la compagnie des fuites de pétrole à répétition qui polluent leur environnement, et se sent abandonnée par le gouvernement en pleine crise sanitaire, dans une des régions les plus touchées du Pérou. Les indigènes exigent que l’entreprise canadienne arrête ses activités sur un puits de pétrole qu’ils accusent d’être à l’origine des déversements. Après la tuerie, PetroTal, qui compte une centaine d’employés dans cette zone, a annoncé qu’elle y suspendait ses opérations.

Grande précarité

L’Organisation des peuples indigènes de la région orientale (Orpio), une association représentant les autochtones de l’Amazonie péruvienne, a déclaré que l’attaque visait «la compagnie pétrolière et l’Etat à cause de la négligence et de l’abandon» des indigènes, confrontés à «un manque de traitements et de médicaments» face à l’épidémie de Covid-19. «Nos frères indigènes n’avaient pas d’armes à feu. Ils n’avaient que des lances ancestrales comme moyen traditionnel de défense», a indiqué l’Orpio. (…)

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