Pérou: premier tour électoral dimanche 11 avril en pleine crise sanitaire (revue de presse)

Quelque 25 millions de Péruviens sont appelés à désigner un nouveau président et à renouveler le Congrès dimanche 11 avril. Le pays est l’un des plus durement touchés par la pandémie. Il est aussi très instable sur le plan politique…

Une élection présidentielle sans favori
(Marie Normand / RFI)

Campagne électorale dans le quartier de Villa El Salvador, Lima, le 29 mars 2021. 
AP – Martin Mejia

Les derniers sondages montrent un seul grand favori : le vote blanc ou nul. Il tourne autour de 20-25%. À quelques jours du scrutin, les Péruviens ne savent pas encore pour qui voter, ce qui est assez habituel. Ce qui l’est moins, c’est qu’aucun des 18 candidats à la présidentielle ne se détache pour le moment. « La dernière enquête d’Ipsos Pérou montre que trois candidats dépassent les 10%, mais avec la marge d’erreur, ils pourraient très bien être en dessous des 10%. Il n’y a pas beaucoup d’écart entre les candidats et aucun ne domine largement les intentions de vote », note Arthur Morenas, chercheur en Sciences politiques associé à l’Institut français d’études andines (IFEA) et à l’Institut des Amériques.

Corruption et pandémie

Ce faible engouement peut d’abord s’expliquer par les multiples scandales de corruption, notamment l’affaire Odebrecht, qui ont touché le pays ces dernières années et miné la confiance des Péruviens. « Toute la classe politique, de droite à gauche, a touché des pots-de-vin », rappelle Alberto Vergara, professeur du département de Sciences sociales et sciences politiques à l’université du Pacifique, à Lima. Tous les anciens présidents sont poursuivis ou sont en prison. Six des candidats à la présidentielle et 134 candidats au Congrès, qui sera entièrement renouvelé le dimanche 11 avril, ont aussi affaire à la justice pour des faits présumés de corruption, selon le quotidien La Republica. Pour Arthur Morenas, la corruption reste une préoccupation majeure pour les électeurs, même en pleine pandémie. « La question de la gestion de la pandémie est intimement liée à la question de la corruption. Il y a eu un scandale lié à la vaccination de plusieurs hauts fonctionnaires, dont l’ancien président Martin Vizcarra et sa ministre de la Santé, rappelle-t-il. Pour beaucoup de Péruviens, si la crise sanitaire demeure, c’est qu’il existe des privilèges, des passe-droits, qui font que la population dans son ensemble n’a pas accès au réseau de santé comme il le devrait ».

L’élection maintenue malgré des records de décès liés au Covid-19

Le Pérou affronte actuellement une deuxième vague de Covid-19, avec des records de décès enregistrés ces derniers jours. Quatre candidats à la présidentielle ont été contaminés pendant la campagne et l’un d’entre eux a dû être hospitalisé. Contrairement au Chili voisin, les élections n’ont pas été reportées. Des créneaux horaires sont réservés aux personnes vulnérables, trois fois plus de bureaux de vote qu’en 2016 sont ouverts pour favoriser la distanciation, avec prise de température à l’entrée. « La pandémie a joué sur la campagne. Il y a un malaise, un détachement et une apathie dans le pays qui se transforme en une absence de confiance envers les responsables politique et leur capacité à gérer la crise sanitaire », note Alberto Vergara. Pourtant, les autorités ont exclu de reporter le scrutin. En effet, le ministre de la Santé péruvien a assuré cette semaine que les mesures sanitaires qui seront mises en place le jour du vote répondent aux standards internationaux et que les 25 millions d’électeurs pourront donc aller voter « en toute sérénité » sans craindre de se contaminer. (…)

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Le Pérou s’apprête à voter en pleine crise sanitaire
(Wyloën Munhoz-Boillot / RFI)

Les Péruviens s'apprête à voter alors que le coronavirus fait des ravages dans le pays. À Lima, des habitants font la queue pour remplir leur bonbonne d'oxygène.
Les Péruviens s’apprêtent à voter alors que le coronavirus fait des ravages dans le pays. À Lima, des habitants font la queue pour remplir leur bonbonne d’oxygène. 
© Martin Mejia/AP

Ce dimanche, les élections présidentielle et législatives au Pérou auront lieu dans un contexte sanitaire inquiétant. Quatre candidats à la présidentielle ont d’ailleurs été testés positifs au coronavirus.

Cette semaine, un 4ème candidat à la présidentielle a donc été testé positif au coronavirus. Il s’agit de George Forsyth, ancien joueur de foot professionnel de 38 ans qui est l’un des six candidats favoris à la présidentielle. C’est à travers une vidéo publiée dimanche sur son compte Twitter, où on le voit allongé sur son lit que ce candidat de centre-droit, adepte des mises en scène, a annoncé avoir été diagnostiqué positif au coronavirus, après s’être rendu dans différentes régions du pays dans le cadre de sa campagne électorale. A priori, son état n’est pas grave, mais il va devoir poursuivre sa campagne de manière virtuelle dans la dernière ligne droite avant le scrutin de dimanche.

Une situation sanitaire grave

Et ce n’est pas le premier candidat à la présidentielle à attraper le Covid-19. Trois autres candidats avant lui ont été testés positifs. Le premier a été le syndicaliste et instituteur d’extrême-gauche Pedro Castillo, puis le centriste Julio Guzman et plus récemment le candidat de centre-gauche Ciro Galvez. Âgé de 72 ans, ce dernier a d’ailleurs dû être hospitalisé ce qui l’a empêché de participer en présentiel au débat électoral qui s’est tenu mercredi 31 mars.

Cette situation reflète le grave contexte sanitaire dans lequel vont se tenir les élections de dimanche. Tous les voyants sont au rouge. Le Pérou traverse la phase la plus critique de la pandémie. Avec un nombre de cas et de morts records. Le mois de mars a été le plus mortel depuis le début de l’épidémie. On déplore déjà plus de 100 000 morts, selon le SINADEF, le registre des décès qui inclus les cas suspects de Covid-19, pour 33 millions d’habitants.

Et les chiffres sont en forte hausse ces dernières semaines, notamment en raison de la levée du confinement national début mars et de la présence accrue du variant brésilien. Le système de santé péruvien est donc à bout de souffle. Les hôpitaux sont saturés. Dans plusieurs régions du pays, il n’y a plus de lits en soins intensifs disponibles, ni d’oxygène. Et les experts craignent un regain de l’épidémie d’ici 10 à 15 jours comme conséquences des réunions familiales du week-end de Pâques et des rassemblements liés aux élections de ce dimanche. (…)

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Au Pérou, le défi de Véronika Mendoza est de
transformer le système vermoulu du pays
(Romain Migus / L’Humanité)

Veronika Mendoza, à Lima, le 6 avril 2021. © Sebastian Castaneda/Reuters

Principale figure de la gauche péruvienne, Veronika Mendoza est candidate à l’élection présidentielle du 11 avril. Elle plaide pour une rupture avec l’architecture néolibérale qui a laissé libre cours à la corruption généralisée et qui a conduit le pays andin dans une impasse politique. 

Situation inédite au Pérou, où les sondages placent depuis plusieurs semaines les six principaux candidats – de la gauche jusqu’à l’extrême droite – au coude-à-coude. À la veille des scrutins présidentiel et législatif, la proportion d’électeurs indécis tourne autour de 30 %. Pourtant, la crise sanitaire, économique et institutionnelle a réveillé chez les Péruviens une véritable contestation du système laissé en héritage par la dictature d’Alberto Fujimori (1990-2000). Veronika Mendoza, candidate de la gauche, plaide pour une rupture avec cette architecture néolibérale qui a laissé libre cours à la corruption généralisée. (…)

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