🇵🇪 Le peuple exige la liberté et la démocratie au Pérou (communiqué de France Amérique Latine / 3 février 2023)


Le peuple péruvien vit, depuis le 7 décembre dernier, date de la destitution et de l’emprisonnement du président Pedro Castillo, une aggravation dramatique de la situation des droits humains.

Manifestation du 24 janvier à Lima

Dans ce moment crucial où se joue l’avenir de la démocratie au Pérou, et alors que la population est fortement mobilisée au niveau national, nous tenons à alerter l’opinion publique française, les organisations du mouvement social et syndical, les élu.e.s et parlementaires, de la dérive autoritaire du régime civico-militaire présidé par Dina Boluarte, arrivée à la tête du pays à la suite d’un coup d’état institutionnel.

Son gouvernement transitionnel compte déjà plus de victimes mortelles que de jours d’exercice du pouvoir, sans compter les centaines de bléssé.e.s, pour lesquel.le.s le Parquet a ouvert un dossier sur plainte de génocide. Ce n’est plus un divorce profond avec le peuple péruvien, c’est un abime où tout dialogue s’avère impossible. Comment peut-on déclarer l’état d’urgence et le couvre-feu, envoyer l’armée, criminaliser la protestation, effectuer des arrestations arbitraires, attenter à la vie des citoyens… tout en se réclamant du dialogue social ?

Le 21 janvier, l’occupation brutale par les forces de l’ordre de l’Université Mayor Nationale de San Marcos, la plus ancienne université publique d’Amérique Latine, symbole fort pour tous les étudiants et intellectuels péruviens, nous a renvoyé des images insensées de cette violation de l’autonomie universitaire, de chars blindés enfonçant les portes de l’établissement, d’arrestation arbitraire de plus de deux cents étudiants et paysans venus de province pour participer à la marche du 19 janvier des 4 Suyos, d’interdiction faite aux avocats de pénétrer dans l’enceinte universitaire, … provoquant la marche du 24 janvier d’étudiants, d’enseignants et d’intellectuels appuyés par la CGTP (Confédération Générale des Travailleurs du Pérou).

Ce mouvement possède une puissance et des caractéristiques inédites dans l’histoire sociale du Pérou des trente dernières années, avec une forte présence de populations paysannes quechua et aymara, mais aussi de la région amazonienne, des populations du Nord, de la côte et de la capitale, donnant une dimension nationale à cette révolte populaire, à laquelle se sont joints les travailleurs formels et informels, les petits commerçants, les jeunes et étudiants, amplifiant ce mouvement de protestation et de grève nationale.

Les revendications illustrent un haut niveau de conscience politique : démission de la présidente, fermeture du Parlement, élections anticipées, Assemblée constituante.

  • Nous adressons à nouveau à l’Ambassadeur du Pérou en France, avec de très nombreux signataires et l’appui de parlementaires, notre demande de nous recevoir, restée sans réponse à ce jour.
  • Nous demandons à la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de nous recevoir afin que nous puissions lui faire part des exigences des mouvements sociaux péruviens avec qui nous sommes en étroite liaison.
  • Nous souhaitons que la presse brise le silence et l’invisibilité de la situation péruvienne.

FAL réaffirme avec force sa totale solidarité avec le peuple péruvien en lutte pour ses libertés et une nouvelle Constitution, afin de sortir de cette crise politique inédite.

Bureau national de FAL (3 février 2023)