🇨🇱 Salar d’Atacama, le lithium chilien au cœur de la bataille industrielle (Les lieux de l’éco / France Culture)
Au cœur du désert d’Atacama, le lithium fait du Chili un acteur clé des chaînes d’approvisionnement mondiales. Entre diversification minière, enjeux commerciaux et volonté de souveraineté économique, le pays redéfinit son modèle pour capter davantage de valeur ajoutée.

Émission Entendez-vous l’éco ?, animée par Aliette Hovine avec :
- Marie Forget Enseignante-Chercheure en Géographie à l’Université Savoie Mont Blanc
- Mathilde Allain Maîtresse de conférence à l’IHEAL (Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine), chercheuse au CREDA (Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques)
Dans l’immensité aride du désert d’Atacama, le Salar de Atacama constitue une des plus grandes réserves mondiales de lithium, un métal stratégique qui alimente aujourd’hui les ambitions économiques et géopolitiques globales. Alors que le Chili produit déjà près de 30 % du lithium mondial, il se retrouve au cœur des tensions internationales pour le contrôle des chaînes d’approvisionnement des minerais critiques, indispensables à la transition énergétique. Mais pour le Chili, l’enjeu dépasse l’exportation brute de ce “nouvel or blanc” : il s’agit de capter davantage de valeur ajoutée et de repenser son modèle économique autour d’un secteur minier diversifié.
L’exploitation du lithium, qui s’ajoute à l’historique domination du cuivre, redéfinit l’économie minière chilienne. Comment ce pays, déjà modelé par le “salaire du cuivre”, peut-il exploiter son avantage géologique pour structurer une véritable industrie nationale du lithium, tout en naviguant entre des puissances globales comme la Chine et les États-Unis ? Ces dynamiques soulèvent des problématiques majeures : dans quelle mesure la stratégie chilienne peut-elle renforcer sa souveraineté économique et diversifier son industrie minière ? Quels sont les rapports de force commerciaux et géopolitiques autour de ces ressources ? C’est au croisement de ces questions que se joue l’avenir du Chili, à la fois dépositaire d’une richesse naturelle exceptionnelle et confronté aux défis d’un monde où le contrôle des ressources stratégiques est devenu un terrain de compétition acharnée.
Le salar d’Atacama, berceau du lithium dans une économie industrielle dominée par le cuivre
Marie Forget revient sur la géographie du lithium au Chili, concentrée dans le salar d’Atacama : “au Chili, il y a trois grands “salars” dans lesquels il existe des projets d’exploitation. Le salar d’Atacama, est le salar le plus important du Chili. C’est lui qui contient les saumures avec des concentrations les plus élevées en lithium et surtout, il a un faible taux de magnésium, ce qui va faciliter l’extraction. Pour le moment, le salar d’Atacama représente 100% de la production de lithium chilien, puisque c’est le seul à être exploité. Il existe aussi le salar de Pedernales et celui de Maricunga, qui sont plus petits, mais qui ont tous les deux des potentiels d’extraction futures”.
Mathilde Allain précise par ailleurs que cette industrie naissante du lithium, s’adosse à l’industrie historique du cuivre, pilier de l’économie et considérée comme “le salaire du Chili” : “l’économie chilienne repose encore sur l’économie liée au cuivre. C’est vraiment l’extraction minière historique. Il existe donc un certain nombre d’infrastructures, notamment les ports le long de la côte chilienne (terminaux d’acheminement pour les minerais par exemple), des industries, des fonderies et des raffineries, ainsi qu’un complexe industriel, pour générer de l’énergie, pour faire fonctionner ces mêmes entreprises. Ces entreprises qui sont toutes souvent concentrées au même endroit pourraient en partie être réutilisées pour l’acheminement du lithium, même si ce sont des procédés différents. Le lithium est un métal, alors que le cuivre est un minerai”. (…)
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