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Succès au Pérou : une entreprise renonce à son contrat minier face à la pression citoyenne (Martin Willaume/ Solène Attab/CCFD

Une entreprise canadienne vient de renoncer à un contrat d’exploitation minière dans la région de Cuzco. Cette décision fait suite à une importante pression populaire pour la protection de la Montagne des Sept Couleurs, haut lieu touristique péruvien. Martin Willaume, chargé de mission Pays andins au CCFD-Terre Solidaire, revient sur cette victoire.

Qu’est-ce qui a permis d’obtenir la victoire sur la montagne des sept couleurs ?

Notre organisation partenaire, CooperAcción, a mis à jour la déconnexion totale entre le système d’aménagement du territoire géré au niveau local et les octrois de contrats miniers décidés au niveau national. Le renoncement de l’entreprise à ce contrat d’exploitation a été obtenu grâce à une très forte mobilisation citoyenne et médiatisation du cas. Cette victoire doit être célébrée mais il ne faut pas oublier que l’entreprise canadienne concernée conserve des contrats d’exploitation à quelques kilomètres à peine du site. Pour CooperAcción, il faut désormais aller plus loin dans la préservation de ce site. La création d’une aire de conservation régionale a déjà été envisagée et doit être mise en place.

Que révèle ce cas sur le modèle de gestion territoriale péruvien ?

Pour CooperAcción, les autorités nationales auraient dû interdire le projet dès le départ car il allait à l’encontre des décisions prises localement en matière d’aménagement et de protection du territoire. La concession minière de la montagne des sept couleurs n’est malheureusement pas un cas isolé au Pérou : 14% du territoire est aujourd’hui sous contrat d’exploration ou d’exploitation minière. Certaines régions voient même plus de la moitié de leur territoire occupé par des concessions minières. Or, dans les sites qui ne sont pas aussi célèbres que la montagne des sept couleurs, le levier de la pression populaire ne pourra pas être utilisé. Il est donc essentiel de renforcer les processus de consultation des communautés et les capacités de contrôle des institutions publiques afin de préserver le territoire. Mais le gouvernement n’est pas dans une démarche de remise en cause de son modèle.

Que peut-on espérer de cette victoire pour l’avenir des luttes contre les projets miniers au Pérou ?

Il ne s’agit pas de la première victoire contre un projet minier au Pérou, mais celle-ci a été très médiatisée et a fortement mobilisé l’opinion publique. Elle permet de mettre en exergue l’absurdité du modèle minier péruvien. Elle a permis d’éveiller une conscience citoyenne encore trop peu présente dans le pays. Les populations andines concernées par les projets miniers sont très impliquées dans la lutte pour un changement de modèle, mais le reste des Péruviens, notamment les populations urbaines et côtières, en subissent peu les conséquences et se mobilisent moins. Il est donc permis d’espérer que cette affaire renforce un débat public national sur la question de l’aménagement du territoire, qui avait déjà pu émerger en 2017 après la catastrophe climatique du « Niño costero » qui avait causé la mort d’une centaine de Péruviens et causé des dégâts énormes (…)

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