🇻🇪 Venezuela : élection présidentielle (revue de presse)
Au Venezuela, un mois et demi après le scrutin présidentiel, le parti au pouvoir et l’opposition continuent de revendiquer la victoire. Nicolás Maduro a été proclamé vainqueur avec 52 % des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique. Selon l’opposition, qui a publié sur Internet des copies des procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, dont le pouvoir rejette la validité, son candidat Edmundo González Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 60 % des voix.
Vendredi 23 août, la Cour suprême du Venezuela a validé la réélection de Nicolás Maduro. Dix pays d’Amérique latine – l’Argentine, le Costa Rica, le Chili, l’Équateur, le Guatemala, le Panamá, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, l’Uruguay – et les États-Unis ont rejeté cette décision de la justice vénézuélienne. Nicolás Maduro a, en revanche, été félicité par la Bolivie, Cuba, le Nicaragua, ainsi que par la Chine, l’Iran et la Russie. Dans un communiqué commun publié le 2 août, le Brésil, la Colombie et le Mexique avaient appelé à une « vérification impartiale des résultats». L’Union européenne et l’Organisation des États américains (OEA) ont demandé dans des déclarations distinctes la publication des procès-verbaux. Le Brésil et la Colombie ont également évoqué la tenue de nouvelles élections, proposition refusée par le pouvoir comme par l’opposition. L’annonce de la réélection de Nicolás Maduro pour un troisième mandat a provoqué dans le pays des manifestations, qui ont fait 27 morts, 192 blessés et 2 400 arrestations, selon un bilan des autorités au jeudi 22 août. Le 7 septembre, le candidat de l’opposition Edmundo González Urrutia, visé par un mandat d’arrêt, a quitté le Venezuela et est arrivé en Espagne où il a obtenu l’asile politique. Les députés européens ont décidé jeudi 19 septembre de reconnaître l’opposant Edmundo González Urrutia comme « le président légitime, élu démocratiquement, du Venezuela ». Revue de presse (les articles les plus anciens sont en bas de page).
Venezuela: le Parlement européen «reconnaît» le candidat de l’opposition Gonzalez Urrutia comme «président légitime» (RFI / 19 septembre)
Les députés européens ont décidé jeudi 19 septembre de reconnaître l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia comme « le président légitime, élu démocratiquement, du Venezuela ». Les autorités à Caracas avaient déclaré le président sortant Nicolas Maduro vainqueur de la présidentielle de juillet, mais la plupart de la communauté internationale a déploré le manque de preuves tangibles de la transparence du scrutin. L’opposant Edmundo González Urrutia se trouve toutefois en exil en Espagne.
Dans leur texte adopté en plénière à Strasbourg jeudi 19 septembre, les députés européens invitent les États membres de l’Union européenne à reconnaître à leur tour Edmundo Gonzalez Urrutia comme président légitime du Venezuela. Ils invitent les États également à faire « tout leur possible » pour qu’il puisse « prendre ses fonctions le 10 janvier 2025. » La résolution, sans valeur contraignante, a été adoptée à une majorité de 309 voix contre 201, et 12 abstentions.
Dans ce texte, les députés européens condamnent « la fraude électorale orchestrée par le Conseil électoral national contrôlé par le régime » de Nicolas Maduro, et rappellent que l’élection présidentielle de juillet n’a « pas respecté les normes internationales en matière d’intégrité électorale ».
Ils invitent l’Union européenne et les États membres à reconnaître à leur tour Edmundo González Urrutia comme président légitime du Venezuela, et à faire « tout leur possible » pour qu’il puisse « prendre ses fonctions le 10 janvier 2025 ».
« Nous, les Vénézuéliens, souhaitons la même chose que les Européens : vivre dans la liberté et la démocratie », a déclaré sur X Edmundo González Urrutia, remerciant le Parlement européen pour ce vote.
Tout en dénonçant « l’autocratie du régime Maduro », Raphaël Glucksmann, le leader de la délégation française des socio-démocrates au Parlement européen, a déploré que cette résolution ait été rédigée et soutenue par le groupe de droite du Parti populaire européen (PPE), ainsi que les deux groupes d’extrême droite. (…)
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Venezuela: le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia est arrivé en Espagne (RFI / 8 septembre)
Le candidat de l’opposition Edmundo González Urrutia, qui conteste la réélection de Nicolás Maduro à la présidentielle du 28 juillet, a quitté le Venezuela et est arrivé en Espagne samedi 7 septembre. L’opposant, qui avait trouvé refuge à l’ambassade d’Espagne à Caracas, a obtenu l’asile politique. Les autorités vénézuéliennes lui ont délivré un sauf-conduit « dans l’intérêt de la paix » du pays, comme l’a annoncé la vice-présidente Delcy Rodríguez.
Le Venezuela est en pleine crise politique depuis la réélection contestée de Nicolás Maduro pour un troisième mandat de six ans. L’opposition, qui revendique la victoire d’Edmundo González Urrutia, conteste le scrutin et accuse les autorités de manipulation.
« Aujourd’hui, 7 septembre, Edmundo González Urrutia (…) a quitté le pays. Après s’être réfugié volontairement à l’ambassade d’Espagne à Caracas il y a quelques jours, il a demandé l’asile politique au gouvernement espagnol », a écrit la vice-présidente Delcy Rodríguez sur les réseaux sociaux. Le Venezuela a accordé les sauf-conduits nécessaires dans l’intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays », a-t-elle affirmé.
Le candidat de l’opposition vénézuélienne à la présidentielle de juillet, Edmundo González Urrutia, est arrivé en Espagne dimanche vers 16h00, heure locale, a annoncé le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué. L’avion militaire espagnol qui le transportait s’est posé à la base aérienne de Torrejón de Ardoz, près de Madrid, précise le communiqué.
Après s’être caché pendant plus d’un mois, Edmundo González Urrutia, 75 ans, avait demandé l’asile à l’Espagne. Il a quitté le pays avec sa femme, Mercedes, à bord d’un avion de l’armée de l’air espagnole. Le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Albares a confirmé ce départ sur les réseaux sociaux, affirmant que « le gouvernement espagnol s’engage à respecter les droits politiques et l’intégrité physique de tous les Vénézuéliens ».
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Venezuela : pourquoi les États-Unis pourraient prendre de nouvelles sanctions ? (Luis Reygada / L’Humanité / 3 septembre)
Alors qu’elle continue de revendiquer la victoire à la présidentielle face à Nicolás Maduro, l’opposition voit son candidat visé par un mandat d’arrêt depuis lundi 2 septembre. De son côté, Washington a saisi un nouveau bien de l’État vénézuélien à l’étranger, et pourrait réactiver sa « stratégie de pression maximale », basée sur les sanctions coercitives. Pas de quoi résoudre la crise politique en cours, bien au contraire.
Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet contre Nicolas Maduro, est visé depuis lundi par un mandat d’arrêt de la justice vénézuélienne. Le parquet avait ouvert début août une enquête contre lui – et qui vise aussi la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado – pour « usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois et à l’insurrection, et association de malfaiteurs ».
« Personne n’est au-dessus des lois ni au-dessus des institutions » a déclaré Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire. Vendredi dernier, Gonzalez Urrutia, qui n’a pas été vu en public depuis le 30 juillet, ne s’était pas rendu à sa troisième convocation de la justice qui souhaitait l’entendre au sujet du site internet de l’opposition qui le donne vainqueur de la présidentielle.
Les États-Unis, qui ne reconnaissent pas la victoire de Maduro, ont annoncé lundi avoir saisi en République dominicaine un avion propriété de l’État vénézuélien d’une valeur de 13 millions de dollars. Le gouvernement bolivarien a dénoncé « un acte de piraterie », tandis qu’un porte-parole de la Maison Blanche a indiqué que la saisie constituait « une étape importante » pour que le président Maduro « continue à subir les conséquences de sa mauvaise gouvernance ». (…)
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Venezuela: l’opposition appelle à des manifestations, une société toujours polarisée (Alice Campaignolle / RFI / 28 août)
Au Venezuela, la polémique autour des résultats de la présidentielle ne dégonfle pas, un mois exactement après le scrutin. L’opposition continue de se mobiliser derrière sa dirigeante María Corina Machado, qui a appelé ses partisans à se rassembler mercredi 28 août, dans tout le pays et à l’étranger, pour fêter la victoire revendiquée de son candidat Edmundo González. Mais officiellement, c’est Nicolás Maduro le vainqueur du scrutin, et l’actuel président compte encore beaucoup de partisans dans le pays. Deux camps irréconciliables.
« Je me sens un peu perdu, car on ne sait pas ce qui va se passer avec ces résultats. » Alexander a voté pour Edmundo González il y a un mois, comme tous ses proches. Pour lui, il n’y a pas de doute sur le résultat de l’élection : « Je ne crois pas que Nicolás Maduro ait gagné la présidentielle, mais le Conseil national électoral (CNE) et le Tribunal suprême disent le contraire. Ça ne rend pas le résultat plus légitime, mais bon, ce sont eux qui décident. » Le jeune homme reste donc mobilisé auprès de María Corina Machado et Edmundo González : « Je serai au rassemblement demain, car c’est la seule façon selon moi d’exprimer mon mécontentement face à la situation, je manifeste et pourtant je ne crois pas que l’on parviendra à un changement. »
Cette mobilisation au Venezuela n’est pourtant pas du goût de tout le monde. Rosalia par exemple considère que cela trouble la tranquillité du pays : « Notre peuple veut la paix, et la paix est entre les mains de notre président Nicolás Maduro Morros, héritier de Chávez. » (…)
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Venezuela : un mois après l’élection, pourquoi la situation reste bloquée ? (Luis Reygada / L’Humanité / 28 août)
Pouvoir en place et opposition continuent de revendiquer leur triomphe au scrutin du 28 juillet. Les autorités locales ont ratifié la victoire de Nicolás Maduro. C’est dans ce contexte qu’opposition et madurisme ont de nouveau mesuré leurs soutiens populaires respectifs dans la rue, ce mercredi 28 août, avec des manifestations dans la capitale, Caracas, ainsi qu’en province.
Un mois après la seconde réélection de Nicolás Maduro, le 28 juillet, à la tête du Venezuela, la situation paraît encore très loin d’être débloquée tant opposition et pouvoir en place campent sur leurs positions. Sûrs de leur victoire, avec 52 % des votes et plus d’un million de voix d’avance sur leur principal adversaire, selon le Conseil national électoral, le « madurisme » et ses alliés peuvent compter sur la ratification, jeudi dernier, de ces chiffres par le tribunal suprême de justice – « après une analyse exhaustive menée par des experts nationaux et internationaux » – pour réclamer leur légitimité.
Face à eux, l’opposition, dirigée par l’extrême droitière María Corina Machado, remet toujours en cause ces résultats et revendique la victoire du candidat de la Plateforme unitaire, Edmundo González Urrutia, qui aurait obtenu 67 % des voix. Droite et alliés (parfois de circonstance, comme le Parti communiste vénézuélien) s’appuient notamment sur « plus de 80 % des registres électoraux conservés par les observateurs » – des documents qualifiés de « faux » par le pouvoir – pour dénoncer ce qui représente à leurs yeux une gigantesque fraude électorale.
Une position épaulée par les manœuvres des ennemis traditionnels de la révolution bolivarienne, Washington et ses alliés régionaux en tête, mais aussi renforcée par le rapport d’un groupe d’experts des Nations unies présent sur place. Selon ses auteurs, le CNE n’aurait « pas respecté les mesures fondamentales de transparence et d’intégrité qui sont essentielles à la conduite d’élections crédibles ». « Ce sont des agents payés (par une agence des États-Unis) », a rétorqué le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodríguez, tandis que le Parti socialiste unifié fait bloc autour du président pour dénoncer la « menace fasciste et interventionniste » qui planerait toujours sur le pays, ourdie par l’impérialisme nord-américain.
De leur côté, le Brésil et la Colombie, qui tentent d’impulser une médiation capable de résoudre cette énième crise politique, n’ont toujours pas obtenu des autorités vénézuéliennes qu’elles transmettent des résultats détaillés des élections, seule façon, selon eux, de rétablir « la crédibilité du processus électoral ». (…)
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Venezuela : Maduro, la victoire de trop ? (France Culture / 14 août)
Le 29 juillet dernier, Maduro a été proclamé vainqueur d’une élection contestée, déclenchant des manifestations vivement réprimées. Comment le Venezuela peut-il sortir de cette crise politique et sociale sans issue apparente ? Entretien avec Yoletty Bracho, maîtresse de conférences en science politique à l’Université d’Avignon et Benjamin Delille, journaliste à Libération
Depuis le mois dernier, la répression a fait 25 morts et 192 blessés dans les rues de Caracas suite aux élections présidentielles vénézuéliennes. D’après le procureur général, proche de Nicolás Maduro, le président sortant assure avoir été réélu le 28 juillet dernier sans pouvoir en apporter la preuve. Ce vote contesté s’inscrit dans un contexte où l’opposition au chavisme est soutenue par les États-Unis. Néanmoins, plusieurs États d’Amérique latine, y compris de gauche, appellent aujourd’hui Nicolás Maduro à négocier avec l’opposition. (…)
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Venezuela : pourquoi Nicolás Maduro et l’opposition poursuivent l’escalade ? (Vadim Kamenka / L’Humanité / 7 août)
Dix jours après le scrutin présidentiel, le dirigeant vénézuélien et l’opposition continuent de revendiquer la victoire. Depuis le 28 juillet, une trentaine de personnes auraient été tuées. Une polarisation qui ne cesse de s’accroître. Une issue pacifique pourrait venir de la médiation du Brésil, de la Colombie et du Mexique.
Incarnée par la conservatrice Maria Corina Machado et le candidat à la présidentielle, Edmundo González Urrutia, la droite accuse le pouvoir de fraudes et le président Nicolás Maduro de ne pas avoir été réélu sans apporter de preuves. Convoqué ce mercredi devant le Tribunal suprême de justice (TSJ), pour une audience sur le scrutin, Edmundo González Urrutia n’a pas souhaité s’y rendre. L’ancien ambassadeur a expliqué : « Je mettrai en danger non seulement ma liberté mais aussi, plus important, la volonté du peuple vénézuélien exprimée le 28 juillet. »
Auparavant, dans un communiqué commun, les deux visages de l’opposition ont lancé, lundi, « un appel à la conscience des militaires et policiers pour qu’ils se rangent du côté du peuple et de leurs propres familles ». La réponse des forces militaires vénézuéliennes par la voix du ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, est ferme : « Nous rejetons fermement les propositions désespérées et séditieuses » qui « cherchent à saper notre unité ». Dans cette déclaration publiée mardi, le ministère réaffirme la « loyauté absolue » de l’armée « envers le citoyen Nicolas Maduro Moros (…), légitimement réélu par le pouvoir populaire ».
De plus, quatre journalistes interpellés lors des troubles après les élections ont été inculpés de « terrorisme », a annoncé mercredi le Syndicat des travailleurs de la presse (SNTP). « Nous dénonçons l’utilisation illégale et arbitraire des lois antiterroristes au Venezuela, en particulier contre les journalistes détenus lors des manifestations post-électorales dans le pays », a déclaré, mercredi, le SNTP dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. L’organisation syndicale a également souligné que « le recours à une défense privée » avait été refusé.
Le camp conservateur souhaite faire basculer l’armée de son côté en répétant avoir « les preuves irréfutables » de la victoire d’Edmundo González Urrutia (avec 67 % des voix). Une stratégie qui pourrait faire basculer le pays dans une guerre civile. Mais l’armée reste un garant du mouvement bolivarien au Venezuela, en étant l’un des acteurs de l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez et de la défense de la transformation du pays. Le parquet vénézuélien a réagi en ouvrant une enquête criminelle contre les deux figures de la droite pour « usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs ».
Le Conseil national électoral (CNE), qui avait ratifié vendredi la victoire de Nicolás Maduro avec 52 % des voix, a annoncé lundi soir avoir remis tous les procès-verbaux du scrutin au TSJ. Pour Thomas Posado, maître de conférences en civilisation latino-américaine à l’université de Rouen, « les doutes sur la réélection de Maduro sont permis ou alors le président est un très mauvais communicant. Il semble se servir des institutions pour se maintenir. En donnant les scores détaillés par bureau de vote, cela permettrait de dénouer la crise ». (…)
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Présidentielles vénézuéliennes : « Démocratie dégagiste, tribalisme latino-américain » (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces Latinos / 1er août)
« Dehors ! », dehors Maduro, pour les uns, dehors Edmundo González, pour les autres. Tel est le dénominateur commun des participants aux présidentielles vénézuéliennes du dimanche 28 juillet dernier. Les uns, pour qui l’aurait oublié, partisans du régime bolivarien en place depuis le 1er janvier 1999, sont derrière Nicolás Maduro. Les autres, sous la bannière d’Edmundo González, sont exclus de l’exercice du pouvoir depuis le 1er janvier 1999, pour faire court. Loin d’apaiser par un bulletin de vote les positions contraires, des uns, et des autres, l’élection de dimanche dernier a accru la confusion et les dérives violentes.
La démocratie, au Venezuela comme en France, est censée arbitrer pacifiquement les différends sociaux et politiques par voie électorale. C’est un tel décor démocratique qui a été planté au Venezuela dimanche 28 juillet 2024. De Caracas à Coro, les Vénézuéliens, de sensibilités opposées, ont voté pour choisir à la loyale, leur président. La pluralité de l’offre a bien été au rendez-vous. Les électeurs avaient dix options possibles. Le sortant Nicolás Maduro, aux couleurs du Grand Pôle patriotique, défendait bec et ongles la continuité du régime installé par Hugo Chávez. Neuf candidats concurrents, aux identités diverses prêchaient pour l’alternance : un évangélique digital, un représentant des partis alternant au pouvoir avant le « chavisme ». L’un des prétendants du lot oppositionnel, un vieux monsieur, diplomate à la retraite, Edmundo González, rassemblait sous la houlette de la Plateforme dite unitaire de l’opposition, une palette d’organisations. Les centres de vote étaient en nombre, plus de 15 000, couvrant le territoire national. Tous dotés de machines à voter électroniques, de qualité reconnue par les uns, comme par les autres », vendues par la société argentine ExClé.
L’exercice du devoir de citoyen répondait à un parcours exemplaire : après vérification de son identité par des personnes en « service électoral », tirées au sort, l’électeur derrière une sorte de paravent cartonné, placé devant l’écran de la machine appuie sur le numéro et la photo de son candidat préféré. La boite à voter lui crache alors un bon, confirmant son vote et son choix, charge à lui de mettre ce bulletin dans une urne classique, avant d’émarger sur la liste des inscrits. Le tout sous la surveillance de représentants des différents candidats, dont les noms ont été préalablement signalés à l’organisme chargé de l’organisation de la consultation, le CNE, Conseil national électoral. Les bordereaux établis par les bureaux de vote, après vérification du parallélisme entre votes enregistrés par la machine et décompte manuel des bons validant vote et choix des électeurs, sont alors envoyés au CNE, qui centralise les résultats, puis les annonce : cette fois-ci la victoire de Nicolás Maduro avec 51,2 % des voix, devant Edmundo González Urrutia, 44, 2 %.
Derrière un décor et un rituel démocratiquement « nickels », au matin du 29 juillet, les noms d’oiseau ont fusé de part et d’autre. Le sortant, Nicolás Maduro, s’est proclamé vainqueur après comptabilisation de 80 % des suffrages exprimés. Le candidat de la Plateforme unitaire s’est lui proclamé élu, en raison de la fraude. Chacun avec ses chiffres a dénoncé avec vigueur l’adversaire, comme un truqueur démocratique. Le voltage critique est rapidement monté. Les manifestations des opposants ont été réprimées par les polices, avec un bilan encore ouvert de victimes mortelles et de blessés. Que croire ? Le camp officiel, bolivarien, et l’autre, celui de ses détracteurs, ont tous deux un passif de mauvais joueur. (…)
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Venezuela : ce qu’il faut savoir après la réélection de Nicolás Maduro, rejetée par l’opposition (Clémentine Eveno / L’Humanité / 29 juillet)
Le président sortant Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, a été réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela, dimanche 28 juillet, selon les résultats donnés peu après minuit par le Conseil National Électoral (CNE). Tandis que l’opposition revendique la victoire, les résultats ont été vivement critiqués sur la scène internationale.
Une victoire contestée. Le président sortant Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, à la tête de la coalition Grand pôle patriotique, a été réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela, dimanche 28 juillet, selon les résultats provisoires, donnés peu après minuit par le Conseil National Électoral (CNE) auprès de l’AFP. Un résultat vivement contesté par l’opposition qui revendique la victoire.
Nicolás Maduro a obtenu 51,20 % des suffrages, avec 5,15 millions de voix, devançant le candidat de la droite radicale, la Plateforme Démocratique Unitaire (PUD) Edmundo González Urrutia, avec un peu moins de 4,5 millions (44,2 %), après le dépouillement de 80 % des bulletins et une participation de 59 %, selon des résultats provisoires donnés par le CNE à l’AFP, à ce jour, lundi 29 juillet au matin.
Des milliers de manifestations se sont opposés à cette victoire, lundi 29 juillet, « dans plusieurs quartiers pauvres de Caracas ». « Au moins une personne a été tuée dans (l’État de) Yaracuy (nord-ouest) et 46 personnes sont détenues » à la suite des événements post-électoraux, a écrit sur X Alfredo Romero, directeur de l’ONG Foro Penal, spécialisée dans la défense des prisonniers politiques
Le président du CNE Elvis Amoroso a qualifié cette victoire d’« irréversible ». L’homme de confiance du pouvoir avait, avant d’occuper ce poste, notamment déclaré plusieurs dirigeants de l’opposition comme inéligibles quand il était contrôleur des comptes.
À l’inverse, l’opposition revendique la victoire et refuse les résultats proclamés dimanche 28 juillet au soir. « Nous avons gagné » avec « 70 % des voix », « le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo González Urrutia », a aussitôt déclaré la cheffe de l’opposition, figure de proue de la droite radicale María Corina Machado. Elle n’avait pu se présenter car déclarée inéligible par le pouvoir et a fait campagne pour Edmundo González Urrutia, un diplomate discret qui l’a remplacée au pied levé.
« Nous savons tous ce qui s’est passé aujourd’hui. Et lorsque je dis que tout le monde sait, je commence par le régime lui-même », a assuré l’opposante. « Toute la communauté internationale le sait, même ceux qui étaient autrefois des alliés » a-t-elle poursuivi. (…)
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Pour rappel, voir :
– notre communiqué du 7 août : Élections contestées au Venezuela (communiqué du Bureau National de France Amérique Latine)
– notre revue de presse du 8 juillet : Venezuela : vers des élections présidentielles déterminantes (Christophe Ventura – IRIS / Luis Reygada – L’Humanité / Benjamin Delille – Libération)
– cette émission du 25 juillet : Venezuela : la fin du chavisme par les urnes ? (Entretien avec Yoletty Bracho et Thomas Posado / France Culture)