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ACTUALITES
BOLIVIE HUMILIATION PUBLIQUE EN BOLIVIE
PAYSANS INDIGÈNES VIOLENTÉS
Le 24 mai 2008, à Sucre en Bolivie, avait lieu la commémoration du premier
soulèvement contre l’Espagne coloniale, pendant laquelle le Président de la
République Evo Morales Ayma devait rencontrer des délégations paysannes
et leur remettre des fonds pour divers projets de développement. La rencon-
tre n’a pu avoir lieu car des groupes d’opposants du Comité Interinstitutionnel,
des Comités civiques et des étudiants de la « Union Juvenil Cruceñista » (extrême
droite) ont attaqué à coup de pierres les paysans indigènes.
© Renata Molina
Place centrale
du 25 mai, Sucre,
Bolivie. C’est là de plus en plus radicale, voire fasciste, de ses
que tous les actes opposants. Depuis la création d’une nouvelle
racistes ont eu assemblée constituante, les nationalisations
lieu, soit devant et les réformes en faveur des pauvres, des in-
la Casa de la
Libertad (siège digènes et des paysans, la minorité s’est faite
des autorités). de plus en plus virulente contre le pouvoir en
place faisant ressurgir un racisme anti-indigè-
ne que l’on croyait dépassé.
Suite à ces événements récents, la fondation
Après les avoirs roués de coups, ces groupes Danielle Mitterrand, le MRAP, le CETIM et le
d’opposants ont forcé une cinquantaine WILPF ont déposé une motion auprès du Con-
de paysans à se mettre torse nu et les ont fait seil des droits de l’homme à Genève le 6 juin
défiler dans la rue les poings liés. Arrivés à la 2008, l’appelant à « intervenir promptement
place centrale du 25 mai, ils ont dû se mettre à pour sauver la démocratie en Bolivie ».
genoux. Et tandis qu’ils étaient insultés et mal- Anaïs Legrand
traités, les groupes d’agresseurs ont brûlé leurs Etudiante en Affaires Internationales
drapeaux et leurs habits traditionnels face à
une foule immobile. Durant cette journée, une
cinquantaine de paysans (femmes et enfants
compris) ont été blessés, et certains torturés. AUTONOMIE DES RÉGIONS DE LA « DEMI-LUNE »
C’est dans un climat de violence de plus en
plus important qu’Evo Morales a décidé de Depuis mai 2008, le Président de la République Evo Morales
convoquer un référendum révocatoire le 10 Ayma fait face à de nouvelles attaques de la part de ses oppo-
août prochain. Ce référendum mettra en jeu sants. Ces derniers ont déclaré successivement l’autonomie des
les mandats du Président de la République, du régions de la « Demi-lune » (Beni, Pando, Santa Cruz et Tarija)
vice-président et des neufs préfets (gouver- après des référendums illégaux dont les résultats étaient favo-
neurs) du pays (dont certains appartiennent rables à la mesure (entre 80% et 85% de « oui »). Ces résultats
à l’opposition). Ce référendum est d’ailleurs cachent, non seulement une grande abstention (entre 38% et
réclamé par l’opposition qui voit là un moyen 41%), mais également de nombreuses pressions qu’auraient su-
de destituer le Président. Ce dernier, quant à bies les ouvriers des grandes propriétés. Les séparatistes – riches
lui est presque sûr de remporter ce vote, qu’il industriels, grands propriétaires, universitaires et hommes poli-
veut démocratique et opposé à la violence tiques - voient dans ce processus un moyen de déstabiliser le
pouvoir en place et ainsi empêcher les nationalisations et multi-
ples réformes engagées par le gouvernement dans ces régions
Consulter la lettre ouverte d’Evo Morales, président de possèdant les principaux gisements d’hydrocarbures ainsi que
Bolivie, sur la « directive retour » de l’Union européenne : la plupart des terres fertiles agricoles.
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