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EDITORIAL

   « LA MÉMOIRE NE SE REND PAS, LA MÉMOIRE FAIT SON TRAVAIL »

Du 13 au 16 mai 2008, Lima accueillait le Sommet des Peuples, organisé par le réseau bi con-
tinental Enlazando Alternativas face au Sommet ALC UE, réunissant Chefs d’Etats et des gou-
vernements d’Amérique Latine, de la Caraïbe et de l’Union européenne.
Pour cette troisième édition, Enlazando Alternativas 3, rassemblait organisations sociales, po-
litiques et populaires, de travailleurs, de migrants, de communautés paysannes et indigènes,
de mouvements de femmes, de jeunes et de mouvements syndicaux d’Amérique Latine, de
la Caraïbe et d’Europe, qui ont répondu présentes, malgré les grandes difficultés posées par le
gouvernement péruvien d’Alan Garcia. Quinze jours avant le rassemblement, rien ne garan-
tissait le bon déroulement de l’expression démocratique des peuples.
Plus de 15 000 participants ont pourtant fait le déplacement pour participer à la réflexion
collective, autour d’une intégration pensée « par et pour les peuples ». Six membres de France
Amérique Latine ont notamment animé plusieurs ateliers thématiques.

Le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) - point d’orgue du Sommet - a effectué un saut
qualitatif indéniable depuis la première session de Vienne (Autriche) en 2006. Cette seconde
édition, qui avait pour finalité la mise en accusation de vingt transnationales européennes
(dont deux françaises, Veolia et Suez) en Amérique latine et Caraïbe pour les conséquences
sociales et environnementales de leurs activités, a entendu près de 24 cas de violations de
droits de l’homme en l’espace de deux jours.
Parmi les multinationales accusées présentes au Pérou, figuraient l’entreprise d’exploitation
minière Rio Blanco Copper (Majaz), la firme agroalimentaire norvégienne Camposol (Dyer), et
le groupe agrochimique allemand Bayer, accusé d’avoir empoisonné 44 enfants de la région
de Cuzco, dont 24 sont décédés après avoir ingéré un aliment contenant l’un de ses produits
insecticides.

En France aussi, le mois de mai se voulait riche. En effet, du 19 au 23 mai 2008, la Cour d’Assi-
ses de Paris devait être le théâtre du procès contre 15 des hauts responsables de la dictature
chilienne, pour la disparition et actes de tortures à l’encontre de quatre militants français de
gauche (Alfonso Chanfreau, Jean Yves Claudet, Georges Klein, Etienne Pesle). Quelques jours
avant l’ouverture de ce procès emblématique, historique et symbolique, le Parquet annonçait
par un communiqué le report de ce dernier, en raison de difficultés relatives aux citations
diffusées dans plusieurs pays étrangers. Quelle frustration fut la nôtre ! Nous attendions ce
procès depuis des années, pour ne pas dire des décennies.
Ce procès permettra de mettre publiquement en évidence les mécanismes de répression et
la mise en lumières des années noires de la dictature du Général Pinochet.
Mais la soirée d’information du 19 mai, dans l’Hémicycle du Conseil Régional d’Ile de France,
organisée par FAL et l’association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens – France (AEXPPCH),
avec le soutien de la vice présidence chargée de la démocratie régionale en Ile de France, a
permis de redonner une dynamique à la mobilisation future de ce procès.
Ce n’est que partie remise, FAL sera prête, nous serons prêts ! Pour accompagner les familles
des victimes, pour donner enfin un tombeau aux victimes, pour réclamer Vérité et Justice.

« La mémoire ne se rend pas, la mémoire fait son travail », avais-je dis, en 2004, lors d’un hom-
mage aux victimes du Coup d’Etat chilien de 1973. C’est toujours vrai.

Sur tous les fronts, France Amérique Latine poursuivra inlassablement son devoir de
mémoire.

                                                                                                      Renata Molina
                                                                                           Chargée de projets à FAL

                                                                            3
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