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HORS-SÉRIE 2016
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HORS-SÉRIE 2016
FACE AUX GRANDS MÉDIAS PRIVÉS,
DES ALTERNATIVES
Dans un monde dominé par la globalisation marchande et ses monopoles médiatiques, des contre-pouvoirs
se développent. Depuis le début du XXI ème siècle, un espace pour des moyens d’information publics et à but
non lucratif, et surtout des médias alternatifs et communautaires, s’est ouvert. Et on voit se multiplier les
initiatives citoyennes donnant la parole à ceux qui étaient exclus jusqu’alors des médias traditionnels. Il
s’agit d’une information faite pour et par les classes populaires qui se sont emparées de nouveaux outils
tels que la radio et la télévision. Au Nicaragua, au Venezuela, en Bolivie, des communautés paysannes et
indigènes, des mouvements féministes font entendre leurs voix et ébranlent la toute puissance des médias
traditionnels.
Photo : Maurice Lemoine.
Un « médiactivisme » au féminin :
le cas des radios communautaires féministes au Nicaragua
Le Nicaragua est probablement le pays d’Amérique centrale où le mouvement
féministe est le plus dynamique. Cependant, au vu des antagonismes qui l'opposent
au parti sandiniste, le mouvement des femmes s'est orienté vers la communication
communautaire, se munissant de radios qui lui sont propres, ou à défaut, de
programmes radios, pour revendiquer les droits des femmes et surtout, combattre les
violences masculines au niveau local. Quelques exemples…
Le micro : un outil de résistance du était enfant, la figure mythique du hostile. On peut comptabiliser quatre
mouvement des femmes héros révolutionnaire se décompose. radios communautaires féministes
Ce scandale ainsi que les chiffres et des dizaines d’émissions de
La révolution sandiniste a été pour alarmants de la violence masculine femmes qui émettent sur les ondes
beaucoup synonyme de transformation envers les femmes – une femme nicaraguayennes. La plupart de ces
sociale, de justice et de démocratie. nicaraguayenne sur deux a été victime expériences sont la voix d’un collectif
L’adoption de sa constitution de violences conjugales et une femme féministe, le plus souvent implanté
particulièrement progressiste en avait sur quatre abusée sexuellement avant en zone rurale. Les militantes ont en
fait un symbole pour l’égalité de genre. ses 18 ans – montrent bien l’enjeu effet compris l’importance de l’outil
Cependant, bien que les femmes aient auquel s’attaquent les féministes radiophonique pour la diffusion de
conquis de nombreux droits grâce à du Nicaragua. En 2006, la rupture leurs revendications.
la révolution et au FSLN, les années avec le parti atteint un point de non-
quatre-vingt ont également signifié retour bien que nombre de militantes « Palabra de Mujer » : une radio contre
pour la construction de leur cause un féministes soient d’ex-guérilleras ou les violences conjugales
véritable éloignement vis-à-vis d’un des sympathisantes du FSLN. Trois
parti majoritairement dominé par jours après son élection à la tête du À Bocana de Paiwas, au cœur du
les hommes. Au fil de la décennie, gouvernement, le président Ortega Nicaragua, après le passage de
cette distanciation sera marquée par interdit l’avortement thérapeutique l’ouragan Mitch en 1998, le pont qui
la création de nombreux collectifs - même en cas de viol ou de danger reliait le village au reste du pays fut
de femmes. Ces derniers articulent pour la santé de la mère ou de l’enfant détruit, laissant ainsi cette zone sans
leur militance autour d’enjeux - qui représentait pourtant un acquis possibilité de communiquer. Alors les
communs, principalement l’autonomie de la révolution. Le mouvement membres de la Casa de la Mujer ont vu
organisationnelle et la reconnaissance féministe entre ainsi en conflit ouvert germer l’idée d’une radio locale où les
des violences familiales et conjugales, avec le gouvernement. Bien que les femmes pourraient prendre la parole.
jusqu’alors toujours considérées premières radios communautaires et Palabra de Mujer, une radio féministe,
comme un trait propre à l’ennemi programmes féministes apparaissent paysanne, communautaire et laïque, a
somoziste. Pourtant, en 1998, lorsque dès les années 90, leur travail ainsi vu le jour.
Zoilamérica Narvaez, fille adoptive d’éducation et de dénonciation a En 2001, reprenant le terme dont
de Daniel Ortega, actuel président du toujours du sens aujourd’hui, d’autant on les affublait lors de la création
Nicaragua (2006-2016), dénonce son plus que le contexte politique et de l’association, les militantes de la
beau-père pour l’avoir violée lorsqu’elle social leur est chaque jour plus Casa de la Mujer créent la radio et son
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