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DOSDSOISESRIER              LA BOLIVIE,
                 A LA CROISEE DES CHEMINS

              Dossier coordonné par Renata Molina, membre du Bureau National, et Sarah Pick, déléguée générale de FAL.
              Durant son premier mandat (2005-2009), Evo Morales, premier président indigène à la tête du pays le plus pauvre d’Amérique
              latine, a mis en œuvre d’importantes réformes (nationalisations, réforme agraire, nouvelle constitution, reconnaissance des
              peuples indigènes…) en rupture avec les politiques néolibérales mises en place par les gouvernements précédents. Ces réfor-
              mes, soutenues par les mouvements populaires, ont été appliquées dans un contexte difficile laissant craindre l’éclatement du
              pays du fait des velléités sécessionnistes des départements les plus riches du pays, la Media Luna.
              Un an et demi après la réélection fin 2009 d’Evo Morales avec 64.2 % des voix, l’élan révolutionnaire du premier mandat sem-
              ble s’essouffler. Face à ce reflux, l’influence du lobbying des multinationales étrangères et les pressions de l’agro-industrie de
              Santa Cruz sont grandissantes. En témoignent les mesures prises au cours des derniers mois tels le décret 748, le Gasolinazo,
              qui annonçait une augmentation sans précédent des prix de l’essence et la proposition soutenue par certains secteurs du MAS,
              le parti d’Evo Morales, d’amplifier l’utilisation des semences transgéniques. Des voix s’élèvent contestant ces dérives et, pour
              la première fois depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, des manifestations ont mobilisé de larges secteurs populaires.
              Des divergences apparaissent dans le mouvement social et au MAS sur le modèle de développement à emprunter. La Centrale
              Ouvrière Bolivienne (COB) dénonce un gouvernement qui peine à concrétiser ses promesses d’industrialisation tandis que cer-
              taines organisations indigènes revendiquent des mesures en contradiction avec ce schéma productiviste. Pris en tenaille entre
              aspirations écologiques et difficultés à industrialiser un pays très pauvre et dépendant du marché mondial, le gouvernement
              lui-même oscille.
              Dans ce contexte, l’espoir réside, une nouvelle fois, dans la capacité des mouvements sociaux à s’organiser, à se restructurer
              pour peser sur le gouvernement et définir ensemble le chemin à prendre pour l’avenir du pays. Sinon les multinationales et la
              Media Luna vont de nouveau avoir la mainmise sur le pays. La reconstitution du Pacte d’Unité des organisations paysannes et
              indigènes (voir encadré page 17) semble représenter une réponse - encore très partielle - à ces nouveaux défis.

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