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EDITORIAL

         EN AMÉRIQUE LATINE : UNE DROITE OFFENSIVE... AVEC LA COMPLICITÉ DES MEDIAS
2014 est et sera une année électorale dans de nombreux pays d’Amérique latine.
Mais l’expérience montre que les oligarchies supportent mal de perdre le pouvoir par les urnes et sont prêtes à
tout pour le récupérer ou le conserver, d’autant plus que ce sont elles qui continuent à dominer sur le plan écono-
mique et médiatique. De nombreux exemples récents montrent que les forces de droite se consolident et mènent
l’offensive, utilisant de plus en plus souvent des méthodes qui ne sont pas sans rappeler celles qui ont mené au
Coup d’État de Pinochet en 1973.
En Colombie, la campagne électorale législative s’est déroulée dans un climat de violence exercée par les groupes
paramilitaires contre les militants des droits humains et de l’opposition. Elle a été marquée par la scandaleuse
tentative de destitution du maire de Bogotá, et de nombreux cas d’assassinats, de tortures, de menaces contre
des dirigeants communautaires et paysans, des représentants associatifs, syndicaux et politiques. Cette vague de
violence nous ramène à l’épisode sanglant de l’extermination de l’Union Patriotique dans les années 1980. Elle
contredit les annonces en faveur de la paix affichées par le gouvernement et risque fort de se prolonger jusqu’à
l’élection présidentielle prévue en mai, et bien au-delà, dans l’indifférence des médias internationaux, bien plus
prompts à semer le doute sur l’honnêteté des scrutins lorsque ce sont des partis progressistes qui l’emportent.
Au Salvador, dont il est question dans un article de ce FAL Mag, c’est un fondateur historique du FMLN qui vient
d’être élu à la présidence de la République, sur un programme d’approfondissement des programmes sociaux
de son prédécesseur. L’élection d’un ancien guérillero ne convient bien entendu pas à la droite qui a crié à la
fraude : or, la victoire de Salvador Sánchez Cerén, certes très serrée, a été reconnue par de nombreuses missions
d’observation. L’ex-candidat du parti Arena tente de rejouer le scénario vénézuélien d’avril 2013 en appelant à la
contestation des résultats dans la rue.
Au Venezuela, on sait depuis longtemps que l’opposition de droite rêve de mettre fin au processus bolivarien qui,
depuis 1998, a transformé radicalement le pays et a gagné 18 scrutins sur 19, reconnus par l’ensemble des insti-
tutions mondiales. Face à son incapacité à reprendre le pouvoir légalement, la droite a recours aux plus mauvais
coups, avec l’aval des gouvernements des États-Unis et de Colombie, et l’appui de campagnes médiatiques natio-
nales et internationales : tentative de putsch contre Hugo Chávez en avril 2002, « lock out » patronal et sabotage
industriel en 2002/2003, guarimbas (barricades) organisées par la jeunesse dorée en 2004, calomnies à chaque
épisode électoral, organisation de pénuries, spéculation financière, assassinats de dirigeants paysans, violences
en avril 2013 après l’élection de Nicolás Maduro… C’est dire si le nouveau coup de force en cours depuis février a
un air de « déjà-vu » ! Mais il se distingue par sa durée et son extrême violence : neuf districts municipaux (sur les
335 du pays), dirigés par des maires d´opposition, sont en proie à une guérilla urbaine menée par le courant le plus
réactionnaire de la droite et les secteurs fortunés qui ont décidé de ne pas attendre les prochaines échéances élec-
torales et cherchent à renverser le gouvernement en instaurant le chaos et un climat insurrectionnel. On déplore
une trentaine de morts, des centaines de blessés et la destruction de nombreux centres sociaux et médicaux,
bâtiments officiels, universités, transports publics…
La plupart des victimes des deux camps ne sont pas dues à la répression policière mais aux actions violentes de
l´opposition ; des policiers soupçonnés de brutalités ont d’ailleurs été mis en examen. Or, la majorité des médias
privés nationaux et internationaux, manipule l’information, en attribuant au gouvernement la responsabilité des
exactions et en cachant les motifs réels des manifestants. « La violence fait chanceler le Venezuela », « le Venezuela
en crise », « l’Ukraine de l’Amérique latine », «les Vénézuéliens dans l’impasse du chavisme » «le Venezuela glisse vers la
dictature » : les titres des grands journaux étasuniens et européens, les reportages télévisés, les débats de « spé-
cialistes» rivalisent de lieux communs pour tenter de nous faire croire qu’il s’agit là d’une révolution populaire, ou
d’un mouvement étudiant mené par une jeunesse pacifique en butte à une répression féroce.
Tous les organismes qui regroupent les pays d’Amérique latine, ainsi que le Mouvement des Pays Non-alignés, ne
s’y sont pas trompés : ils ont condamné la violence des groupes factieux et l’ingérence étrangère et ont manifesté
leur appui à la démocratie vénézuélienne.
On attend encore que la France et l’Union Européenne fassent de même !
Il ne s’agit pas pour FAL d’accorder un blanc-seing au gouvernement vénézuélien qui peine à approfondir les
transformations structurelles dans le pays et tarde à s’attaquer efficacement aux difficultés économiques dont
le peuple subit les conséquences. Le mécontentement et la déception existent aussi du côté bolivarien et nous
devons être attentifs aux voix critiques qui s’expriment dans les mouvements populaires.
Mais c’est bien la droite la plus radicale qui est à la manœuvre actuellement et face à sa violence, face à la guerre
médiatique qui se déchaîne à l’échelle mondiale, nous devons développer la solidarité internationale avec la Ré-
volution Bolivarienne et créer des espaces de contre-information. Nous vous invitons donc à compléter la lecture
de ce nouveau FAL Mag par la consultation régulière de notre site (www.franceameriquelatine.org) et de celui de la
Plateforme de ré information sur le Venezuela (http://vivavenezuela.over-blog.com).

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                                                                                   FAL Marseille - Bureau national de FAL
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