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ACTUALITES

                          Retour sur le procès de la junte chilienne à Paris

«Un procès historique, emblématique,
                   symbolique et universel»

  Malgré la mort, en 2006, du Général Pinochet, jamais condamné, un procès a enfin eu lieu
  fin 2010 devant la cour d’assises de Paris – la plus haute juridiction criminelle française –,

              mettant en accusation plusieurs hauts responsables de la junte militaire chilienne.
  Pour comprendre cet événement judiciaire, fruit de plusieurs décennies de mobilisations de
  familles de disparus et d’associations dont FAL, nous avons passé un moment avec Renata
  Molina Zuñiga Donabin, vice-présidente de l’association d’ex-prisonniers politiques chiliens

          en France (AEXPPCH) et membre du bureau national de France Amérique latine (FAL).

Pourquoi un procès de responsables de                               Illustration de Véronique Huyghe pour l’AEXPPCH France
la junte militaire chilienne en France ?
                                               tion pour la Défense et la Promotion des
Le procès contre des responsables mili-        Droits du Peuple (CODEPU) du Chili. Les
taires et civils de la dictature chilienne a   accusés étaient tous des personnes qui
eu lieu à Paris du 8 au 17 décembre, à la      ont participé à l’arrestation et à la dispa-
suite du dépôt de plaintes des familles        rition : des militaires mais aussi des civils
des quatre Franco-Chiliens disparus entre      chiliens et argentins. Ils ont été jugés «en
septembre 1973 et octobre 1975. Il s’agit      absence», comme le permet la justice fran-
de Jorge Klein, militant socialiste et pro-    çaise, puisqu’ils ont pris le parti de ne pas
che collaborateur du Président Salvador        reconnaître ce procès.
Allende, d’Estienne Pesle, fonctionnaire
et acteur de la réforme agraire, d’Alfonso
Chanfreau et de Jean-Yves Claudet, tous
deux militants du MIR (Mouvement de la
gauche révolutionnaire).

Tous les quatre sont des détenus disparus
et, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas
de réponses sur tout ce qu’il s’est passé
après leur arrestation, même si le procès
a permis de faire la lumière sur de nom-
breux aspects de leur détention et des té-
moignages quant à leur disparition.

Peux-tu nous présenter brièvement
parties civiles et accusés ?

Les parties civiles étaient en premier lieu
les familles. À leur côté, il y avait l’AEXP-
PCH, FAL, la Ligue des Droits de l’Homme
(LDH), la Fédération internationale des
droits de l’homme (FIDH) et la Corpora-
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