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Les pénaltys du développement...
Le Brésil, pays du football, sera le centre de toutes les attentions de la part des medias internationaux
en cette année 2014 puisqu’il accueillera la Coupe du Monde de la Fifa. Il est vrai que le pays attirait
déjà tous les regards grâce à sa trajectoire de développement. Durant cette dernière décennie, l’écono-
mie a progressé malgré la crise qui afflige les pays riches ; les politiques sociales du gouvernement du
Parti des Travailleurs ont soustrait à la pauvreté une partie importante de la population en réduisant
les inégalités; la population a pu ainsi accéder à la consommation.
DOSDSIOESSRIER Des services publics de base ont été mis en place Le Brésil figure actuellement parmi les cinq plus
pour que le pays propose de meilleures conditions grandes destinations mondiales des fonds d’inves-
de vie. Ils demandent néanmoins une attention tou- tissements internationaux. L’industrie brésilienne
te particulière dans le contexte actuel. La mobilité réunit des producteurs de voitures, machines agri-
urbaine apparaît comme l’un des principaux pro- coles, cellulose, aluminium, fer, avions et secteur na-
blèmes dans des grandes villes comme des petites ; val. Elle est classée en troisième position mondiale.
les points critiques des infrastructures continuent à fa- L’agro-industrie brésilienne maintient sa position
voriser l’augmentation du coût de la vie et des prix de leader mondial de la production de soja, viande,
des produits fabriqués au Brésil, affectant sa compé- café, oranges, sucre et éthanol. Le début des activi-
titivité au niveau international. La population qui a tés d’extraction du pétrole issu de la couche « de
obtenu l’accès à l’université, aux crédits et aux biens pré-salé » promet d’assurer l’autosuffisance énergé-
de consommation est descendue dans les rues pour tique du pays et le place parmi l’un des plus grands
revendiquer des services publics de qualité et une producteurs au monde. Et alors que les pays plongés
amélioration des conditions de vie. L’opinion publi- dans la crise ont perdu 60 millions de postes de tra-
que est contrôlée par des grands groupes de com- vail depuis 2008, selon l’OIT, le Brésil a réussi quant à
munication conservateurs, mais ceux-ci perdent du lui à créer 10,5 millions de nouveaux postes ; cela lui
terrain chaque jour grâce à internet et aux réseaux a permis d’arriver à un taux de chômage de 4,8%, le
sociaux. Le Brésil serait-il un géant endormi se ré- niveau le plus bas de son histoire, avec une écono-
veillant d’un sommeil profond afin d’occuper l’es- mie de plein emploi.
pace qui lui est dû sur la scène internationale ? Ou, Sur le plan social, le programme Bourse Famille
passée la catharsis footballistique, tout redeviendra- connaît une visibilité internationale. Il apporte une
t-il comme avant ? rente à environ 16 millions de Brésiliens dont le reve-
Pendant que le monde plongeait dans la crise éco- nu familial per capita mensuel est inférieur à 70 Réais
nomique et financière de 2008, imposant des me- (environ 30 USD). Au-delà du transfert de ressources,
sures politiques d’austérité, le chemin choisi par le le programme a pour objectif de permettre l’accès
pays privilégie le recours au modèle de développe- aux droits sociaux élémentaires dans l’éducation, la
ment avec de l’inclusion sociale qui était adopté de- santé et l’assistance sociale, à l’inclusion productive
puis les premières années du gouvernement Lula da et aux programmes complémentaires qui favorisent
Silva. Sur le plan économique, de 2003 à 2014 le PIB le développement des familles, de façon à permettre
brésilien a été multiplié par 4,4, dépassant les 2200 aux bénéficiaires de surpasser leur situation de vul-
milliards de dollars US. Le commerce extérieur qui nérabilité.
pesait 108 milliards de dollars par an il y a onze ans, En ce qui concerne l’éducation, le pays a triplé son
dépasse aujourd’hui les 480 milliards. effort fédéral et a approuvé une loi qui ponctionne
75% des revenus issus de l’exploitation pétro-
lière pour assurer de nouvelles réserves pour
ce secteur (les 25% restants seront destinés à
la santé). Les places dans les universités brési-
liennes ont été doublées pour arriver au chiffre
de 7 millions d’inscriptions. Il est bien vrai que
les investissements dans la structure des insti-
tutions éducatives n’existaient pas auparavant
et, aujourd’hui, les universités font face à des
problèmes qui remettent en cause la qualité
de l’enseignement public.
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