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Mobilisation de décembre 2013 (photo de Pablo Vergara).
la diminution des coûts de production de l’indus- DOSSIER
trie de biens durables et, de l’autre, l’amplification
Par contre, une partie de plus en plus nombreuse du recours au crédit pour stimuler la consomma-
de la population a gagné l’accès aux cercles uni- tion. L’industrie automobile et d’électroménager
versitaires non seulement dans le pays, mais aussi a bénéficié d’une réduction d’impôts sur la Pro-
dans des institutions étrangères à travers le pro- duction Industrielle (IPI), ce qui a contribué à ce
gramme Sciences Sans Frontières, qui a permis à que les ventes ne reculent pas et que les emplois
plus de 60 000 étudiants brésiliens d’accéder à des soient préservés. En contrepartie, le crédit au
universités dans le monde grâce à des program- consommateur pour financer ces biens, ainsi que
mes d’échanges dans tous les niveaux académi- les immeubles, s’est élargi à des niveaux jamais
ques. La production scientifique nationale, ainsi vus auparavant.
que la production technologique, continuent à se Comme résultats de cette orchestration, au cours
développer avec l’augmentation du nombre de des deux dernières années, l’industrie automo-
publications scientifiques et de brevets déposés bile a dépassé tous les chiffres de production et
à l’Institut National de Propriété Intellectuelle. de ventes, la construction civile a été stimulée et
A propos de la santé publique, en 2013 a débuté les familles brésiliennes ont pu acquérir des biens
un programme qui vise à faire venir des médecins qui auparavant étaient réservés exclusivement
dans des régions où les services de santé sont aux classes supérieures. Actuellement, plus de la
précaires ou inexistants. Le programme fonction- moitié de la population brésilienne accède au
ne grâce à l’appui du gouvernement de Cuba, qui « strate social » appelé classe moyenne et plus
a envoyé au Brésil plus de 7 400 médecins pour de 19 millions de personnes sont sorties de la
aider les populations des régions les plus encla- pauvreté.
vées du pays. Rencontrant de fortes résistances Les effets collatéraux de ces politiques, pourtant,
des tranches les plus conservatrices de la société, n’ont pas tardé à apparaître. Les villes brésilien-
le programme bénéficie toutefois de la recon- nes sont maintenant étouffées par la circulation
naissance de la population qui n’avait pas accès des voitures et des embouteillages, phénomène
aux services médicaux. auparavant réservé à la ville de São Paulo. Désor-
Parmi les mesures à court terme adoptées par le mais, cela fait partie de la vie de tous les habitants
gouvernement brésilien afin de minimiser les ef- de pratiquement toutes les villes moyennes et
fets de la crise économique, on note, d’un côté, grandes du pays. L’augmentation du crédit immo-
bilier a produit une hausse des prix des immeu-
bles avec la spéculation immobilière, et le coût de
la vie dans les grandes villes a atteint des niveaux
aussi élevés que ceux des grandes métropoles des
pays développés - par contre, sans avoir le même
niveau de service. Sur les routes brésiliennes, le
flux de poids lourds a beaucoup augmenté pour
écouler la production. Le gouvernement, au lieu
de se préparer préventivement aux effets des po-
litiques macro-économiques adoptées, a attendu
que les problèmes fassent surface pour prendre
des mesures palliatives. C’est seulement en 2013
que le gouvernement de Dilma Rousseff a pré-
senté un ensemble de mesures de concession de
routes et d’aéroports afin de trouver des inves-
tissements privés dans ces secteurs. Pendant ce
temps, la qualité des routes et aéroports du pays
continue de baisser.
Devant tant de changements en si peu de temps,
le Brésil a acquis un statut de pays émergent aux
côtés de la Chine, la Russie, l’Inde et l’Afrique du
Sud, nommés les BRICS. En observant ces trans-
formations, la population brésilienne, qui a ob-
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