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La Escuelita et le pouvoir civil zapatiste
J’ai été élève à la Escuelita zapatista du 3 au 7 janvier. Et je ne dis pas « être élève » par rhétorique : DOSSIER
les zapatistes prennent réellement au sérieux leur volonté d’enseigner les leçons laissées par 19 ans
du projet que nous connaissons aujourd’hui à travers les conseils de bon gouvernement et qui a com-
mencé avec la déclaration des communes autonomes et les terres récupérées en décembre 1994.
© Catherine Gégout
dans leur participation à tous les
niveaux et toutes les tâches. Le
thème de la justice autonome
fut illustré par des cas emblé-
matiques qui font contrepoint
à la justice d’État. Le chapitre le
plus complet est celui relatif à
l’économie.
Cependant, ils l’abordent via des
projets pour l’autosubsistance
familiale, ainsi que pour les dé-
penses des opérations des trois
niveaux du gouvernement.
L’acharnement et l’organisation des enseignantes Enfin, ils ont expliqué comment
et enseignants, ainsi que les « votanes » (gardiens), s’exerce la démocratie directe,
rendent comptent de la conviction du zapatisme évitant les déviations que com-
d’élaborer un projet qui aspire à partager avec les porte la supposée démocratie
plus amples secteurs sociaux son expérience de représentative qui se pratique
construction sociale de l’autonomie, ses succès, dans le pays. Dans chacun des
mais également ses difficultés. Lors des deuxiè- thèmes, ils ont évité les simples
me et troisième étapes, en décembre et janvier, abstractions et s’en remettaient à la preuve des
nous étions environs 4000 personnes venues du faits.
Mexique et du monde entier, essentiellement des Durant les sessions de questions/réponses, ils ont
jeunes, à participer. Nous imaginions alors l’effort abordé les réussites, les erreurs mais également
que cela devait signifier pour les communautés les provocations de l’État à travers des indigènes
zapatistes. membres de partis.Tout cet effort a pour objectif,
Ils nous ont enseigné comment ils avaient or- comme ils disent, de semer la graine de l’autono-
ganisé les trois niveaux de gouvernement : la mie de façon à ce que chacun puisse la transposer
communauté à laquelle ils appellent le peuple, à ses propres conditions et contexte. Il est certes
les communes autonomes et les conseils de bon difficile de reproduire dans d’autres régions un
gouvernement. projet entier comme celui des zapatistes.
Il faut souligner l’attention qu’ils ont mise dans Cependant, il y a eu des avancées dans de nom-
l’expression des nouvelles valeurs et principes breux domaines comme celui du travail des fem-
avec le gouvernement par le bas (le peuple qui mes et de la justice et dans divers projets de sub-
commande). sistance. Mais, il y a surtout une résistance orga-
Ils mettent l’accent sur la liberté qu’ils ont obte- nisée face aux mégaprojets. La Escuelita pourrait
nue grâce à la résistance autonome. Ils pointent alors constituer un espace où seraient également
notamment l’application de la loi révolutionnaire partagées ces expériences de façon plus systé-
des femmes zapatistes et les avancées notoires matique.
Il est clair que les conseils de bon gouvernement
ou caracoles sont le résultat d’une décision poli-
tique de l’EZLN, dont la dimension a pour habi-
tude de s’évader, notamment de ses éternelles
critiques. Ceux qui en 1994 ont remis en question
la voie armée et ensuite alimentaient l’idée d’une
armée qui se préparait à la guerre – que ferait-on