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ACTUALITÉS

François Hollande à Cuba, retour sur un

voyage largement médiatisé

La visite du Président de la République François Hollande à Cuba a suscité un engouement
médiatique assez impressionnant et réveillé de vieux réflexes chez bon nombre de
commentateurs, démontrant une nouvelle fois qu’il est, décidément, bien difficile de
parler sereinement de Cuba dans notre pays.

Quelques stéréotypes Sommet de Panamá en avril, elle a été préparée
de longue date. Elle est en fait le point d’orgue
Pour beaucoup, impossible d’en parler sans d’une série de rencontres et d’échanges au plus
associer aussitôt les termes de « dictature », haut niveau, avec la visite de Jean-Pierre Bel,
«atteintes aux droits de l’homme » ou encore, dans alors Président du Sénat, en janvier 2013, puis de
un autre registre, un pays figé dans le passé. Laurent Fabius en avril de l’année dernière, suivi
Il serait trop facile de répertorier les de Fleur Pellerin, alors secrétaire d’État chargée
approximations, les erreurs (volontaires ou non), du Commerce extérieur, du Développement du
les affirmations non fondées et les jugements tourisme et des Français de l’étranger, et enfin
à l’emporte pièce1. Il faut souligner cependant de Matias Felk, actuel secrétaire d’État chargé du
le travail d’analyse de certains médias qui commerce extérieur début mars. Parallèlement,
dénotent dans ce panorama (L’Humanité parmi plusieurs personnalités cubaines ont été reçues
les quotidiens nationaux par exemple) et l’intérêt en France, la dernière en date ayant été le
porté par France Inter avec une « matinale ministre des Relations internationales, Bruno
spéciale » en direct de La Havane le 11 mai au Rodríguez, au mois d’avril.
cours de laquelle on a pu entendre notamment,
en français, Ricardo Alarcón, ancien président Une visite très politique
de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire,
et, le soir, une interview très mesurée de Jean Cette visite répond en premier lieu bien sûr à des
Mendelson, ancien ambassadeur de France à motivations d’ordre politique et géostratégique.
Cuba. La diplomatie française, qui souhaite reprendre
Mais, tout en regrettant qu’aucun des journalistes place en Amérique latine, a compris que la rôle
délégués sur place ne se soit déplacé en dehors et l’influence que Cuba s’est gagnée dans la
de La Havane pour constater comment se passe région la rendent incontournable. Des relations
la vie dans le reste de l’île ou n’ait consacré plus étroites avec l’île sont indispensables pour
de reportages à l’agriculture urbaine (que développer des rapports eux aussi plus étroits
les Cubains ont pratiquée bien avant l’actuel avec les autres pays du continent.
engouement pour les jardins partagés et autres
villes comestibles !), à la richesse culturelle ou Outre le prestige dont la Révolution cubaine
au système de santé et d’éducation dans les jouit toujours auprès des populations pour qui
campagnes, laissons cette énumération très elle représente le combat pour la dignité et
incomplète pour revenir au déroulement et aux l’indépendance, Cuba a aujourd’hui des relations
résultats de ce déplacement présidentiel. diplomatiques avec tous les pays de l’Amérique
Rappelons tout d’abord que, même si cette visite latine et de la Caraïbe. Rappelons également
arrive après l’annonce concomitante par Raúl que, face aux menaces de boycott de plusieurs
Castro et Barack Obama du rétablissement des gouvernements, Cuba a enfin pu participer au
relations diplomatiques le 17 décembre 2014 Sommet des Amériques à Panamá en avril, après
et après la rencontre des deux présidents au des années d’exclusion, et que Raúl Castro a été
le premier président de la Communauté des
1 Pour la seule télévision et pour ne prendre que deux exemples, États latino-américains et caribéens (CELAC).
sur France 2, l’interview de touristes qui ont « l’impression d’être
revenus 40 ans en arrière » suivi du commentaire de l’envoyé
spécial de service qui confond allégrement le visage du Che et Le président français a eu un emploi du temps
celui de Camilo Cienfuegos sur la Place de la Révolution, sur Arte très chargé avec une remise très symbolique
la description d’un « régime qui n’a pas bougé depuis 1959 ».
2 Comme l’ont souligné plusieurs commentateurs, la visite de la Légion d’honneur au Cardinal Jaime
ne prévoyait pas de rencontre avec les « dissidents » mais en Ortega2, un dépôt de gerbe au Monument à José
revanche un hommage au rôle de l’Eglise catholique cubaine Martí, un discours à l’Université de La Havane,
dans les évolutions actuelles.
3 11 000 Cubains étudient à l’Alliance française de La Havane, l’inauguration du nouveau siège de l’Alliance
près d’un millier à celle de Santiago de Cuba. française avenue Prado3, une rencontre avec

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