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DOSSIER           COLOMBIE :
         EN FINIR AVEC LA GUERRE

         Coordonné par Valérie Técher

           La Colombie vit une guerre civile, résultat               © Maurice Lemoine Paysannes indigènes de Colombie
          du conflit social, politique et armé qui dure
         depuis plus de cinquante ans. Le conflit et la
         situation des réfugiés ne sont pas considérés

            à leur juste mesure par la communauté
           internationale. La contre réforme agraire
           envenime l’inégale répartition de la terre,
           cause majeure du conflit, et accentue son
         incontestable moteur, le déplacement forcé.
            Les idées et les efforts des mouvements
            sociaux pour sortir de cette guerre sont
           pourtant notoires tandis que les victimes

                   préparent déjà l’après conflit.

                                          Réfugiés colombiens

                        Western nauséabond
                     sur les rives du Putumayo

         En Equateur, le long du fleuve Putumayo, l’installation massive de plusieurs milliers de ré-
         fugiés colombiens pose de graves problèmes sociaux, économiques et politiques et ré-
         vèle l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui sévit en Colombie. Au total, ce sont quel-
         ques 4,5 millions de personnes qui ont du fuir les combats depuis 20 ans, dont près d’un
         quart en direction de l’étranger. Rien n’est fait pour endiguer ce phénomène et les réfu-
         giés continuent d’affluer, en Equateur majoritairement, dans l’indifférence quasi générale.

         Peshawar, Abéché, Jenine, Mae Sot, Jabalya…                 plusieurs dizaines de milliers de réfugiés. Lieux de
             Des collines de Samarie à la passe de Khyber, du        transit où l’on ne transite plus, ces camps prennent
         plateau Shan au Lac Edouard, les merveilles du Sud          la forme moderne de bidonvilles construits autour
         riment bien souvent avec les pires agglomérats de           d’un ancien village, de vastes champs de tentes ou de
         misère et de détresse que l’on puisse imaginer. Aux         villes champignons, qui ne disposent que rarement
         frontières des conflits soudanais, israélo-palestinien,      des infrastructures les plus basiques, nouveaux fronts
         libérien ou afghan, se trouvent ces villes perdues,         pionniers en terre inhospitalière.
         sièges des plus grands camps de réfugiés que la
         planète connaisse. Ces « zones grises » existent            Lago Agrio est un de ces lieux. Petite ville équatorien-
         partout en marge des conflits et des répressions,            ne, capitale de la province de Sucumbios, perdue au
         elles se développent, s’organisent, se structurent,         cœur de la partie amazonienne de l’Equateur, la par-
         s’autonomisent et finissent par se transformer en            ticularité de Lago Agrio vient des 26 kilomètres qui
         véritables et durables lieux de vie regroupant parfois      la séparent de la frontière colombienne et qui en fait

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