Page 7 - FAL MAG Spécial Che 2007
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40 ans après                                             El Che presente !

jeurs de ce qu’on appelle l’altermondialisme             pays dits en développement.
aujourd’hui. Le mot « Révolution » étant banni
par le langage politiquement correct; et la né-          Toutes les organisations altermondialistes
cessité de changer le monde actuel devenu in-            sont engagées dans la lutte contre l’OMC et
supportable étant impérieuse, reste cet appel            désormais contre les traités de libre-échange
à un « autre monde possible ».                           en particulier les TPI (Traités de protection de
                                                         l’investissement), qui assurent la prééminence
    Des écrits du Che qui nous parlent :                 du droit de l’investisseur sur tous les droits des
            le Discours de Genève                        peuples.

Le 25 mars 1964, Ernesto Che Guevara, mi-                Le Che avait vu dans le libre-échange la pierre
nistre de l’Economie, représentait CUBA à la             de touche de la domination des pays centraux
conférence de la Cnuced à Genève. Devant la              du capitalisme sur les pays périphériques. Pour
Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le              illustrer son propos, il rapportait devant la
Commerce et le Développement), organisme                 docte assemblée de la Cnuced, le traité de réci-
qui lie le développement au commerce et à                procité commerciale dit SUMMER WELLES liant
l’investissement étranger, le Che avait l’occa-          Cuba et les Etats-Unis signé en 1934 par lequel
sion d’aborder l’ensemble des mécanismes                 les Etats-Unis se réservaient le marché du su-
mis en place durant la conférence de Bretton             cre cubain, et en même temps assurait aux
Woods en 1944 (création du FMI, de la Banque             produits manufacturés des Etats Unis le mono-
mondiale et du Gatt) et de mesurer la réalité            pole du marché cubain plaçant Cuba dans un
de leurs effets face à l’idéalisme prétendument          déficit permanent de sa balance commerciale
généreux des signataires avec à leur tête les            avec les Etats-Unis, et comme disait cynique-
Etats-Unis. On est frappé par sa lucidité puis-          ment l’ambassadeur Welles « Cuba n’avait qu’à
que, 40 ans après, grand nombre de ses analy-            chercher ailleurs des devises pour rétablir l’équili-
ses se trouvent confirmées par d’audacieuses              bre de sa balance commerciale ».
décisions politiques telle que la récente rup-
ture avec le FMI et la Banque mondiale par les           Dans le discours de Genève, le Che indiquait
gouvernements du Venezuela et de la Bolivie.
                                                         qu’au fondement du déséquilibre des balan-
Le discours de Genève dénonçait les accords
de Bretton Woods « qui ont créé des organis-             ces commerciales des pays du Sud se trouvait
mes néfastes pour les pays dépendants ». Il dé-
nonçait le Gatt « qui s’est avéré instrument de          la détérioration
défense des intérêts des pays puissants ». Il es-
timait que le Gatt « en établissant l’égalité de         des termes de
traitement et les concessions réciproques entre
pays développés et sous-développés, servait les          l’échange, à sa- « Notre fidélité au Che consiste
premiers et contribuait au maintien des seconds
dans le sous développement ».                            voir que le prix à empoigner son arme, (...) une

Aujourd’hui, l’OMC, se trouve dans la ligne de           des matières       arme intellectuelle »
mire des altermondialistes, sachant comme
disait le Che que « les principes prétendant pré-        premières agri-
server l’équité et la réciprocité dans les relations
commerciales internationales, ne sont en réalité         coles et minières
que les fétiches abritant des instruments qui per-
pétuent de manière plus subtile l’exploitation ».        exportées par les pays du Sud ne suivait pas le
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui, les pièges
de l’asymétrie entre grandes puissances et               rythme d’augmentation du prix des produits

                                                         manufacturés exportés par le Nord.

                                                         Aujourd’hui, lorsque la Banque mondiale im-
                                                         pose à un pays de produire pour l’exportation,
                                                         en particulier l’agro-exportation elle sait par
                                                         exemple que le marché du coton est faussé par
                                                         les subventions accordées par les Etats-Unis à
                                                         leurs producteurs locaux. Le pays du sud voué
                                                         aux monocultures d’exportation, soumis aux
                                                         prix imposés par le Nord et obligé d’impor-
                                                         ter aux prix du marché international est donc

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