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ACTUALITES
Création de la CELAC
un moment historique pour
L’Amérique latine
La création de la Communauté des États Latino-Américains et Caribéens, la CELAC, regroupant 33
pays, lors du sommet qui s’est tenu les 2 et 3 décembre dernier à Caracas représente une date histo-
rique à plus d’un titre.
D’abord sur le plan historique puisqu’elle trice ibérique, fruit de l’expansion coloniale du
constitue en quelque sorte l’aboutissement Portugal et de l’Espagne, qui les amenait à se
d’une longue recherche débutée en 1826 par reconnaître comme pays et peuples frères, fils
le Congrès de Panama où nombre de pays d’un processus commun d’émancipation. L’an-
d’Amérique Centrale et du Sud ayant récem- tagonisme commun est celui qui, dès sa genè-
ment conquis leur indépendance se retrou- se, va confronter cette communauté aux visées
vent et signent le «Traité de l’Union, de la Ligue hégémoniques de l’impérialisme états-unien.
et de la Confédération Perpétuelle» qui prévoyait Voilà les deux raisons qui expliquent, selon lui,
notamment la création d’une confédération la nature immanente de la lutte anti-impéria-
de pays, réunissant une ligue de républiques, liste dans l’ensemble latino-américain.
dotée d’une Assemblée Parlementaire Supra- Tout cela pour rappeler que cette volonté de
nationale, d’un pacte commun de défense et rapprochement affranchie de la tutelle des
d’accords d’intégration commerciale égale- Etats-Unis, qui ne font pas partie de ce nouvel
ment. ensemble qui va du Mexique à la pointe sud du
Ce Congrès avait aussi permis de dévoiler la continent, a des racines historiques anciennes
réalité impérialiste que recouvrait le discours et aussi un contenu politique différent d’autres
ambigu de ce qui deviendra plus tard la doc- phénomènes de ce type.
trine Monroe, où malgré les grands principes Ensuite parce qu’elle illustre aussi d’une certai-
énoncés sur le refus de toute intervention ne façon, l’aboutissement des nombreux pro-
européenne contre les nouvelles nations amé- cessus d’intégration régionale qui ont émergé
ricaines, les Etats-Unis opposèrent une fin de en Amérique latine. La proposition de création
non-recevoir aux demandes d’alliance et de de cette Communauté d’États Latino-Améri-
coopération exprimées par Simon Bolivar. Au cains et Caribéens est née lors des sommets
début du XXè siècle, le corollaire Roosevelt tenus en décembre 2008, à Bahia au Brésil puis
achèvera de confirmer que les Etats-Unis en- en février 2010 à Cancun au Mexique. Comme
tendaient par ce biais signifier aux anciennes l’avait à l’époque rappelé l’actuel Ministre Bré-
puissances coloniales qu’ils considéraient dé- silien de la Défense, Celso Amorim, pour en
sormais le continent latino-américain comme souligner la dimension historique, pour la pre-
leur chasse gardée, comme le montrera la crise mière fois l’Amérique Latine et les Caraïbes se
de Panama en 1903. réunissaient de leur propre initiative, sans la
Il importe de préciser que la voie choisie était présence ni des Etats-Unis, ni du Canada ou de
celle d’une confédération d’états souverains quelque pays européen, marquant de la sorte
qui préserverait la souveraineté de chaque état une rupture avec la politique de «pan-américa-
membre à l’opposé de celle d’une Fédération. nisme» jusque-là développée sous l’égide des
Ces origines historiques ont d’ailleurs fait dire Etats-Unis.
au grand penseur brésilien Darcy Ribeiro que Dans ce long cheminement, il convient de
l’Amérique Latine, dans le processus de struc- distinguer les expériences qui ont été dictées
turation de son identité, s’appuyait sur une par la volonté hégémonique de l’impérialisme
caractéristique et un antagonisme communs. états-unien de celles qui participaient d’une
La caractéristique commune étant, pour les volonté d’indépendance affranchie de cette
pays d’Amérique Latine et de la Caraïbe, la ma- encombrante tutelle. Toutes les premières
tentatives relèvent de la première démarche.
