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Notamment la première              dans un aveu cru, dévoilé l’objectif de ce traité:
                      Conférence Pan-Américaine          «Notre objectif avec l’ALCA est de garantir à nos
                      de 1890, puis, après la fin du     entreprises le contrôle d’un territoire qui va de
                      deuxième conflit mondial, la       l’Arctique à l’Antarctique et le libre accès, sans la
                      signature en 1947 du Traité        moindre barrière ou difficulté, pour tous nos pro-
                      Interaméricain d’Assistance        duits, services, technologies et capital dans tout
Réciproque (TIAR), déjà fondé sur la “doctrine           l’hémisphère». Voilà qui était on ne peut plus
de défense hémisphérique” et s’inscrivant dans           clair.
un contexte de guerre froide. L’Organisation             C’est la victoire de gouvernements progressis-
des États Américains (OEA) est créée en 1948.            tes en Amérique latine, démarrée en 1998 au
Par la suite dans les années 1960 viendront l’Al-        Venezuela avec Hugo Chávez, qui mettra en
liance pour le Progrès et l’USAID, pour contrer          échec cette stratégie impérialiste. Il est à souli-
la « contamination » communiste, surtout de-             gner que la bataille contre l’ALCA aura été struc-
puis la Révolution cubaine. Suivront l’Asso-             turante dans les nombreuses luttes qui se sont
ciation Latino-Américaine de Libre Échange               développées en Amérique latine et ont permis
(ALALC), puis de la Banque Interaméricaine de            de déboucher sur cette série de victoires pour
Développement (BID).                                     la gauche. Elle aura permis également l’accélé-
Durant cette période, des initiatives d’intégra-         ration d’un processus d’intégration basée sur
tion de sous-régions verront le jour : le Pacte          une autre logique d’échanges et de développe-
Andin et la Communauté Andine des Nations                ment, plus solidaire et moins inégalitaire, avec
(CAN), le Marché Commun Centre-Américain                 notamment la création en 2005 de l’ALBA - TCP
(MCCA) et le Système d’Intégration Centre-               (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra
Américain (SICA), l’actuelle Communauté des              América - Tratado de Comercio de los Pueblos en
Caraïbes (CARICOM), ainsi que le Marché Com-             espagnol) associant Cuba, le Venezuela, la Bo-
mun du Sud (MERCOSUR), tous conditionnés                 livie, le Nicaragua, la Dominique, Saint-Vincent
par la préservation des intérêts impérialistes           et les Grenadines et l’Équateur. En 2008, naîtra
des Etats-Unis, sous couvert de “pan-américa-            l’UNASUL ou UNASUR en 2008 qui comprend
nisme”.                                                  l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le
L’ALALC se transformera en 1980 pour devenir             Chili, l’Équateur, le Guyana, le Paraguay, le Pé-
l’Association Latino-Américaine d’Intégration,           rou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela. La
l’ALADI, mais cela n’empêchera pas la réduc-             composition de ces différents ensembles mon-
tion continue des échanges entre les pays                tre bien qu’au delà des contradictions et diver-
d’Amérique latine, l’augmentation des impor-             gences entre les pays qui les composent, une
tations de produits finis et l’exportation mas-          convergence accrue s’est fortifiée et a permis
sive de matières premières ainsi que l’explo-            d’aboutir aujourd’hui au vieux rêve bolivarien
sion de la dette externe. La fin des dictatures          d’une communauté latino-américaine unie sur
militaires en Argentine et au Brésil amènera             des bases solidaires.
une timide revitalisation du MERCOSUR à la               Ce sont aussi les succès économiques et so-
fin des années 80, avec également la signature           ciaux obtenus dans ce cadre par les différents
du Traité d’Asunción en 1991 associant le Pa-            gouvernements progressistes qui ont permis
raguay et l’Uruguay. Mais les gouvernements              de modifier le rapport de forces sur le conti-
néo-libéraux soumis aux intérêts états-uniens            nent et d’approfondir ces partenariats.
de Collor de Mello au Brésil et de Menem en              Dans son dernier rapport, la CEPALC ou Com-
Argentine, associés à d’autres, vont en faire un         mission économique pour l’Amérique latine et
instrument de dérégulation accrue des échan-             la Caraïbe de l’ONU, signalait que le Brésil, l’Ar-
ges, de privatisations en masse et d’ouverture           gentine, la Bolivie et le Venezuela étaient les
des marchés soumettant les économies locales             pays qui avaient le plus avancé dans la réduc-
aux intérêts stratégiques des Etats-Unis.                tion de la pauvreté en Amérique latine et que
En 1994 George Bush père lance l’“Iniciativa             leurs indices de pauvreté en Amérique latine
para las Américas”, proposition de mise en               étaient les plus bas depuis vingt ans. Dans le
place d’une zone de “libre échange” couvrant             cadre de l’UNASUR, le Conseil Sud-Américain
tout le continent, qui sera plus tard baptisée           de l’Économie et des Finances a décidé d’accé-
ALCA, en anglais : FTAA. L’ex-Secrétaire d’État          lérer la mise en place de la Banque du Sud, la
des Etats-Unis à l’époque, Colin Powell, avait,          création d’un fonds de réserve propre, le rem-
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