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ACTUALITES

L’EAAF est aujourd’hui reconnue mondialement breux éléments de preuve. Les restes retrouvés
et ses méthodes scientifiques de travail inspi- ne sont pas classés correctement compliquant
rent beaucoup d’autres chercheurs. Elle a une donc leur identification et la reconstitution des
trajectoire et un rôle sur lequel il est intéressant circonstances de leur mort.
de se pencher. Novatrice pour l’époque, l’EAAF va donc appli-
quer la rigueur des sciences médico-légales à la
Création de l’EAAF recherche en matière de droits de l’Homme. Il
En 1984, la démocratie est à peine revenue en s’agit d’exhumer les restes des disparus, de les
Argentine et la société, blessée par une dicta- identifier, de déterminer les causes de leur mort
ture militaire, est occupée à panser ses plaies. et d’apporter par la suite des preuves utiles lors
Face à l’ampleur des violations des droits de des poursuites judiciaires.
l’Homme, la CONADEP (Commission Nationale Ainsi, l’anthropologie médico-légale, science
sur la Disparition de Personnes) et l’association à peine existante devient une spécialité à part
des Abuelas de la Plaza de Mayo ont fait appel à entière et connaît un développement impor-
des scientifiques nord américains pour les aider tant notamment avec l’apparition de nouvelles
à enquêter sur les disparitions forcées qui ont technologies, la génétique par exemple.
eu lieu principalement de 1976 à 1983.
Le Docteur Clyde Snow, l’un des rares an- L’équipe de l’EAAF au travail
thropologues médico-légal de l’époque,
va effectuer, à leur demande une pre- Autre particularité de l’EAAF, son statut. En 1984,
mière mission en Argentine. Constatant les experts en médecine médico-légale de toute
que les moyens humains et scientifiques l’Amérique latine appartenaient aux corps judi-
existants au niveau local ne suffisent pas ciaires ou policiers, soit des institutions qui par
à traiter la complexité du problème lié à leurs liens avec les régimes dictatoriaux étaient
l’état de conservation des restes, il contri- sévèrement critiquées.
bue à la création et à la mise en place de L’Equipe Argentine d’Anthropologie médico-lé-
l’EAAF. gale est, elle, une association à but non lucratif,
Il réunit donc une équipe de jeunes pro- qui n’est liée à aucun corps étatique.
fessionnels de la médecine, de l’ortho- Ses ressources proviennent de donations d’ins-
dontie, de l’anthropologie et de l’archéo- titutions des droits de l’Homme du monde en-
logie qui va se spécialiser dans la recher- tier, d’organisations internationales ou de gou-
che et la documentation des violations vernements.
des droits de l’Homme qui ont eu lieu en Sa légitimité auprès des familles des victimes
Argentine dans un premier temps puis est totale et son indépendance garantie.
dans le monde entier.
Et, comme le Dr Snow l’a déclaré lui
même dans un entretien au journal Página 12 :
« l’idée d’appliquer la science dans le domaine des
droits de l’Homme est née ici en Argentine et s’est
répandue dans le monde entier (...) les argentins
ont été des pionniers *».

Rigueur scientifique et indépendance
L’Equipe met au point, pour la première fois au
monde, des techniques et une méthodologie
spécifique pour pouvoir identifier les restes de
personnes retrouvés dans des fosses commu-
nes ou dans des tombes marquées NN.
En effet, très vite, les membres de l’EAAF se ren-
dent compte que les premières exhumations
ont été réalisées sans aucune rigueur scientifi-
que. Les méthodes employées, telles que l’usa-
ge du bulldozer, ont fait disparaître de nom-

* http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-37316-2004-06-27.html « Aqui todavia estan conscientes de la tragedia »