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Le travail de l’EAAF de formation et de dissémination qu’elle en-
Le travail de l’Equipe Argentine d’Anthropologie treprend sur tous les continents depuis plus de
médico-légale fait appel à de nombreux domai- vingt ans.
nes de la recherche et de la science (biologie, Les 55 experts de l’EAAF se déplacent dans le
balistique, génétique, archéologie...). monde entier à la demande d’associations de
Il commence par des recherches préliminaires droits de l’Homme, de Commissions pour la
visant à retrouver tout document oral ou écrit, vérité et de tribunaux nationaux ou internatio-
toute indication, obtenue par exemple par des naux comme ceux que l’ONU a créé en ex-You-
entretiens avec les familles des disparus ou des goslavie et au Rwanda.
témoins pouvant reconstituer le contexte dans Dans plus de 30 pays, ils ont collaboré avec les
lequel la personne a disparu. Cette étape est recherches d’équipes locales, formé des experts
complétée par une phase de recherche plus ap- à leurs méthodes et à l’usage des dernières
profondie sur les sources écrites en particulier : technologies pour enquêter sur les violations
examen des registres des cimetières, d’état-civil, des droits de l’Homme, discuté et présenté leurs
d’articles de journaux, des plaintes et des dos- avancées scientifiques et judiciaires.
siers judiciaires, etc. Au Chili, au Pérou et au Guatemala, l’EAAF a
Ces travaux doivent permettre de cerner le lieu formé des équipes permanentes d’anthropolo-
où les disparus ont été inhumés. gues qui enquêtent indépendamment sur les
Une fois ce dernier localisé, le travail d’archéo- crimes commis dans leurs pays. Les experts ont
logue commence. Les membres de l’EAAF utili- aussi une intense activité académique dans les
sent alors toutes les techniques de l’archéologie universités du monde entier, organisant ateliers
et œuvrent avec la plus grande minutie pour et conférences afin de former et sensibiliser
pouvoir réunir un maximum d’éléments. les professionnels au rôle de l’anthropologie
La dernière étape a lieu au laboratoire où l’EAAF médico-légale dans les situations de violations
recoupe les résultats des recherches documen- de droits de l’Homme.
taires et archéologiques afin de déterminer En Argentine, plus de 85 disparus ont été iden-
l’identité et les causes de la mort du disparu. tifiés, c’est le fruit de longues années de lent et
minutieux travail. Ces identifications permettent
Une expertise reconnue mondialement des avancées judiciaires, les procès ont lieu, les
Il arrive que le travail de l’EAAF ait des répercus- coupables sont condamnés. La vérité se dévoile,
sions médiatiques importantes. Ainsi en 1995, la mémoire se reconstruit.
en Bolivie, elle a apporté son expertise pour Ainsi, petit à petit, les familles des disparus au
identifier les restes du Che Guevara. En 2011, Rwanda, au Kosovo, au Cambodge retrouvent
certains membres de l’EAAF ont participé à l’ex- les leurs qui cessent d’être anonymes et dispa-
humation de l’ancien Président chilien Salvador rus ; elles peuvent alors faire leur deuil. Leurs
Allende, destinée à infirmer ou à confirmer la pays peuvent dès lors regarder en face leur
thèse du suicide de ce dernier. Histoire récente, faire un travail de mémoire
En Argentine, d’autres cas ont aussi attiré l’atten- tout en garantissant que la justice et la vérité
tion des médias et du grand public ; comme lors finissent par apparaître au grand jour.
de l’exhumation du fils du poète Juan Gelman,
de la récupération de Manuel Gonçalves, frère Julie MEIGNEN
biologique du bassiste du groupe de musique Juriste
Los Pericos ou de la religieuse française Léonie
Duquet.
Si les identifications de certaines personnes
sont des évènements qui mettent en lumière le
travail de l’EAAF, la reconnaissance désormais
mondiale de l’expertise dont jouit l’Equipe Ar-
gentine d’Anthropologie médico-légale passe
par le travail quotidien de toute l’équipe.
La visibilité internationale croissante de cette
dernière repose sur les missions d’assistance,
