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ACTUALITES

        Panorama des candidats à l’élection
         présidentielle de 2013 en Equateur

Le 17 février 2013, les Equatoriens éliront leur président, ils renouvelleront également leurs 137
représentants à l’Assemblée Nationale et les membres du Parlement Andin.
Après une longue période d’instabilité, ce sera la première fois depuis 1996 qu’un président
équatorien termine son mandat. Si la réélection de Correa est prévisible, l’opposition n’a pas
saisi l’opportunité de renforcer ses chances en présentant un candidat unique pour les élections
de 2013 ; en effet, 5 principaux candidats sont en lice.

 La gauche est partagée entre deux secteurs          « sabatinas¹» ont permis de renforcer le soutien
D’une part, la gauche radicale est représentée       à Rafael Correa² des secteurs plus populaires et
par la coalition Unidad Plurinacional de las Iz-     majoritaires.
quierdas qui rassemble le MPD (Movimiento
Popular Democrático) de tendance marxiste-lé-              La droite, plus fragmentée, présente
niniste, le mouvement indigéniste et anticapi-                    trois candidats importants
taliste Pachacutik, les groupes Montecristi Vive,
Poder Popular, Red Ética y democracia, et une        Le plus populaire de l’opposition de droite est
fraction du Parti Socialiste. Ces formations ont     Guillermo Lasso du mouvement CREO (Creando
choisi comme candidat commun l’économiste            Oportunidades) : ce banquier et homme d’affai-
Alberto Acosta, ancien ministre des Energies et      res, qui a déjà occupé de hautes fonctions lors
des Mines et ex-président de l’Assemblée Natio-      des mandats de Jamil Mahuad et de Lucio Gu-
nale Constituante, dont l’idéologie se rapproche     tierrez, s’est lancé dans une campagne subtile
de l’altermondialisme et de l’éco-socialisme.        et assez convaincante. En effet, le financier pro-
Acosta est à l’origine de nombreux principes         pose un programme basé sur un « socialisme de
fondateurs du programme de la Révolution Ci-         marché » : tout en défendant l’économie de mar-
toyenne, mais a choisi de quitter le gouverne-       ché, le candidat accueille paradoxalement les
ment en 2008 pour plusieurs raisons, notamment       demandes populaires, reprend et radicalise des
un désaccord avec l’exécutif lors du processus       idées phares du gouvernement d’Alianza País.
de rédaction de la nouvelle Constitution et un       Par exemple, il assure qu’il défendra incondition-
refus de ce qu’il considère comme un tournant        nellement l’initiative Yasuní ITT, en la rendant
« autoritaire », dans le style de leadership de Ra-  indépendante de la participation de la Commu-
fael Correa. On peut se demander si le ton aca-      nauté Internationale au projet. Il propose aussi
démique de cet intellectuel de gauche réussira à     d’augmenter le « bon de développement humain »,
convaincre les secteurs populaires du pays.          que le gouvernement d’Alianza Pais vient tout ré-
D’autre part, la gauche gouvernementale, repré-      cemment de faire passer de 35 à 50 dollars lors
sentée par le mouvement d’Alianza País, soutient     de l’adoption de la Loi de Redistribution des Dé-
bien entendu la candidature de Rafael Correa. Le     penses sociales³.
mouvement regroupe également un secteur du           Il affirme également que, s’il est élu, il soutiendra
parti socialiste, le parti communiste, diverses or-  l’Education en multipliant le nombre de bour-
ganisations de centre-gauche et quelques grou-       ses, et qu’il renforcera la création d’emplois. Ce
pes économiques ancrés traditionnellement à          programme est certes séduisant sur le papier,
droite mais avides d’opportunités. La force cha-     mais on peut se demander comment l’ancien
rismatique du président, ainsi que sa politique      banquier Lasso compte le réaliser en appliquant
sociale et ses interventions télévisées lors des     une politique néolibérale.

¹« Sabatina »: tous les samedis Correa prend la parole a la télévision afin d informer les citoyens des avancées de la Révolution Citoyenne.
² Entretien avec Victor Hugo Jijón, membre de Pachacutik
³ Le bon de développement humain est une aide dont bénéficient les équatoriens et équatoriennes les plus démuni-e-s (1,9 millions de personnes sont concernées), pour leur garantir l’accès à une alimen-
tation de base. En contrepartie, le BDH exige de ses bénéficiaires d’inscrire leurs enfants dans le système éducatif et de réaliser les programmes sanitaires préventifs.
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