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ACTUALITES

                         CAIMANES : UN COMBAT
              POUR LA JUSTICE ET POUR L’EAU

Le procès en cours contre le dirigeant du Comité de Défense de Caimanes et quatre avocats, accusés
d’association illicite pour avoir défendu les droits des habitants face à la mine Los Pelambres, pose la
question des conséquences de l’extractivisme sur les territoires « sacrifiés » et met en doute l’affirmation
que le Chili est un Etat de droit, modèle de légalisme et de démocratie.

Un mois est passé depuis le début du procès. L’ac-       Bassin de déchet minier                                 © Elif Karakartal
cusation continue de faire figure de non sens :
après avoir installé en amont du                         aux témoignages des agriculteurs confiant leur
village un immense bassin de dé-                         désespoir face à la disparition des ressources en
chets miniers, elle prétend que la                       eau, harcèlent ces derniers jusqu’à épuisement
contamination environnementale                           de questions sur les détails d’une association « illi-
aurait été inventée de toutes piè-                       cite » afin de convaincre le Tribunal qu’ils auraient
ces et que les avocats auraient uti-                     peut-être été manipulés par des avocats venus
lisé les villageois pour lui extirper                    les défendre mais qui - en réalité - n’auraient
de l’argent. Paradoxalement les                          eu d’autres fins que de soutirer de l’argent à la
faits qui se déroulent révèlent des                      Mine. De leurs côtés, les avocats de la mine Los
méthodes utilisées par une entre-                        Pelambres n’hésitent pas à vanter la forteresse
prise pour s’imposer sur un terri-                       des institutions chiliennes qui garantissent donc
toire avec l’aval de l’Etat chilien, en                  que l’entreprise minière opère en toute légalité,
toute impunité.                                          lui permettant par ailleurs de se décharger de sa
                                                         propre responsabilité en cas de catastrophe. En
  Entre permissivité et bouclier :                       cas d’incidents relatifs à l’effondrement du mur
l’Etat au service des intérêts d’une                     de contention du bassin minier, le gérant légal de
                                                         la mine laisse par exemple clairement entendre
              entreprise ?                               que la responsabilité devra être imputée à celui
Tout comme les accusations à l’en-                       qui a octroyé les permis de fonctionnement, c’est-
contre des Mapuche deviennent                            à-dire à l’Etat chilien.
des affaires d’Etat parce qu’elles
portent atteinte à la notion de
propriété privée, ce procès dont les chefs d’accu-
sation partent de supposées conspirations contre
l’entreprise minière Los Pelambres, va être investi
par l’Etat chilien. Quatre procureurs de la Répu-
blique se retrouvent en effet au coude à coude
avec les avocats de la mine et celui d’un groupe
de la communauté bénéficiaire d’une donation
indirecte de la mine. Cette «alliance» du côté de la
partie accusatrice entre une entreprise minière et
l’Etat chilien va se préciser au fur et à mesure du
procès et de la forme des interrogatoires menés
par le Ministère public. A des milliers d’années
lumière du drame vécu par les Caimanes qui ont
vu leur vie détruite par le bassin minier, l’obses-
sion des procureurs de la République est de dé-
celer des actes illégaux et de l’escroquerie dans
les actions mises en place par les habitants pour
lutter contre la mine. Cela donne au procès des
relents kafkaïens lorsque les procureurs, sourds
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