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Le 5ème Sommet des Peuples, © Monique Girey
Europe/Amérique latine Caraïbe
Les 25, 26 et 27 janvier 2013, s’est tenu à Santiago du Chili, le 5ème Sommet des Peuples, réunissant
les organisations et les mouvements sociaux et politiques des différents pays d’Amérique Latine, de la
Caraïbe et de l’Union Européenne.
Ce sommet se tenait en parallèle à celui qui réunissait La déclaration finale a tenu à mettre l’accent sur l’op-
les Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’Union euro- pression croissante et la discrimination dont les fem-
péenne et, pour la première fois dans son histoire, de mes d’Amérique latine, de la Caraïbe et d’Europe sont
ceux de la Communauté des États d’Amérique latine victimes.
et des Caraïbes. D’ailleurs, à la suite de cette rencon- Malgré ce contexte défavorable, les participants au
tre, la CELAC tenait le 28 janvier dernier, son premier Sommet de Santiago, ont montré que l’apparition de
sommet. A cette occasion, la présidence tournante de processus historiques et récents dans les luttes des
cette nouvelle entité régionale est passée du prési- peuples parvient à créer des tensions et à ouvrir des
dent chilien à son homologue cubain, le général Raul brèches dans les logiques actuelles, ce qui nous fait
Castro. espérer qu’un autre monde est possible.
Cette rencontre bi-régionale se produisait à un mo- C’est ainsi que ce sommet en appelle à la nécessaire
ment où la crise de la zone euro contraste avec l’ex- construction d’un nouveau modèle de société qui
pansion de l’économie latino-américaine. Le sommet transforme les logiques actuelles.
officiel appelait à une relance des investissements et Pour atteindre ses objectifs, le Sommet fait des propo-
du commerce, par plus de libéralisme. Un front du sitions, parmi lesquelles :
refus s’est esquissé autour de l’Argentine et du Ve- - la récupération des droits et biens naturels volés aux
nezuela, avec le soutien de la Bolivie, de Cuba et de peuples, par la nationalisation, la communautarisation
l’Equateur, tandis que l’appel de l’UE à une relance des des biens, des services et des moyens de production,
négociations avec le Mercosur (l’union douanière sud- et par la reconnaissance constitutionnelle de la nature
américaine) a été renvoyé à la fin 2013, à la demande comme sujet de droit, ce qui implique d’aller vers une
de la présidente argentine, Cristina Kirchner. alternative porteuse d’un projet politique et social in-
Le Sommet des Peuples, pour sa part, dénonçait dans tégral du pays.
son appel final « les relations existantes entre l’Union - la promotion du paradigme du bien vivre basé sur
Européenne et l’Amérique latine et la Caraïbe qui, par l’équilibre de l’être humain avec la nature, l’environne-
des accords commerciaux et des accords bilatéraux d’in- ment et les droits de la terre, au service des peuples, et
vestissements, donnent la primauté aux privilèges et aux fondé sur une économie plurielle et solidaire.
bénéfices des investisseurs face aux droits des peuples, - la valorisation de la démocratie directe, participative
renforçant ce modèle qui porte préjudice aux peuples des et populaire et sa concrétisation à partir des bases so-
deux régions ». ciales.
Cette hégémonie du capital financier se manifeste - la promotion du respect de la libre détermination des
entre autres par la privatisation et la marchandisa- peuples originaires du monde, considérés comme des
tion des services publics, le démantèlement de l’état peuples frères non soumis à la territorialité imposée
providence, la précarisation du travail, l’extractivisme, par la colonisation.
l’exploitation, le mercantilisme et la destruction des - la promotion de la souveraineté alimentaire dans la
biens naturels et sociaux propres au peuple, ainsi que perspective d’une autonomie territoriale des peuples
le déplacement forcé des peuples originaires, provo- et des communautés et de leur droit à décider que
quant ainsi les crises alimentaires, énergétiques et cli- produire et comment produire.
matiques.
La Faculté d’Architecture et d’urbanisme de l’Univer-
sité de Santiago, siège de Sommet des Peuples, vit se
formuler une forte dénonciation, de la crise financière
en Europe, véritable coup d’état financier qui impose
des politiques d’austérité contre les droits des peuples,
les droits du travail et l’environnement. La stratégie
de la Troïka européenne (FMI, BCE, Commission Euro-
péenne) a également été fortement remise en cause
car elle oblige les états à s’endetter et, pour sauver les
banques, accule les peuples à payer la crise que celles-
ci ont elles-mêmes provoquée.
