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Venezuela : d’avril 2002 à avril 2013,
l’opposition multiplie les coups de force contre
la Révolution Bolivarienne
Au Venezuela, l’opposition de droite a bien du mal à jouer le jeu démocratique et emploie tous
les moyens pour mettre fin à l’expérience bolivarienne qui, depuis 15 ans, transforme profon-
dément le pays¹. On se souvient du Coup d’État d’avril 2002 qui destitua Hugo Chávez et mit
provisoirement au pouvoir le président de l´organisation patronale. Ce putsch – qui se solda
par des dizaines de morts et de blessés- échoua et il ne fallut que deux jours au peuple des bar-
rios et aux militaires loyalistes pour rétablir à son poste le président élu.
Mais il marqua le début d’une série de tentatives de internationaux, axa sa campagne sur la mise en cause DOSSIER
déstabilisation du gouvernement, pourtant fortement de l’impartialité du Conseil National Electoral (CNE), la
légitimé par une succession inédite de victoires élec- dénonciation d’une future fraude électorale et la dia-
torales. bolisation du chavisme.
Toujours appuyés par des campagnes médiatiques na- Le 14 avril, les Vénézuéliens manifestaient leur fidélité
tionales et internationales et orchestrés par les partis à la mémoire du président Chávez et à la « révolution
de droite et les puissances économiques privées, les bolivarienne » en élisant Maduro avec une courte ma-
mauvais coups pleuvent : « lock out » patronal pétrolier jorité de 50,75 % des voix. Capriles, crédité de 48,98 %,
et sabotage industriel en 2002/2003, boycott des élec- refuse alors de reconnaître sa défaite malgré une dif-
tions parlementaires en 2005, rumeurs et calomnies férence de 262 473 voix en faveur de son adversaire.
à chaque épisode électoral, accaparement d’aliments Pourtant, tous les observateurs internationaux, de
de base et organisation de pénuries, intimidation et l’Union des nations sud-américaines, de l’Union intera-
assassinats de dirigeants paysans… Toutes ces métho- méricaine des organismes électoraux, du Marché com-
des pas très propres ne sont pas sans rappeler celles mun du sud et du Centre Carter, insisteront, comme
qui ont mené au Coup d’Etat de Pinochet en 1973. à chaque scrutin, sur la transparence des élections et
Depuis l´élection présidentielle de 2006 et la tenue en valideront le résultat.
2007 du référendum révocatoire, on aurait pu croire L’ex-président des Etats-Unis, Jimmy Carter, a d’ailleurs
que l´opposition avait admis que sa seule chance d’ac- déclaré à plusieurs reprises que le comptage électroni-
céder au pouvoir était la voie électorale. Les derniers que des votes en vigueur au Venezuela est le plus sûr
évènements ont montré qu’il n’en est rien : la MUD au monde. Même le principal quotidien d’opposition,
(Table d’Unité Démocratique, coalition de droite ayant El Nacional, avait démenti le 13 avril les rumeurs de
soutenu la candidature de Henrique Capriles contre « trucage » du système électronique.
Hugo Chávez en octobre 2012 puis contre Nicolás Ma- Y compris les membres de l’opposition désignés pour
duro en avril 2013) n’a pas hésité à recourir à la force superviser les bureaux de vote ont tous reconnu la lé-
pour essayer d’obtenir ce que les urnes lui refusent. gitimité des résultats.
Après sa victoire d’octobre, Chávez avait déclaré : « pour- Qu’importe ! Refusant le verdict, et criant à la fraude,
vu qu´après cette élection, l´opposition entre dans un pro- Capriles - réélu gouverneur de l’Etat de Miranda en
cessus de révision et offre au Venezuela ce dont nous avons décembre 2012 avec le même procédé électoral et un
besoin : une opposition sérieuse et responsable avec qui nous score de 52 %, donc guère plus élevé que celui qu’il
pourrions débattre² » : l’expérience vient de montrer que conteste en avril- réclame avec véhémence devant les
ce vœu est loin de se réaliser ! caméras un recomptage de tous les votes alors que
le recomptage manuel de 54 % des votes, prévu par
14 avril 2013 : un candidat mauvais perdant la loi, a déjà été fait sans que ne soit détectée aucune
Cinq jours avant la nouvelle élection présidentielle, anomalie majeure. Et surtout, négligeant d’utiliser les
suite au décès de Chávez, Capriles déclarait : « je ne suis voies de recours légales, il appelle ses partisans à « li-
pas le même que le 7 octobre, je défendrai les votes ». Le bérer leur rage » !
président de l’Assemblée Nationale dénonçait alors les
intentions de l’opposition de contester les résultats 15 et 16 avril 2013 : vague de violence
électoraux et trois députés de droite retiraient leur ap- anti-chaviste au Venezuela
pui à Capriles en révélant l’existence d’un plan destiné
à ouvrir une période de violence dans le pays. Comme Des militants du candidat évincé et des groupes néo-
lors des campagnes électorales précédentes, mais avec fascistes obéissent à son appel et tentent de reprodui-
une virulence accrue par l’espoir que la disparition du re le scénario du coup d’État d’avril 2002, déchaînant
leader bolivarien faciliterait sa victoire, l’opposition, leur haine dans les rues de Caracas et autres villes du
avec la participation active des médias nationaux et pays.
¹ Voir FAL MAG 111, Dossier « Venezuela : les défis du peuple bolivarien ». 11
² Voir FAL MAG 111, p.13/ 14 : « Cherche opposition démocratique de toute ur-
gence » de Romain Migus.