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risent, répond à une politique qui prive le peuple
haïtien de sa citoyenneté, ses services publics, ses
terres et ses ressources naturelles.
La signature, par le gouvernement Bellerive, des
Accord de Partenariat Économique (APE) CARIFO-
RUM/Union Européenne, met en péril le secteur
agricole et la souveraineté alimentaire du pays,
au profit des multinationales européennes.
Haïti, en tant que «Pays Moins Avancé (PMA)»,
avait bénéficié, dans le cadre des Conventions de
Lomé, du mécanisme «Tout Sauf les Armes (TSA)»,
qui lui permettait d’exporter toutes ses produc-
tions vers l’Europe à des tarifs préférentiels, sans
que les exportations vers Haïti soient taxées sui-
vant le même principe. En dépit de ce mécanisme,
les exportations d’Haïti n’ont pas crû. Au contrai-
re, on a pu constater un net recul des échanges
entre ce pays et l’Union Européenne, et la balance
commerciale d’Haïti reste négative.
Comment peut-on prétendre qu’Haïti va sortir ga-
gnant d’un régime commercial réciproque alors
que le régime préférentiel ne lui a pas bénéficié?
Comment peut-on concilier les intérêts des gran-
des multinationales capitalistes de l’Europe avec
les intérêts du peuple haïtien qui, pendant long-
temps, a subi les conséquences des politiques
néolibérales imposées par les institutions finan-
cières internationales avec la complicité active de
l’Union Européenne?
Ces accords sont une bombe à retardement pour
le développement économique et social du pays,
en particulier pour les secteurs productifs. De la
même manière que les Programmes d’Ajustement
Structurel ont balayé les services de base tels que
les soins de santé et l’éducation, et liquidé à des
prix dérisoires les entreprises d’État, les APE vont
anéantir les petits paysans, qui se tourneront vers
les entreprises de sous-traitance pour des salaires
de misère. Ces accords vont étouffer toute initia-
tive visant à faire émerger de petites et moyennes
entreprises nationales qui pourraient assurer des
emplois durables dans le pays.
Haïti n’a pas plus besoin de ces accords que de
troupes militaires, ni de la MINUSTAH ni d’aucun
autre pays.
Haïti a besoin de se débarrasser de ceux qui la
dominent. Haïti a besoin de médecins, d’agents
sanitaires, d’éducateurs, d’ingénieurs, de techni-
ciens, au service de la reconstruction que le peu-
ple réclame. Ce peuple qui, 200 ans exactement
avant l’installation des troupes de la MINUSTAH,
avait été le premier à se libérer du joug des puis-
sances impérialistes...
Ce peuple, historiquement décimé, conserve ce-
pendant la dignité d’être le premier pays libre et
anti-esclavagiste des Amériques.
C’est le sens qui a été donné à la journée du 1er
Juin 2013 par les Mouvements sociaux du FSM de
Tunis qui ont travaillé lors de cet atelier sur Haïti.
Ils ont appelé à faire de cette journée un moment
fort pour exiger :
- le retrait immédiat de la MINUSTAH et de toutes
les troupes étrangères du territoire haïtien;
- la fin de l’occupation économique et du pillage,
y compris la suppression des accords de libre-
échange économique;
- la reconnaissance des crimes commis par la MI-
NUSTAH, notamment l’introduction du choléra;
- la punition des responsables et l’indemnisation
des victimes;
- la restauration et la réparation de la dette his-
torique, financière, sociale et écologique due au
peuple d’Haïti;
- une politique de coopération internationale
réelle qui respecte les droits, la souveraineté et
l’autodétermination du peuple, comme l’ont ré-
clamé, le 22 mars 2013, 40 000 paysans, à l’appel
de leur organisation syndicale, le Mouvement
Paysan Papaye (MPP).
Lors de la rencontre des pays de l’ALBA, en mai
2013, il a été retenu, outre la journée du 1er juin,
celles du 1er au 15 octobre, en solidarité avec les
victimes du tremblement de terre du 12 janvier
2010 vivant encore dans des camps, pour leur
droit à un logement décent.
Le peuple haïtien a besoin de la reconnaissance
de sa dignité, de son potentiel et de son droit à
l’autodétermination, comme tous les peuples.
Fabien COHEN
Secrétaire général de FAL