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EDITORIAL

          Amérique latine : pendant la fête du foot, la lutte continue...

L’Amérique latine est en fête en cette fin juin : elle accueille, au Brésil, la coupe du monde de
football. Elle espère bien la conserver, grâce au talent d’une des équipes latino américaines,
admirées par des millions de téléspectateurs, parmi lesquels sûrement nombre de lecteurs de
FAL MAG.
Mais l’Amérique latine était aussi en feu : cela s’est passé le 12 avril dernier à Valparaíso (Chili),
ville classée au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Un énorme élan de solidarité
se poursuit dans le pays, dans tout le continent, comme aussi en France. Une catastrophe « na-
turelle » qui est révélatrice, ici comme ailleurs, des grandes inégalités sociales et territoriales
produites par le « modèle » économique libéral.
C’est pourquoi, France Amérique Latine, lors de son assemblée générale de Lyon, a rappelé
son entière solidarité avec tous les peuples latino-américains qui, depuis des décennies et sin-
gulièrement depuis le début de la rébellion zapatiste du Chiapas en 1994, se mobilisent pour
construire un autre monde possible.
C’est vrai de celles et ceux qui au Brésil considèrent que « la Coupe est pleine », et que le niveau
de dépenses pour le Mondial, se fait au détriment de la satisfaction des besoins de la popula-
tion et particulièrement des secteurs les plus pauvres.
C’est vrai au Pérou, où nous sommes résolument aux côtés du peuple de la région de Caja-
marca, qui refuse le choix de l’Or contre celui de l’Eau et de la Vie, aux côtés de Maxima Chaupe,
harcelée avec sa famille parce qu’elle ose résister à une multinationale étasunienne. FAL appor-
tera début août, sur place, sa solidarité, lors de la rencontre internationale des gardiens des lacs
de Cajamarca.
C’est vrai encore de notre détermination à ne pas laisser les États-Unis et l’Europe mener à
bien leur projet de Grand Marché Transatlantique (TAFTA). Nous savons combien, en Amérique
latine, ces accords de libre échange ont asservi les peuples de la région, privatisé les services
publics et appauvri les citoyens.
Les processus qui ont permis la construction de nouvelles souverainetés nationales-populaires
et de nouvelles intégrations régionales politiques, culturelles et économiques, sans les États-
Unis, avec la création de l’ALBA, de l’UNASUR et de la CELAC provoquent la colère de la droite
latino-américaine, comme celle de leurs soutiens étasuniens. Les Coups d’État au Honduras
comme au Paraguay, associés aux violentes mobilisations de l’opposition néolibérale au Ve-
nezuela depuis la disparition du président Chávez, sont l’expression d’un acharnement à re-
prendre le contrôle de la région. En effet, tout recul important dans ce pays aurait des effets
collatéraux immédiats dans toute l’Amérique latine et la Caraïbe.
Dans un tel contexte, FAL est décidé à combattre toute simplification à l’extrême de notre com-
préhension des conflits latino-américains, à favoriser une lecture dialectique de la situation et
à renforcer, par notre solidarité active, les liens entre les peuples pour les aider à approfondir
leurs révolutions et conquêtes sociales.

                                                                                                    Fabien Cohen
                                                                                       Secrétaire général de FAL
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