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dinaire ou pour l’auditeur lambda de connaître           de Washington » : il s’agit de la députée d’oppo-
les importantes mobilisations de soutien au              sition, María Corina Machado, de Laurent Saleh,
gouvernement ou l’appui à la démocratie véné-            leader « étudiant » qui a terminé ses études de-
zuélienne de la part de tous les organismes re-          puis longtemps, et du dirigeant du parti Volun-
groupant les états d’Amérique latine. Il ignorera        tad Popular, Leopoldo López.
également que les prétendues « protestations             Ceci établi, peut-on parler d’un « Coup d’État
pacifiques massives » ont tourné aux combats             lent », ou d’une reproduction du putsch d’avril
de rue, qu’elles se limitent à 9 municipalités sur       2002, comme le font de nombreux analystes
les 335 que compte le pays, essentiellement les          proches du régime ? Rien n’est moins sûr car les
états proches de la Colombie et les quartiers            rapports de force ont changé et les risques de
cossus tenus par des maires d’opposition. Il ne          putsch sont désormais mieux maîtrisés : les For-
saura pas que le calme règne dans l’immense              ces Armées soutiennent le gouvernement, les
majorité du territoire national, notamment dans          organisations patronales ne font plus le choix de
les « barrios » populaires.                              la violence, le chavisme est devenue un courant
                                                         politique puissant et structuré autour du Parti
      L’opposition : des stratégies différentes          Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) ; enfin, même
                 mais un but commun                      si l’immense majorité des médias nationaux est
                                                         au service de l’opposition, le gouvernement dis-
Après la disparition d’Hugo Chávez, la bourgeoi-         pose de plusieurs relais médiatiques importants
sie et ses formations politiques ont pensé que le        (chaînes de télévision publiques ou communau-
moment était venu d’en finir avec la révolution          taires, journaux favorables au processus).
bolivarienne et de récupérer le contrôle total de        Le plus inquiétant dans ce mouvement, n’est-ce
la rente pétrolière.                                     pas plutôt la combinaison des méthodes appa-
Cet espoir s’est ravivé en avril 2013 face à la vic-     remment antagoniques des deux secteurs de
toire très serrée de Nicolás Maduro mais les 10          la droite, chacun remplissant son rôle : la droite
points d’avance du camp bolivarien aux élec-             « dure » dirige l’action sur les « guarimbas » et
tions municipales de décembre ont renvoyé                privilégie l’insurrection violente en lien avec le
à un futur très hypothétique la perspective de           terrorisme paramilitaire pour acculer le gouver-
reprendre les commandes institutionnelles du             nement tandis que la droite apparemment plus
pays.                                                    légaliste et conciliatrice s’emploie à détruire les
Les différents secteurs de la droite vénézuélien-        acquis de la Révolution Bolivarienne par l’obten-
ne sont d’accord sur l’objectif mais divisés quant       tion de concessions et d’une coalition entre des
à la stratégie à suivre.                                 secteurs bourgeois et des membres de la caste
D’un côté, Henrique Capriles Radonsky, le can-           bureaucratique qui s’est constituée tout au long
didat unique de la MUD (Table de l’Unité Démo-           du processus bolivarien.
cratique) aux présidentielles d’octobre 2012 et           Quelle réponse face à l’ampleur de l’offensive?
avril 2013, et le COPEI (Comité d’Organisation           Depuis le début de son mandat, le président Ma-
Politique Electorale Indépendante, parti social-         duro a pris des mesures positives pour tenter de
chrétien), affirment que tout changement poli-           lutter contre l’insécurité, résoudre les difficultés
tique doit passer par les élections et privilégient      économiques qu’affronte le pays et protéger le
désormais la voie du dialogue. Cela n’a pas tou-         pouvoir d’achat des classes populaires : « loi des
jours été le cas, car Capriles avait activement par-     prix justes », hausse du salaire minimum et des
ticipé au Coup d’État de 2002 et, en avril 2013, il      pensions, lutte contre la détention d’armes, la
a appelé ses partisans à contester dans la rue le        spéculation, la contrebande et l’accaparement
résultat des urnes.                                      des denrées alimentaires. Mais nombreux sont
De l’autre, l’opposition la plus radicale n’est pas      les Vénézuéliens favorables au chavisme qui es-
prête à attendre les élections législatives de dé-       timent que ces mesures ne sont pas suffisantes
cembre 2015 ni le référendum révocatoire pos-            pour défendre et approfondir les conquêtes so-
sible en 2016 conformément à la Constitution :           ciales des dernières années.
elle a donc a choisi de créer un climat semi-in-         Lors de la Conférence pour la Paix, organisée par
surrectionnel et a appelé à « incendier la rue »         le gouvernement et boycottée par l’opposition,
pour renverser le gouvernement.                          les organisations patronales ont certes condam-
Les figures emblématiques du mouvement qui               né la violence dans les rues, se démarquant ainsi
secoue le Venezuela depuis février sont issues
de la grande bourgeoisie nationale et en lien
étroit avec la droite colombienne et les « faucons
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